Droits humains
A Brazzaville, les ONG dénoncent les pratiques des policiers, le procureur les défend

Les organisations congolaises des droits humains profitent de la célébration de la journée internationale des droits de l’Homme pour dénoncer les mauvaises conditions de détention dans les maisons d’arrêt et à la police. Alors qu’elles demandent aux autorités de faire changer cette situation, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Brazzaville défend la police.
"La police c’est comme la porte de votre maison. La police c’est un mal nécessaire. Vous aurez beau critiquer la police, mais vous perdez votre temps. Il y a problèmes réels, mais il ne faut pas déborder", soutient Oko Ngakala.
Le magistrat a organisé une visite dans les commissariats de police de Brazzaville et affirme n’avoir vu "rien de grave". Ainsi, pour lui, ceux qui critiquent la police passent leur temps. "Mais qui est-ce qui vous sécurise ? C’est la même police que vous critiquez. Ne débordez pas", prévient-il le procureur de la République.
Il ressort de plusieurs rapports des ONG locaux travaillant dans le milieu carcéral, que les conditions de détention dans les maisons d’arrêt ou dans les commissariats de police sont inhumaines. Ces rapports sont étayés par les témoignages d’anciens prisonniers.
"Il y a trop de chaleur. De manière générale, les détenus sont très mal nourris journalièrement. Comment quelqu’un peut manger un petit morceau de poulet un bol de riz ? Vraiment, c’est déplorable", dénonce un détenu qui a passé six mois à la maison d’arrêt de Brazzaville.
"Il y a des citoyens qui sont enfermés et qui ne voient la lumière que vers midi. En dehors de ça, ils n’ont pas accès à la lumière. Pour leur donner de la nourriture, ils tâtonnent pour retrouver de quoi manger", témoin un autre, détenu pendant 48 heures au commissariat de police de la Coupole à Poto Poto.
Cet ancien détenu révèle aussi que la police a installé dans les cellules une sorte de banditisme pour brimer les nouveaux. "Ils ont essayé avec moi, mais j’ai résisté", affirme-t-il.
Les organisations des droits de l’homme ne cessent d’attirer l’attention des autorités pour améliorer la situation des détenus. Georges Nguila, le directeur exécutif de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH), estime que les juges ont une grande responsabilité de cette affaire.
"Aujourd’hui la maison d’arrêt est pleine et que les juges d’instruction, les procureurs envoient ces gens dans les commissariats au point où ces lieux sont bondés et on a l’impression que ce sont les commissaires qui le font. Or, ce sont les magistrats qui ont oubliés leurs prisonniers là-bas. C’est tout le monde qui participe à cette situation", constate Georges Nguila.
Pour Trésor Nzila Kendet, directeur exécutif du Centre d’action pour le développement (CAD), les autorités bouchent leurs oreilles face à leurs appels répétitifs.
"Ca bouge très timidement. Nous avons l’impression de n’être pas écoutés, sinon très peu. Les propositions ne manquent pas, mais le sentiment qui se dégage, c’est que la situation se dégrade de plus en plus", affirme le directeur du CAD.
Le procureur de la République, André Oko Ngakala lui ne cache pas son soutien à la police. A l’occasion de la célébration, aujourd’hui, de la journée internationale des droits de l’homme, l’OCDH appelle le président de la République à élargir certains prisonniers pour faire de la place dans les lieux de détention.
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Malawi: raids policiers contre des réfugiés des Grands Lacs

Des centaines de Rwandais, Burundais et Congolais, dont certains tenaient des commerces illégaux, ont été arrêtés à Lilongwe après avoir refusé de retourner dans un camp de réfugiés, a-t-on appris jeudi auprès des autorités du Malawi.
Le ministère de la Sécurité intérieure a précisé que 408 réfugiés et demandeurs d'asile, y compris des enfants, ont été interpelés dans le cadre d'une opération policière lancée mercredi au petit matin dans plusieurs townships de la capitale.
Ces arrestations interviennent deux mois après un ultimatum lancé par le gouvernement pour que ces réfugiés retournent au camp surpeuplé de Dzaleka, à quelque 40 km de Lilongwe.
"Le délai accordé avait expiré", a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère, Patrick Botha. "Nous avions indiqué que si ces personnes ne se déplaçaient pas, la police serait appelée à intervenir pour les y obliger".
La plupart des réfugiés et des demandeurs d'asile au Malawi viennent de la République démocratique du Congo (RDC), troublée par des conflits et violences, ainsi que du Rwanda et du Burundi.
Un représentant de la communauté burundaise de Lilongwe, Bantubino Leopold, s'est dit "surpris" par ces raids, le gouvernement s'étant engagé à protéger les réfugiés.
"Nous avons un accord [...] qui permet aux réfugiés qui peuvent se débrouiller seuls de gérer des entreprises dans le pays, afin qu'ils ne dépendent pas de l'aumône", a déclaré M. Leopold à l'AFP, alors que le gouvernement accuse certains des interpelés de gérer des commerces sans autorisation.
Ces arrestations sont une "violation flagrante du droit international des réfugiés" et favorisent "un environnement de peur et d'incertitude" pour les personnes concernées, a dénoncé la Coalition des défenseurs des droits de l'homme du Malawi.
Le Malawi accueille près de 70.000 réfugiés et demandeurs d'asile, selon l'agence onusienne pour les réfugiés (HCR). La plupart vivent à Dzaleka, camp de réfugiés créé en 1994 pour en accueillir environ 12.000, mais qui en compte plus de 56.000 selon le HCR.
- Eric Manirakiza