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L'avortement au coeur de la lutte pour l'avenir de la Cour suprême américaine


La Cour Suprême est vue à Washington le 20 avril 2018.
La Cour Suprême est vue à Washington le 20 avril 2018.

Objet de tous les regards: la sénatrice républicaine Susan Collins, rare voix à défendre dans son camp le droit à l'interruption volontaire de grossesse (IVG).

"Je ne soutiendrai pas un candidat qui a prouvé son hostilité à l'égard de Roe v. Wade", l'arrêt qui a légalisé l'avortement en 1973 dans tous les Etats-Unis, a martelé dimanche la sénatrice du Maine.

Elle pourrait donc jouer un rôle déterminant au Sénat, l'instance chargée de confirmer le candidat nommé à vie par le président.

Chaque vote comptera, les républicains ne disposant que d'une très fragile avance (51 contre 49).

Conscient de son importance stratégique, le président américain l'a conviée à la Maison Blanche peu après l'annonce du départ à la retraite du juge Anthony Kennedy, ainsi que quatre autres sénateurs au rôle pivot dans cette nomination.

Ce magistrat jouait depuis trente ans un rôle d'arbitre au sein de la plus haute instance judiciaire américaine, se rangeant tantôt du côté des quatre juges conservateurs, tantôt du côté des quatre progressistes, notamment sur l'avortement.

S'il le remplace par un conservateur, Donald Trump fera basculer l'équilibre de la Cour suprême, qui tranche les grands sujets de société.

Le visage des Etats-Unis pourrait en sortir transformé.

Désignation d'une équipe chargée de mener à bien la sélection, premiers entretiens déjà lancés, la Maison Blanche s'est rapidement mise en ordre de bataille, espérant que son nouveau magistrat siégera dès le 1er octobre.

C'est-à-dire avant des élections qui pourraient lui faire perdre sa majorité au Sénat.

Conscient de l'urgence, Donald Trump a promis d'annoncer son candidat le 9 juillet.

"Je choisis des conservateurs", a-t-il rappelé dimanche sur Fox, citant l'exemple du premier magistrat qu'il a envoyé en 2017 à la Cour suprême, le conservateur Neil Gorsuch.

Sur conseil de son équipe, a-t-il toutefois expliqué, il ne posera aux prétendants aucune question directe sur l'IVG, afin de ne pas compromettre leur confirmation.

Hypocrisie, dénoncent les démocrates: tous les candidats viennent d'une liste approuvée par une organisation ultra-conservatrice, la Federalist Society, ce qui laisse peu de doute sur leur position.

Et le candidat Trump l'avait promis en 2016: "Je suis anti-avortement, les juges seront anti-avortement".

Lors de sa rencontre avec Donald Trump, jeudi, Susan Collins a exprimé son malaise. J'ai "encouragé le président à élargir sa liste au-delà des 25 noms" déjà connus, a-t-elle expliqué sur ABC.

Elle était accompagnée à la Maison Blanche d'une autre sénatrice républicaine qui défend le droit à l'avortement, Lisa Murkowski.

Cette dernière a rappelé sa tradition de "vote indépendant" sur la Cour suprême, la semaine dernière. Mais elle est depuis restée discrète.

A elles deux, les sénatrices détiennent le pouvoir de faire basculer la maigre majorité républicaine. D'autant que le républicain John McCain, luttant contre un cancer, risque de ne pas pouvoir voter.

Mais l'équation n'est pas si simple pour les démocrates. Ils pourraient subir les défections de trois sénateurs faisant face à une réélection difficile en novembre dans leurs Etats pro-Trump: Heidi Heitkamp, Joe Donnelly et Joe Manchin. Tous avaient voté en faveur de Neil Gorsuch. Ils sont courtisés par la Maison Blanche.

Le choix du successeur d'Anthony Kennedy est "le plus important de notre vie", a averti lundi leur chef au Sénat, Chuck Schumer.

Ses troupes démocrates sont déjà mobilisées pour tenter de garder ces trois élus dans leur giron.

Leur stratégie: axer l'argumentaire non seulement sur l'IVG mais aussi sur la protection du système de santé mis en place par Barack Obama. Un sujet plus aisé à défendre face aux électeurs en terre trumpistes.

De leur côté, les associations de défense du droit à l'avortement appellent désormais les électeurs à faire pression d'ici les élections parlementaires de novembre, où un tiers des sénateurs jouent leur siège.

"Nos sénateurs peuvent mettre fin au cauchemar et sauver" la Cour suprême, a lancé lundi l'organisation Naral. "Appelez le vôtre MAINTENANT".

Avec AFP

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