BRUXELLES (Reuters) - Les députés européens devraient se prononcer jeudi sur une motion proposant une scission de Google et d'autres grands groupes internet, un vote qui vise surtout à inciter Bruxelles à durcir le ton envers les entreprises concernées.
Le Parlement européen n'ayant aucun pouvoir lui permettant de démanteler une entreprise, ce vote servira surtout à manifester la préoccupation croissante des députés face à la domination américaine sur internet.
Andreas Schwab, un élu allemand chrétien-démocrate, et Ramon Tremosa, un député espagnol libéral, ont dévoilé la semaine dernière un projet de résolution qui propose de séparer les moteurs de recherche sur internet des autres services commerciaux afin d'assurer un traitement équitable de l'ensemble des acteurs du secteur internet en Europe.
Les trois principaux groupes du PE, les démocrates-chrétiens, les socialistes et les libéraux, largement majoritaires à eux trois, devraient présenter mardi une motion commune afin qu'elle puisse être débattue le lendemain et soumise dès jeudi au vote des députés, a expliqué lundi un assistant parlementaire de Ramon Tremosa.
Certains responsables européens reprochent à Google de promouvoir ses propres services aux dépens de ses rivaux en profitant de sa position dominante dans le domaine de la recherche sur internet.
Google réplique à ces accusations en expliquant qu'il est en permanence confronté à une forte concurrence sur un marché en constante évolution.
La motion parlementaire, si elle est adoptée, pourrait servir d'aiguillon aux députés pour inciter la nouvelle commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, à adopter face à Google une position plus ferme que celle de son prédécesseur, Joaquin Almunia.
Mais la Commission n'a, depuis sa création, jamais imposé la scission d'une entreprise pour des raisons de concurrence.
Et la motion "anti-Google" ne fait pas l'unanimité, y compris au sein des partis qui devraient présenter la motion commune. Ainsi Kurt Lauk, qui dirige le Conseil économique de la CDU, le parti d'Andreas Schwab, a vertement critiqué le texte samedi dans le quotidien Handelsblatt.
"Au lieu d'exploiter les opportunités du Web, certains députés du Parlement européen entretiennent leurs phobies", a-t-il dit. "Menacer Google et d'autres grandes entreprises internet qui sont en concurrence acharnée les unes avec les autres, c'est un débat de perdants."