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Les médias américains portés par un effet Trump, malgré ses attaques


Le candidat républicain à la présidentielle, l'homme d'affaires Donald Trump entre dans la salle de débat pendant le débat présidentiel républicain parrainé par CNN.
Le candidat républicain à la présidentielle, l'homme d'affaires Donald Trump entre dans la salle de débat pendant le débat présidentiel républicain parrainé par CNN.

Audience doublée pour CNN, des centaines de milliers d'abonnés supplémentaires pour le New York Times, les grands médias nationaux américains bénéficient d'un effet Trump malgré les attaques du nouveau président, qui cherche à les discréditer.

Presse écrite, radio, télévision, tous étaient déjà en phase d'accélération durant la campagne. Ils ont passé la seconde lors de l'élection et viennent d'enclencher la troisième avec ces premiers jours de présidence ébouriffants.

Lors de la semaine de l'investiture, la chaîne d'informations en continu CNN a vu son audience moyenne quasiment doubler (+94%), quelques jours après avoir été qualifié d'organe de "fausses informations" par Donald Trump.

Régulièrement critiqué par le président depuis le début de sa campagne, le New York Times a gagné près de 300.000 abonnés numériques entre fin septembre et fin décembre, soit un bond de 19% en trois mois seulement. Il ne donne pas de chiffre d'évolution pour la version papier.

Quant à la radio publique NPR, l'audience de son émission d'information "All Things Considered" a bondi de 20% en novembre, selon les derniers chiffres disponibles communiqués à l'AFP.

Et la flambée touche tous les médias nationaux, y compris conservateurs. Fox News est ainsi actuellement la première chaîne du câble (hors chaînes à option comme HBO), devant l'empire du sport ESPN, du jamais vu.

Les pics d'audience vont et viennent au gré de l'actualité en télévision et en radio, mais dans le cas des sites d'information payants, l'augmentation des abonnements est capitale pour un modèle qui se cherche encore.

Responsable du cabinet spécialisé Borrell Associates, Gordon Borrell dresse un parallèle avec l'assassinat de John F. Kennedy en novembre 1963.

"A ce moment-là, la télévision et les informations télévisées sont devenues importantes", souligne-t-il.

"L'élection de Donald Trump est un moment phare pour l'information payante en ligne", dit-il. "Les gens veulent de l'information qui leur offre une perspective".

Le mouvement ne se transmet pas, en revanche, au papier, dont le déclin se poursuit.

"Quel décret a signé Donald Trump aujourd'hui? Qu'est-ce que cela veut dire? Qu'en dit-on? Je ne vais pas attendre que le journal (papier) arrive demain", appuie Gordon Borrell.

S'ils sont moins identifiés avec l'actualité nationale, les titres locaux et régionaux semblent bénéficier également de cet élan.

Interrogé par l'AFP, le Seattle Times indique avoir enregistré une hausse du trafic internet et des abonnements.

"Nous sommes satisfaits de voir une vague de soutien pour le journalisme indépendant alors que la presse est sous le feu des projecteurs", commente une porte-parole du quotidien du nord-ouest des Etats-Unis.

Même son de cloche au Minneapolis Star-Tribune qui, outre les abonnements en ligne et le trafic sur internet, dit avoir même constaté une hausse des ventes papier.

"Nous observons qu'il y a un fort désir des gens d'aller aux faits, à la vérité et de se tourner vers ce qu'ils savent être de bonnes références et des sources crédibles", explique Dan Schaub, directeur du développement de l'audience au sein du groupe de presse McClatchy.

Il dit lui aussi avoir constaté une accélération dans l'ensemble des titres du groupe, qui comprend des dizaines de journaux tels le Charlotte Observer ou le Miami Herald.

Aucun de ceux ayant bénéficié de l'embellie ne donne d'indication sur l'âge des nouvelles recrues. Or, pour la presse, une bonne partie de l'enjeu se situe sur les jeunes générations.

Des étudiants interrogés à l'université Hunter College de New York font état d'un intérêt accru pour l'information avec la campagne et l'élection, mais pas au point de payer pour y accéder.

Ils disent se tourner, presque tous, vers des médias généralistes nationaux dans lesquels ils voient des sources fiables, mais se cantonnent au contenu gratuit, citant souvent CNN ou NPR.

"Pour l'instant, je suis étudiant et je ne veux pas payer", explique Jason Tannen, étudiant et grand amateur de la radio publique.

Quel que soit leur âge, Gordon Borrell ne voit pas cette vague d'abonnés refluer d'ici quelques semaines ou mois.

"Il y aura peut-être une petite baisse", dit-il, "mais pour l'essentiel, les gens ne veulent pas se couper de leur source d'information quand les choses se calment."

Avec AFP

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