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Les Algériens à nouveau dans la rue, défiant le "climat de répression"


Des policiers dans la ville de Laghouat, en Algérie, le 11 janvier 2012.
Des policiers dans la ville de Laghouat, en Algérie, le 11 janvier 2012.

A deux mois d'une présidentielle contestée, de nombreux Algériens ont défilé à nouveau vendredi contre le pouvoir, défiant un climat de "répression croissante" dénoncé par des ONG, au lendemain d'une nouvelle arrestation d'une figure du mouvement de contestation.

Avant d'être rejoints par le flot des manifestants, de petits groupes étaient sortis dans la rue à Alger avant même la fin de la prière musulmane hebdomadaire, qui a marqué comme d'habitude le coup d'envoi du 34e vendredi consécutif de manifestation du "Hirak", ce mouvement inédit de contestation né le 22 février en Algérie.

Déployée massivement dans le centre d'Alger, à l'instar des précédents vendredis, la police, qui a empêché mardi pour la première fois depuis février les étudiants de manifester, n'est pas intervenue dans l'immédiat.

Des groupes importants de manifestants ont afflué de divers quartiers vers le centre de la capitale, selon les médias en ligne et les réseaux sociaux qui signalent également des cortèges importants dans d'autres villes du pays.

"Oh Gaïd Salah, pas de vote cette année", ont scandé les manifestants, dénonçant une nouvelle fois la présidentielle que le pouvoir, de facto aux mains du haut commandement militaire incarné par le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah- entend organiser à tout prix le 12 décembre.

A deux mois du scrutin destiné à élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika, que la rue a contraint à quitter le pouvoir en avril après 20 ans au pouvoir, les positions des deux camps sont plus que jamais irréconciliables.

- "Je n'ai pas peur" -

Le général Gaïd Salah présente l'élection comme la seule voie de sortie de crise, tandis que la contestation n'y voit qu'un moyen de perpétuation du "système" au pouvoir depuis l'indépendance en 1962.

"On ne rentrera pas chez nous et on ne votera pas tant que les règles du jeu sont dictées par les mêmes figures de la présidence de Bouteflika", assure Samira, 31 ans.

Une grande banderole porte les photos des nombreux militants, journalistes, étudiants ou citoyens appréhendés dans ou en marge des manifestations et placés en détention préventive ces derniers mois.

Plus de 80 personnes ont été placées sous les verrous depuis juin, selon le Comité national de libération des détenus (CNLD) qui réclame la libération des "détenus politiques et d'opinion".

"Emmenez-nous tous en prison, le peuple ne reculera pas", ont crié en choeur les manifestants.

A 68 ans, Akli le répète crânement à l'AFP: "je n'ai pas peur, je marche chaque mardi et vendredi et je suis prêt à continuer (...) S'ils ont assez de place en prison qu'ils nous emprisonnent tous".

- Libertés "gravement menacées" -

Président du Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), association citoyenne très active au sein du "Hirak", Abdelouahab Fersaoui a à son tour été arrêté jeudi lors d'un rassemblement de soutien aux détenus.

"On n'a pas d'autres nouvelles de lui" depuis un coup de téléphone jeudi après-midi durant lequel il a indiqué se trouver dans "un commissariat, mais sans préciser lequel", a indiqué à l'AFP Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des Droits de l'Homme (LADDH).

"Le délai maximum de garde à vue -48 heures- expire samedi et on aura donc plus d'informations. On s'attend tous à un mandat de dépôt" contre lui, a-t-il ajouté.

Il a rappelé que huit militants du RAJ étaient déjà sous les verrous sous des accusations d'atteinte à l'unité nationale, passible de 10 ans de prison, ou d'incitation à un attroupement, passible d'un an de prison.

Amnesty International a dénoncé le "climat de répression qui s'instaure en Algérie" avec la "recrudescence du nombre d'arrestations arbitraires de militants, journalistes, avocats, étudiants ou simples citoyens, en violation flagrante des droits garantis par la Constitution" - liberté d'expression ou le droit de se réunir pacifiquement.

Pour l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme (Obs), partenariat entre la Fédération internationale des droits de l'Homme et l'Organisation mondiale contre la Torture, les libertés d'expression et de manifestation sont "gravement menacées" en Algérie par la "répression croissante" du "Hirak", marquée par une "vague d'arrestations arbitraires".

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