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Le Tchad coupé des réseaux sociaux depuis plus de trois mois


Idriss Deby, président du Tchad, 20 avril 2016.
Idriss Deby, président du Tchad, 20 avril 2016.

Quelques rares internautes du Tchad contournent ce qu’ils pensent être une restriction délibérée des libertés d’expression, en recourant aux applications de sécurité. Ils ont su trouver un détour qui leur permet d’accéder aux réseaux sociaux.

Cette perturbation remonte à février dernier lorsque les élèves de quelques établissements scolaires de la capitale ont lancé des manifestions pour soutenir la jeune lycéenne Zouhoura violée par un groupe des fils de hauts dignitaires de la République.

Pour contenir le mouvement d’humeur, les autorités ont procédé à la coupure des réseaux sociaux alors que le président Idriss Deby lui-même a utilisé le même canal pour condamner cet acte et appeler au calme.

Ensuite, cette perturbation s’est poursuivie pendant la campagne électorale de la présidentielle contestée du 10 avril 2016.

Pire, à quelques jours de l’investiture du président élu, la censure n’est toujours pas levée.

Impossible d’avoir accès à Facebook, twitter, Whatsapp ou encore Viber. Pour les internautes tchadiens cette censure a un fondement politique.

"Le gouvernement fait allusion à la sécurité, mais nous avons été par le passé frappés ici en plein cœur à N’Djamena (NDLR, par des djihadistes), ça n’a pas amené le gouvernement à restreindre l’accès aux réseaux sociaux. Si ce n’est pas lié à la politique… alors qu’on nous dise clairement. A mon avis, le gouvernement craignait que ces réseaux utilisés pour organiser une grande mobilisation des citoyens en vue de contrecarrer ce holdup électoral. Ça ne peut pas avoir un autre lien que politique", se plaint un internaute rencontré sur les rues de la capitale tchadienne.

Pour Daouda, le secrétaire général de l’Association pour la Défense des Droits des consommateurs des libertés d’expression, l’interruption de l’accès aux réseaux sociaux ces derniers mois ne se justifie pas.

"Un opérateur estime qu’utiliser les réseaux sociaux causerait un manque à gagner pour lui. Je ne pense pas que tous les deux ou trois opérateurs qui sont sur place puissent de façon unanime avoir des perturbations sur les réseaux. En plus, les perturbations ne peuvent pas durer pendant deux ou trois mois. Donc, il y a une déduction à faire : c’est que le gouvernement est interpellé. Si le gouvernement répond qu’il n’a pas ordonné la coupure qu’il donne alors des injonctions aux opérateurs de rétablir l’accès puisque les droits des consommateurs sont bafoués", tranche des libertés d’expression.

Le chargé de la communication d’Internet-Gouvernance-Forum au Tchad, Tidjani Mahamat Guinassou estime, de son côté, que le gouvernement a intérêt à clarifier cette situation.

"En matière de la technologie, on peut toujours prendre une mesure et les gens trouveront toujours une possibilité de la contourner. Donc je crois que la meilleure manière, c’est qu’eux aussi utilisent également la technologie pour contrer leurs adversaires que d’empêcher certains à y accéder", soutient M. Guinassou.

Contacté par VOA Afrique, le ministre de la communication qui assure l’intérim de son collègue des postes et des nouvelles technologies refuse de se prononcer sur la question.

Avec notre correspondant André Kodmadjingar à N’Djamena

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