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Le parlement argentin rejette le droit à l'avortement


Une militante pro-avortement après le vote contre la légalisation de l'IVG au cours des 14 premières semaines de grossesse, près du Congrès à Buenos Aires, Argentine, le 9 août 2018.
Une militante pro-avortement après le vote contre la légalisation de l'IVG au cours des 14 premières semaines de grossesse, près du Congrès à Buenos Aires, Argentine, le 9 août 2018.

Alors que les députés l'avaient approuvée en juin, le Sénat a rejeté la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse par 38 voix contre 31.

Les partisans des deux camps, séparés par des policiers, étaient présents devant le Congrès à Buenos Aires pendant la session parlementaire.

Les groupes anti-IVG ont salué la décision avec des feux d'artifices.

A l'autre extrémité de la place, des milliers de militantes féministes, ont accusé le coup à l'annonce des résultats. Certaines étaient désolées, pleuraient, d'autres réaffirmaient leur engagement en faveur de leur cause.

>>> Lire aussi: Les députés approuvent la légalisation de l'avortement en Argentine

Le président Mauricio Macri, opposé à l'Interruption volontaire de grossesse (IVG), a impulsé le débat sur l'avortement au parlement. Avant cela, les tentatives précédentes d'engager un débat au Congrès avaient été bloquées par les parlementaires, sans qu'un vote puisse intervenir.

Alors qu'un député de la coalition gouvernementale Cambiemos (Changeons) avait mentionné l'idée d'un référendum, le chef du gouvernement Marcos Pena a réaffirmé que le débat continuerait dans un cadre parlementaire.

Des femmes en faveur de la dépénalisation de l'avortement protestent sous la pluie devant le Congrès de Buenos Aires, où les législateurs débattent de la question, Argentine, 8 août 2018.
Des femmes en faveur de la dépénalisation de l'avortement protestent sous la pluie devant le Congrès de Buenos Aires, où les législateurs débattent de la question, Argentine, 8 août 2018.

M. Peña a rappelé que le 21 août, l'exécutif allait envoyer au parlement une réforme du code pénal.

Il n'a pas donné de précisions, mais ce sera probablement l'occasion de dépénaliser l'avortement car il existe un consensus sur ce point. Aujourd'hui en Argentine, une femme qui avorte court le risque d'être emprisonnée.

L'ex-présidente Cristina Kirchner estime que "le plus grave, c'est que nous rejetons un projet sans proposer d'alternative, et la situation restera la même". Mme Kirchner a voté "oui" au texte jeudi, alors qu'elle avait torpillé toutes les initiatives quand elle était au pouvoir.

D'après les estimations, 500.000 avortements sont pratiqués chaque année en Argentine, dans des cliniques privées ou dans des conditions d'hygiène très précaires en fonction de la situation économique.

- "Tôt ou tard" -

"L'avenir n'est pas au +non+. Tôt ou tard, les femmes obtiendront la réponse nécessaire. Plus tôt que tard, le +oui+ s'imposera", a estimé le sénateur Miguel Angel Pichetto, favorable à l'IVG.

Pour Amnesty International, l'Argentine passe à côté "d'une opportunité historique pour le droit des femmes".

>>> Lire aussi: Découverte d'un nouveau cas de fillette enceinte en Argentine

L'Église et les organisations anti-IVG savouraient jeudi leur victoire.

"La démonstration est faite, l'Argentine est pro-vie pour toujours, nous sommes ici pour défendre la vie, pour défendre l'enfant", témoigne la militante anti-avortement Mariana Rodriguez Varela.

Manifestation contre la dépénalisation de l’avortement, devant le Congrès à Buenos Aires, Argentine, 8 août 2018.
Manifestation contre la dépénalisation de l’avortement, devant le Congrès à Buenos Aires, Argentine, 8 août 2018.

L'évêque Alberto Bochatey, chef de file de la mobilisation anti-IVG pour L'Eglise, se garde de tout triomphalisme. "Ce vote du Sénat nous donne un temps de réflexion pour faire des propositions humanistes dans le cadre de grossesses de femmes en difficulté. Il n'y a ni vainqueur, ni vaincu", dit-il.

Le prélat qualifie de "moderne" la position du mouvement anti-avortement et lui oppose les pratiques abortives, selon lui "de vieilles lois du siècle passé" qui doivent être remplacées par des "propositions du 21e siècle et pas des vieilles propositions de mort du 20e siècle."

Avec AFP

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