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Les jeunes se servent du Slam pour dénoncer des maux au Congo-Brazzaville


Photo d'illustration
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Au Congo-Brazzaville, les jeunes utilisent le slam, un genre littéraire similaire à la poésie, pour dénoncer des maux dont souffre la société. Nombre d’entre eux n’hésitent pas à s’inspirer des faits politiques de ces dernières années pour dire leur agacement.

"Ouf! Saches qu’ici les choses vont de mal en pis, de méritocratie en pis et c’est interdit de le dire et prohibé de l’écrire. Bachelier, je pensais que les portes devaient s’ouvrir, mais en réalité, c’est maintenant que je vais souffrir. Monsieur le recteur, réalisez-vous dans quel état se trouve l’université?", tonne le slameur Black Panthère.

Reportage d'Arsène Séverin, correspondant à Brazzaville pour VOA Afrique
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C’est depuis les événements liés en 2015 au changement de la Constitution que ces slams sont de plus en plus déclamés au Congo. Avec plus de rythme, de textes engagés et intelligents, les slams sont devenus la nouvelle arme de communication pour une bonne partie de la jeunesse congolaise.

Inscrit en Master II d’Economie, le slameur Paterne Bouanga Kaba, connu sous le prête-nom de Black Panthère a écrit une lettre au recteur de l’université Marien Ngouabi, lui demandant d’humaniser les conditions d’études dans cet établissement public.

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Le slameur Black Panthère a écrit une lettre au recteur de l'université à Brazzaville, le 30 mai 2018. (VOA/Arsène Séverin)
Le slameur Black Panthère a écrit une lettre au recteur de l'université à Brazzaville, le 30 mai 2018. (VOA/Arsène Séverin)

"Dans le milieu des étudiants, les gens pensent que j’ai un peu été leur porte-parole. Récemment, j’étais à la bibliothèque universitaire, un étudiant m’a interpellé, me disant que la lettre au recteur était la sonnerie de son téléphone. Cela m’a touché, ça montre à quel point il a été marqué par ce texte, parce que ce sont des réalités qu’il vit au quotidien à l’université", témoigne Black Panthère.

Plus direct, et allant puiser son inspiration dans l’écosystème politique, Guerschom Gobouang dit Guer2mo n’hésite pas à aller ressusciter l’affaire des disparus du beach.

Guerschom Gobouang, un slameur engagé à Brazzaville, le 30 mai 2018. (VOA/Arsène Séverin)
Guerschom Gobouang, un slameur engagé à Brazzaville, le 30 mai 2018. (VOA/Arsène Séverin)

Pour cet artiste, "la seule façon de montrer qu’il n’y a pas eu disparu, c’est de les présenter à leurs parents".

"Autour d’elle les musiques se kiffent et se critiquent, même les discours de…Hô bâtisseur infatigable, tu veux t’éterniser au pouvoir et nous, on est pour l’alternance. Donc viens qu’on boive une bière et qu’on en parle…Que la seule manière de prouver qu’il n’y a pas eu les disparus du beach, c’est de les voir apparaître. Lazare, sors de ce fleuve", déclame Guer2mo.

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Mariusca Moukengue, une Slameuse sur scène à Brazzaville, le 30 mai 2018. (VOA/Arsène Séverin)
Mariusca Moukengue, une Slameuse sur scène à Brazzaville, le 30 mai 2018. (VOA/Arsène Séverin)

Mariusca Moukengue est l’étoile montante du slam congolais. Agée d’une vingtaine d’années environ, elle voyage de capitale en capitale, en Afrique, pour montrer à la jeunesse cette nouvelle arme d’expression.

"Je mets les gens face au miroir. Inévitablement, chaque fois qu’on prend le micro pour déclamer un texte qui touche directement la misère de la société, l’amour, ou un texte irréel, je pense qu’il y a toujours une dose de l’engagement", note Mariusca.

Le vice-coordonnateur du mouvement le Ras-le-bol, Charlin Kinouani estime même que ces jeunes n’ont de différent entre eux que la scène de déclamation de leurs slams.

"Nous les appelons d’ailleurs les ralbolistes. D’une autre manière, sur les scènes artistiques, ces jeunes combattent les maux qui minent la société. D’ailleurs, je vais signifier que le mouvement Ras-le-bol est créé par les grands slameurs de ce pays dont Ludovic Ngoni qui était le lauréat 2013 du slam", révèle Charlin Kinouani.

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Le critique littéraire Florent Sogni Zaou, président du PEN Brazzaville, le 30 mai 2018. (VOA/Arsène Séverin)
Le critique littéraire Florent Sogni Zaou, président du PEN Brazzaville, le 30 mai 2018. (VOA/Arsène Séverin)

Pour le critique littéraire Florent Soni Zaou, président du PEN Centre Congo-Brazzaville, ces jeunes artistes, qu’on ne peut pas facilement classer dans les genres littéraires, s’inspirent des faits de la société, et finissent bien souvent dans les mouvements de contestation.

"L’écrivain ne vient pas d’une autre planète, et la première source d’inspiration du slameur, c’est la société. Il écrit des textes tellement engagés qu’il est obligé de les déclamer avec violence", souligne le président du PEN.

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