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A Brazzaville, les ONG dénoncent les pratiques des policiers, le procureur les défend


Les forces de police à Brazzaville, le 23 juin 2002.
Les forces de police à Brazzaville, le 23 juin 2002.

Les organisations congolaises des droits humains profitent de la célébration de la journée internationale des droits de l’Homme pour dénoncer les mauvaises conditions de détention dans les maisons d’arrêt et à la police. Alors qu’elles demandent aux autorités de faire changer cette situation, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Brazzaville défend la police.

"La police c’est comme la porte de votre maison. La police c’est un mal nécessaire. Vous aurez beau critiquer la police, mais vous perdez votre temps. Il y a problèmes réels, mais il ne faut pas déborder", soutient Oko Ngakala.

Le magistrat a organisé une visite dans les commissariats de police de Brazzaville et affirme n’avoir vu "rien de grave". Ainsi, pour lui, ceux qui critiquent la police passent leur temps. "Mais qui est-ce qui vous sécurise ? C’est la même police que vous critiquez. Ne débordez pas", prévient-il le procureur de la République.

Il ressort de plusieurs rapports des ONG locaux travaillant dans le milieu carcéral, que les conditions de détention dans les maisons d’arrêt ou dans les commissariats de police sont inhumaines. Ces rapports sont étayés par les témoignages d’anciens prisonniers.

"Il y a trop de chaleur. De manière générale, les détenus sont très mal nourris journalièrement. Comment quelqu’un peut manger un petit morceau de poulet un bol de riz ? Vraiment, c’est déplorable", dénonce un détenu qui a passé six mois à la maison d’arrêt de Brazzaville.

"Il y a des citoyens qui sont enfermés et qui ne voient la lumière que vers midi. En dehors de ça, ils n’ont pas accès à la lumière. Pour leur donner de la nourriture, ils tâtonnent pour retrouver de quoi manger", témoin un autre, détenu pendant 48 heures au commissariat de police de la Coupole à Poto Poto.

Cet ancien détenu révèle aussi que la police a installé dans les cellules une sorte de banditisme pour brimer les nouveaux. "Ils ont essayé avec moi, mais j’ai résisté", affirme-t-il.

Les organisations des droits de l’homme ne cessent d’attirer l’attention des autorités pour améliorer la situation des détenus. Georges Nguila, le directeur exécutif de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH), estime que les juges ont une grande responsabilité de cette affaire.

"Aujourd’hui la maison d’arrêt est pleine et que les juges d’instruction, les procureurs envoient ces gens dans les commissariats au point où ces lieux sont bondés et on a l’impression que ce sont les commissaires qui le font. Or, ce sont les magistrats qui ont oubliés leurs prisonniers là-bas. C’est tout le monde qui participe à cette situation", constate Georges Nguila.

Pour Trésor Nzila Kendet, directeur exécutif du Centre d’action pour le développement (CAD), les autorités bouchent leurs oreilles face à leurs appels répétitifs.

"Ca bouge très timidement. Nous avons l’impression de n’être pas écoutés, sinon très peu. Les propositions ne manquent pas, mais le sentiment qui se dégage, c’est que la situation se dégrade de plus en plus", affirme le directeur du CAD.

Le procureur de la République, André Oko Ngakala lui ne cache pas son soutien à la police. A l’occasion de la célébration, aujourd’hui, de la journée internationale des droits de l’homme, l’OCDH appelle le président de la République à élargir certains prisonniers pour faire de la place dans les lieux de détention.

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