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Arrestations au Tchad après le rejet de la motion de censure


L'assemblée a annulé sa séance faute de députés, à N'Djemena, Tchad, le 17 novembre 2016. (VOA/André Kodmadjingar)
L'assemblée a annulé sa séance faute de députés, à N'Djemena, Tchad, le 17 novembre 2016. (VOA/André Kodmadjingar)

Le régime d'Idriss Déby Itno au Tchad a désamorcé jeudi l'examen d'une motion de censure déposée par l'opposition ainsi qu'une manifestation dont les forces de l'ordre ont strictement fait observer l'interdiction, dans un pays en proie à une grave crise sociale.

Mahamat Barh Bechir, président du parti RPR membre du FONAC, a été arrêté par la police. Les incidents ont éclaté en fin d'après-midi quand les opposants ont voulu marcher vers le stade Abena après avoir tenu une réunion publique au siège du parti de M. Kebzabo, l'UNDR.

Ils s'étaient repliés dans ce local faute de pouvoir tenir meeting dans le stade, entièrement quadrillé par les forces de l'ordre, avec des policiers et des gendarmes à l'intérieur.

Conformément à l'arrêté interdisant le meeting du FONAC (Front de l'opposition nouvelle pour l'alternance et le changement), le stade municipal du 7e arrondissement de ville de N'Djamena où doit se tenir ce meeting a été pris d'assaut dès 6 heures du matin par les forces de l'ordre.

Quelques militants ont tenté d'entrer au stade. Même les passants sont accueillis par les gaz lacrymogènes. Les résistants ont été interpellés par la police.

Le stade municipal du 7e arrondissement de ville de N'Djamena, Tchad, le 17 novembre 2016. (VOA/André Kodmadjingar)
Le stade municipal du 7e arrondissement de ville de N'Djamena, Tchad, le 17 novembre 2016. (VOA/André Kodmadjingar)

Avant cela, le matin même, les députés de la majorité présidentielle avait boycotté la séance et brillent par leur absence dans la salle selon le correspondant de VOA Afrique sur place.

Sur 175 députés qui compose l'assemblée nationale 44 seulement étaient présents dans la salle, 21 excusés et 110 absences.

Reportage d'André Kodmadjingar, correspondant à N'Djemena pour VOA Afrique
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La demande de motion de censure introduite le 11 octobre dernier par 23 députés contre le gouvernement vise à échanger avec le premier ministre sur plusieurs questions, dont 16 mesures dites d'urgence prise par le gouvernement pour gérer la crise financière et ces effets collatéraux sur la population : fermeture des hôpitaux, des écoles, l'envoi des troupes tchadienne sur des théâtres de guerre à l'extérieur sans l'avis de la représentation nationale, ainsi que la construction de certaines infrastructures donnant lieu à des dérapages financiers énormes.

Des avis opposés

C'est après débat qu'il y aura un vote à bulletin secret pour censurer le gouvernement ou non. Compte tenu de la gravité de la situation et voyant un danger venir un travail de sous marin a été fait.

Des consignes fermes ont été données aux députés de la majorité de boycotter cette séance.

Ali Koloutou Tchaimi, président du groupe parlementaire MPS félicite ces collègues d’avoir respecté le mot d’ordre. "Avant la motion, il y avait eu une interpellation, le délai est trop court et nous avons dit non, ce qui a été réfusé, et nous avons refusé à notre tour", a-t-il déclaré.

Le député de l’UNDR Madtoingué Belelngar, initiateur de cette motion, déplore ce comportement et n’entend pas baisser les bras. "Notre assemblée nationale a montré aux yeux du monde qu'elle a atteint le summum de la déresponsibilisation".

Le but : sanctionner

Selon le règlement intérieur, une autre séance doit être programmée dans les 72 heures. Une réunion doit avoir lieu dans l'après-midi pour fixer le nouvel ordre du jour de l'Assemblée.

Pahimi Padacké Albert, premier ministre, chef du gouvernement à N'Djemena, Tchad, le 17 novembre 2016. (VOA/André Kodmadjingar)
Pahimi Padacké Albert, premier ministre, chef du gouvernement à N'Djemena, Tchad, le 17 novembre 2016. (VOA/André Kodmadjingar)

Les députés d'opposition voulaient sanctionner le gouvernement du Premier ministre Albert Pahimi Padacké pour sa gestion de la grave crise que traverse le pays victime de la chute des cours du pétrole.

L'opposition, réunie dans un Front de l'opposition nationale pour l'alternance et le changement (Fonac), s'apprêtait à tenir un rassemblement public à partir de 15H00 (13H00 GMT).

La veille de l'investiture du président Déby le 8 août pour un cinquième mandat, un jeune homme avait été tué lors d'un rassemblement maintenue par l'opposition malgré son interdiction par les autorités.

L'opposition dénonce tout autant la situation sociale que le régime de fer d'Idriss Déby, dont elle qualifie la réélection en avril de "hold-up électoral".

André Kodmadjingar, à N'Djemena

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