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Les femmes de l'Est de la Libye interdites de voyager seules à l'étranger


Femmes manifestant à Tripoli, en Libye, le 17 février 2015.
Femmes manifestant à Tripoli, en Libye, le 17 février 2015.

Les autorités qui contrôlent l'est de la Libye ont décidé d'interdire aux femmes de moins de 60 ans de voyager seules à l'étranger. Une mesure qualifée d'"insulte aux femmes libyennes" par l'ex ministre de la justice Salah Marghani.

Pour se rendre dans un autre pays, les femmes de moins de soixante ans devront être accompagnées d'un chaperon masculin, un "mohram". Selon la charia islamique, le "mohram" est le mari ou un homme adulte avec lequel une musulmane ne peut se marier tel qu'un père, un fils ou un frère.

Cette décision n'est motivée ni par la religion ni par la politique, mais "pour la sécurité nationale de la Libye", a affirmé le général Abdelrazek al-Nadhouri, chef d'état-major des forces loyales aux autorités de l'Est et auteur de la mesure, a rapporté lundi l'agence de presse loyale à ces autorités non reconnues internationalement.

"Nous respectons la femme libyenne qui, tant qu'elle est sur le territoire libyen est totalement libre, mais dès qu'elle le quitte nous devons garder les yeux sur elle", a-t-il encore précisé.

"Nous avons eu connaissance de cas où des libyennes ont traité avec des services de renseignements étrangers", a affirmé M. Nadhouri.

Cette décision a suscité une vague de critiques sur les réseaux sociaux en Libye.

"Nous sommes la majorité dans ce pays. Faut-il comprendre que plus de la moitié de la population est prête à trahir la patrie?", a ironisé une chirurgienne libyenne sur Facebook.

"Je suis indigné face à cette insulte aux femmes libyennes. Leur droit de voyager, garanti par Dieu, a été bafoué par la décision du général Nadhouri", a indiqué Salah al-Marghani, ancien ministre de la Justice sur Twitter.

"Sommes-nous en train de dire aux femmes qu'elles peuvent se livrer à des activités d'espionnage tant qu'un mohram les accompagne?", a ironisé un autre internaute.

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, deux autorités politiques se disputent le pouvoir en Libye.

Le gouvernement d'union nationale (GNA), exécutif soutenu par l'ONU est basé à Tripoli, et une autorité rivale qui contrôle une grande partie de l'Est libyen et s'appuie sur le Parlement élu installé à Tobrouk.

Les réactions d'indignation et de colère ont elle fusé de tout le pays. Les Libyens, femmes ou hommes, de l'Est comme de l'Ouest, semblent cette fois tous d'accord contre cette décision.

"Même si je vis à Tripoli, je ne peux qu'être révolté par cette décision", a indiqué à l'AFP Nour-el-Houda Charif, une étudiante de 21 ans.

Avec AFP

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