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Affaire Rusesabagina: le parquet rwandais fait appel du jugement


Paul Rusesabagina assiste à une audience du tribunal à Kigali, Rwanda, le 26 février 2021. Il a inspiré le film "Hotel Rwanda" en sauvant plus de 1 000 personnes en les hébergeant dans l'hôtel qu'il gérait pendant le génocide.
Paul Rusesabagina assiste à une audience du tribunal à Kigali, Rwanda, le 26 février 2021. Il a inspiré le film "Hotel Rwanda" en sauvant plus de 1 000 personnes en les hébergeant dans l'hôtel qu'il gérait pendant le génocide.

Le parquet rwandais a annoncé mercredi avoir fait appel de la condamnation à 25 ans de prison de Paul Rusesabagina, ancien hôtelier dont l'histoire a inspiré le film "Hotel Rwanda" et devenu un féroce critique du président Paul Kagame.

La date du procès en appel sera fixée ultérieurement.

Le ministère public, qui avait requis contre lui la prison à perpétuité, a fait appel de l'ensemble des peines prononcées le 20 septembre contre les 21 prévenus, a précisé à l'AFP le porte-parole du parquet, Faustin Nkusi.

Au moment du verdict, le principal procureur, Aimable Havugiyaremye, avait fait part de l'insatisfaction du parquet, "tous les accusés ayant été condamnés à des peines inférieures aux réquisitions".

La condamnation à "25 ans représente déjà une peine de prison à vie", a déclaré à l'AFP la fille de Paul Rusesabagina, Carine Kanimba, en référence notamment à l'âge et à la santé fragile de son père.

"En faisant appel pour demander davantage, l'accusation ne fait que révéler à quel point ce procès est politique et l'a toujours été", a-t-elle estimé.

Procès dénoncés par les organisations de défense des droits humains

Connu pour avoir permis le sauvetage de plus d'un millier de personnes durant le génocide de 1994, M. Rusesabagina, 67 ans, a été reconnu coupable "d'avoir fondé et d'appartenir" au Front de libération nationale (FLN), groupe rebelle accusé d'avoir mené des attaques meurtrières au Rwanda en 2018 et 2019.

Il a participé à la fondation en 2017 du Mouvement rwandais pour le changement démocratique (MRCD), dont le FLN est considéré comme le bras armé, mais a toujours nié toute implication dans ces attaques.

Le procès s'est tenu dans des conditions dénoncées par les organisations de défense des droits humains. L'accusé et ses avocats ont boycotté les audiences depuis mars, dénonçant un procès "politique" rendu possible par son "enlèvement" organisé selon eux par les autorités rwandaises, ainsi que des mauvais traitements en détention.

Après avoir été arrêté dans des conditions controversées à Kigali en août 2020, Paul Rusesabagina était poursuivi avec 20 autres personnes, pour neuf chefs d'accusation, dont celui de "terrorisme".

La famille et les soutiens de M. Rusesabagina ont accusé le gouvernement rwandais de vouloir "faire taire un critique et refroidir toute dissidence future".

Paul Rusesabagina a utilisé sa notoriété hollywoodienne pour donner un écho mondial à ses positions contre le régime Kagame.

Les Etats-Unis, qui lui ont décerné la médaille présidentielle de la liberté en 2005, se sont dits "préoccupés" par cette condamnation.

Avant son arrestation en 2020, il vivait depuis 1996 en exil aux Etats-Unis - où il est détenteur d'une "carte verte"- et en Belgique, dont il a la nationalité.

Début octobre, les députés européens ont réclamé sa libération pour "raisons humanitaires" et son rapatriement vers la Belgique.

Pour faire pression sur Kigali et son respect des droits humains, les eurodéputés avaient également demandé à la Commission européenne "un réexamen critique de l'aide apportée par l'Union européenne" au gouvernement et institutions rwandaises.

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