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L'opposition demande un cessez-le-feu immédiat dans les régions anglophones


Le Premier ministre camerounais chez une haute autorité traditionnelle du nord-ouest du Cameroun. (Crédit: Service de communication du Premier ministre)
Le Premier ministre camerounais chez une haute autorité traditionnelle du nord-ouest du Cameroun. (Crédit: Service de communication du Premier ministre)

Au Cameroun, faut-il discuter avec les rebelles anglophones ? En visite à Bamenda, dans la région du Nord-ouest, le Premier ministre, Dion Nguté a assuré que le président Paul Biya est "prêt à dialoguer". Mais les séparatistes ne l’entendent pas de cette oreille.

Les leaders séparatistes anglophones, basés à l’étranger ont été les premiers à faire entendre un son de cloche différent, sur l’annonce de l’ouverture d’un dialogue dans la crise anglophone.

"La seule opinion dans le territoire de l’Ambazonia est sa liberté", explique Lucas Cho Ayaba, leader d’une branche armée de séparatistes en zone anglophone, sur une vidéo publiée vendredi dernier.

Le président Paul Biya est "prêt à dialoguer"
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"Dans la lutte pour notre existence, dans la lutte pour notre survie, il y a une seule option : c’est l’indépendance totale, c’est pour la survie du peuple de l’Ambazonie".

L’Ambazonie est le nom que les séparatistes anglophones ont donné aux deux régions anglophones du Cameroun.

Une initiative pour laquelle le président Biya reste radicalement opposé.

"En tant que chef de l’Etat, il m’a demandé de dire que, la séparation n’est pas à l’ordre du jour mais hormis ce point. Tout autre point peut être discuté", a déclaré Joseph Dion Nguté, Premier ministre, au cours d’une conférence de presse à Bamenda.

"Tout problème politique peut être discuté. Et le chef de l’État est en train d’organiser une rencontre au cours de laquelle, il va discuter de ce problème. Donc ça ne sert à rien que ces jeunes restent cachés dans les brousses et détruisent la communauté comme ils sont en train de le faire".

Des femmes en pleur ont réclamé le retour de la paix en zone anglophone, devant l’émissaire du président Biya. Le Premier ministre a aussi mené de multiples contacts pendant les quatre jours passés à Bamenda.

John Fru Ndi, président du SDF en blanc et Dion Nguté à Bamenda, au Cameroun. (Crédit Service Premier ministre)
John Fru Ndi, président du SDF en blanc et Dion Nguté à Bamenda, au Cameroun. (Crédit Service Premier ministre)

Il a échangé dans la rue avec les commerçants pour les inciter à renouer avec leurs activités, montrant la nécessité du dialogue sur la crise anglophone.

John Fru Ndi, Président du Social Democratic Front, un parti de l’opposition, dont les régions anglophones sont les principaux bastions, a admis le principe de ce dialogue.

Fobin Nchinda Simon, député SDF au sortir de l'audience, avec le Premier ministre explique que son parti a "demandé un cessez-le-feu immédiat".

"Les soldats sont rappelés dans les casernes et les combattants déposent les armes. On relaxe tous les prisonniers de guerre. Nous avons proposé qu’il y ait un médiateur. Nous avons proposé qu’il y ait des observateurs pour vérifier que le processus de la paix suit effectivement son cours".

De nombreuses tentatives infructueuses de résolution de la crise anglophone ont déjà eu lieu depuis novembre 2016. "Le Premier ministre Dion pourrait échouer là d’autres ont échoué avant lui", souligne Dr Sumo Tayo, Enseignant à l’université Yaoundé 1, spécialistes des questions de sécurité.

"Le Premier ministre commence sa mission avec un contre sens majeur. Les préalables de ce dialogue n’ont pas été réunis. Je pense par exemple à la libération des prisonniers dans le cadre de cette crise. Tout ceci me laisse penser qu’on est beaucoup plus dans le cadre d’une visibilité tapageuse, qui accorde plus d’importance aux aspects de formes qu’à la substance".

La crise anglophone a débuté en octobre 2016 par des revendications corporatistes. Depuis fin 2017, dans le Nord-ouest et le Sud-ouest, les groupes armés et les forces de défense et de sécurité s’affrontent, faisant ces vingt derniers mois, 1.850 morts, selon le centre d'analyses géopolitiques, International Crisis Group.

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