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Le polémiste d'extrême droite français Eric Zemmour candidat à la présidentielle


Eric Zemmour s'adresse à des journalistes lors d'une visite à Marseille, dans le sud de la France, le 27 novembre 2021.
Eric Zemmour s'adresse à des journalistes lors d'une visite à Marseille, dans le sud de la France, le 27 novembre 2021.

Après avoir fait durer le suspense pendant des mois, le sulfureux polémiste d'extrême droite Eric Zemmour a annoncé solennellement sa candidature à la présidentielle pour "sauver" la France "en train de disparaître" selon lui, du fait de l'immigration et la mondialisation.

"Il n'est plus temps de réformer la France, mais de la sauver. C'est pourquoi j'ai décidé de me présenter à l'élection présidentielle", a déclaré l'ancien journaliste dans une allocution vidéo diffusée sur sa chaîne Youtube, référence transparente à un célèbre cliché du Général de Gaulle, entrecoupée notamment d'images d'agressions et de violences urbaines.

"Vous avez l'impression de ne plus être dans le pays que vous connaissez", a-t-il dit aux dizaines de milliers de personnes connectées à midi (11 heures GMT) pour l'écouter, égrenant des personnages phare de l'histoire et de la culture françaises, Jeanne d'Arc, De Gaulle, Pascal, Descartes, Molière....

S'adressant à ceux qui sont touchés par un "sentiment de dépossession" de ce "pays que vous cherchez partout avec désespoir, ce pays que vous chérissez et qui est en train de disparaitre", il leur dit avoir "décidé de prendre notre destin en main" et à se libérer de la honte qu'ils peuvent ressentir d'avoir ces idées.

Et de lister les raisons de ce déclin: l'immigration qui "n’est pas la cause de tous nos problèmes même si elle les aggrave tous", la "chimère d'une Europe qui ne sera jamais une nation", les responsables politiques de tout bord....

A quatre mois et demi de l'élection, l'ancien éditorialiste du quotidien Le Figaro et de la chaîne CNews, la "Fox News française", condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale, se jette dans l'arène à l'issue de plusieurs mois d'une campagne non officielle, menée dans le cadre d'une tournée de promotion de son dernier livre.

Objet d'une exceptionnelle attention médiatique, le polémiste de 63 ans, avant même d'être candidat, avait fait depuis la rentrée une percée fulgurante dans les sondages, devançant même la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen, finaliste au deuxième tour de l'élection de 2017 face à Emmanuel Macron.

Mais il accumule les revers depuis plusieurs semaines, perdant soutiens et points dans les sondages, qui se tassent autour de 14 à 15% d'intentions de vote au premier tour, et multipliant les dérapages: un discours virulent tenu devant le Bataclan le soir anniversaire des attentats jihadistes de 2015 à Paris, une visite calamiteuse à Marseille (sud), qui s'est achevée avec un échange de doigts d'honneur avec une opposante, ou encore un fusil pointé en direction de journalistes lors d'une visite à un salon militaire.

Il tiendra son premier vrai meeting de campagne dimanche au Zénith de Paris.

En se déclarant mardi, le polémiste, qui ambitionne de rassembler les électeurs de droite et d'extrême droite, parasite au passage le processus d'investiture en cours au sein de la droite républicaine, où les militants sont appelés à voter de mercredi à samedi pour choisir parmi cinq prétendants.

Ces derniers tiennent d'ailleurs leur dernier débat à la télévision mardi soir, juste après le journal de 20 heures au cours duquel M. Zemmour sera interviewé.

Suppression du droit du sol

Les partisans de Zemmour se targuent d'avoir déjà pesé sur les thématiques de la campagne, particulièrement sur la lutte contre l'immigration, sujet de prédilection de l'essayiste, avec ses critiques de l'islam, une "civilisation" qu'il juge "incompatible avec les principes de la France".

Les prémices de son futur programme promettent un référendum sur l'immigration, la suppression du droit du sol ou du regroupement familial et l'interdiction de porter un premier prénom d'origine étrangère, une proposition qui a suscité l'indignation de la classe politique en France et alimenté les débats pendant plusieurs semaines.

Sa rivale d'extrême droite Marine Le Pen, dont il a affirmé qu'elle ne gagnerait "jamais" l'élection présidentielle, marque régulièrement sa différence en contestant la "radicalité déplacée" du polémiste, qui selon elle n'a pas fait "sa mue" en candidat.

Mme Le Pen, qui s'emploie depuis des années à dédiaboliser son parti et à en gommer les outrances, s'est récemment félicitée du fait que M. Zemmour lui permette de la "recentrer" sur l'échiquier politique.

Ce dernier, qui dit admirer Donald Trump, rappelle l'ancien président américain dans ses provocations et ses dérapages, mais, contrairement au milliardaire républicain, ne bénéficie pas du soutien d'un grand parti.

La constitution d'un réseau sur le terrain sera d'ailleurs l'un de ses nombreux défis, ne serait-ce que pour obtenir les 500 parrainages d'élus nécessaires à une candidature à la présidentielle. Son camp assure s'appuyer sur 250 à 300 promesses de parrainages.

Eric Zemmour est, en outre, accusé d'agressions sexuelles selon plusieurs témoignages de femmes recueillis par le site d'information Mediapart. Mais aucune plainte n'a été annoncée contre lui.

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