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Zimbabwe, le pasteur contestataire Mawarire remis en liberté


Le pasteur du Zimbabwe Evan Mawarire parle lors d'une interview à Johannesburg, Afrique du sud, le 19 juillet 2016.
Le pasteur du Zimbabwe Evan Mawarire parle lors d'une interview à Johannesburg, Afrique du sud, le 19 juillet 2016.

Le pasteur et opposant Evan Mawarire, arrêté pour "subversion" dans la foulée des récentes émeutes contre la hausse des prix du pétrole, a été remis en liberté mardi, premier signe d'apaisement après deux semaines d'une brutale répression.

Sur demande de ses avocats, un tribunal de la capitale Harare a ordonné sa libération contre versement d'une caution de 2.000 dollars, une décision prise à l'encontre des réquisitions du parquet.

"Je suis convaincu que dans ce dossier (...) la cause de la justice sera servie par la remise en liberté provisoire du demandeur", a déclaré à l'audience le juge Tawanda Chitapi.

Porte-drapeau de la fronde antigouvernementale de 2016, M. Mawarire a été arrêté le 16 janvier à son domicile d'Harare.

Il est accusé de "subversion" et d'"incitation à la violence" pour avoir relayé sur les réseaux sociaux un appel à la grève générale lancée par le principal syndicat du pays.

Dans un pays épuisé par deux décennies de crise économique, la décision du gouvernement le 12 janvier d'augmenter (+150%) les prix des carburants a provoqué de violentes émeutes contre le président Emmerson Mnangagwa.

Son gouvernement a riposté par une répression brutale qui a fait, selon les ONG, au moins 12 morts et des centaines de blessés, victimes notamment de passages à tabac systématiques de l'armée et de la police.

Un millier de personnes ont également été arrêtées, dont de nombreux opposants au régime.

Le pasteur Mawarire a lui-même fermement démenti les accusations portées contre lui. "Je n'ai absolument rien fait de ce que l'on me reproche", avait-il déclaré à la presse avant sa première comparution devant le tribunal.

- 'Etat de droit' -

Selon ses avocats, il devrait quitter mercredi la prison de haute sécurité de Chikurubi, dans la banlieue d'Harare.

Mardi, plusieurs dizaines d'avocats en robe ont défilé dans le calme dans le centre d'Harare pour dénoncer les procès à la chaîne intentés contre les participants à la fronde sociale et exiger le "retour de l'Etat de droit" dans le pays.

"Dans le cas de personnes accusées de violences, la majorité s'est vu refuser une libération conditionnelle, la majorité a commencé à être jugée sans qu'on ait pu se préparer. C'est une atteinte à leur droit constitutionnel", a expliqué à l'AFP un manifestant, Tonderai Bhatasara.

Le chef de l'opposition Nelson Chamisa a estimé mardi que la répression de la contestation était pire que celle sous le règne de l'ex-président Robert Mugabe.

"Ce que nous voyons en ce moment constitue une escalade (...) qui fait ressembler Mugabe à un enfant en matière de terreur", a déclaré M. Chamisa, président du Mouvement pour un changement démocratique (MDC).

M. Mnangagwa a succédé fin 2017 à M. Mugabe, poussé à la démission par l'armée et le parti au pouvoir, la Zanu-PF, après trente-sept ans au pouvoir.

S'il a justifié l'intervention des forces de l'ordre contre les auteurs de violences, le président Mnangagwa a promis des enquêtes et, le cas échéant, des sanctions contre les auteurs d'exactions.

Le chef de l'Etat s'est déclaré lundi "horrifié" par des images montrant des membres des forces de sécurité frappant un prisonnier menotté. L'un d'entre eux "a été arrêté comme promis" par le président, a tweeté un jour plus tard le ministère de l'Information.

La police a par ailleurs appelé les victimes de viols à se faire connaître, après les accusations de violences sexuelles lancées par des ONG contre les forces de l'ordre.

Avec AFP

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