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Le Pakistan tourné vers la vengeance, un an après l'attentat contre une école


Nawaz Sharif, Premier ministre pakistanais, 13 décembre 2015.
Nawaz Sharif, Premier ministre pakistanais, 13 décembre 2015.

Le Premier ministre du Pakistan a appelé à la vengeance, devant les portraits d'enfants tombés sous les balles des talibans, en commémorant mercredi l'attaque il y a un an contre une école, le pire attentat de l'histoire du pays.

Le Premier ministre du Pakistan a appelé à la vengeance, devant les portraits d'enfants tombés sous les balles des talibans, en commémorant mercredi l'attaque il y a un an contre une école, le pire attentat de l'histoire du pays.

"Mes chers enfants, aujourd'hui je vous fais cette promesse que je me vengerai de chacune des gouttes de votre sang versé", a déclaré Nawaz Sharif, en s'adressant aux victimes de l'attaque contre une école de Peshawar, dans le nord-ouest du pays.

Le 16 décembre 2014, un commando de neuf talibans était entré dans l'école publique de l'armée (APS), abattant de sang froid 151 personnes, en vaste majorité des enfants - une attaque qui n'est pas sans rappeler dans l'ampleur et la méthode, l'attentat contre le Bataclan le 13 novembre à Paris.

Children holding vigil for army public school peshawar, in Islamabad Pakistan-15 Dec 2015
Children holding vigil for army public school peshawar, in Islamabad Pakistan-15 Dec 2015

Le Premier ministre participait dans cette même école à une cérémonie retransmise en direct, qui a rassemblé dans un profond recueillement 2.500 personnes selon un responsable militaire. Parmi elles, le puissant chef d'état-major Raheel Sharif, le chef de l'opposition Imran Khan, mais aussi des acteurs, des sportifs, et des familles endeuillées.

Des proches peinaient à retenir leurs larmes lorsqu'on été égrenés dans un macabre appel les noms des élèves tués.

"Jibran Hussain - il s'efforçait d'améliorer son écriture. C'était un élève très aimé des enseignants", a ainsi déclamé un élève pendant que les parents s'avançaient derrière un portrait du défunt.

Mais des parents minés de colère et de chagrin ont souligné que rien ne ramènerait leur enfant, nombre d'entre eux indiquant à l'AFP qu'ils réclamaient toujours une enquête judiciaire pour établir comment l'appareil sécuritaire pakistanais avait pu manquer aussi cruellement à sa mission.

"Ils ne peuvent tarir les larmes de mon épouse", a déclaré Jamal Abdul Nasir, éclatant lui-même en sanglots à l'évocation de son fils Awais. "Nous ne voulons rien, seulement que justice soit faite."

Au moins une douzaine de familles ont boycotté la cérémonie en signe de protestation.

Au deuil se mêlait la crainte de nouveaux attentats, et d'importants effectifs policiers avaient été déployés dans les grandes villes du pays et les points jugés sensibles. A Peshawar, les routes ont été coupées et l'école bouclée par l'armée.

Des habitants ont organisé dans la soirée leurs propres cérémonies et veillées à la bougie.

- Pendaisons -

Sur les réseaux sociaux, nombre de Pakistanais affichaient sur leur profil une photo d'un uniforme de l'APS, vert et blanc, avec une blessure par balle en forme de coquelicot et une légende: "certaines taches sont indélébiles".

Différents groupes ont organisé des commémorations dans plusieurs grandes villes du pays, et des photos des victimes ont été placardées, tandis que les télévisions diffusaient un clip de l'armée qui met en scène des élèves chantant "nous nous vengerons en éduquant les enfants de nos ennemis".

Le Premier ministre a déclaré le 16 décembre journée nationale pour l'éducation, assurant qu'il ne laisserait pas les extrémistes "éteindre la flamme du savoir".

Les talibans avaient indiqué à l'époque avoir agi en représailles à une offensive militaire en cours dans les zones tribales du nord-ouest pakistanais.

Mais l'attaque a choqué l'opinion publique, et déclenché une campagne de lutte contre l'extrémisme menée par l'armée, qui a intensifié l'offensive militaire contre les groupes armés opérant alors en toute impunité dans ces zones.

M. Sharif a espéré mercredi que s'approchait le jour "où ces terroristes seront éliminés pour toujours et chaque recoin du Pakistan vivra dans la paix et la sécurité".

Les attentats ont reculé à leur plus bas niveau depuis 2007, l'année où les talibans pakistanais ont émergé - mais à défaut de s'attaquer aux racines de la violence, le répit risque de ne pas durer, avertissent des critiques.

"Nous avons arrêté la croissance du cancer (de l'extrémisme, NDLR), mais nous n'avons rien fait concernant les causes qui le font revenir", a indiqué à l'AFP le militant et avocat Mohammad Jibran Nasir.

Après l'attaque, le Pakistan a repris les exécutions à marche forcée.

Quatre personnes ont été pendues dans leur prison en décembre, après avoir été condamnées à huis clos par l'armée pour leurs liens avec l'attaque de Peshawar - au grand dam des parents, qui réclament des pendaisons publiques et des informations sur l'enquête.

Les familles des enfants tués se sont vu remettre vendredi un titre de propriété pour un terrain constructible à Peshawar - un geste vide selon certains.

"Je veux rien d'autre qu'une réponse à mes questions. Pourquoi l'Etat n'a-t-il pas réussi à protéger mon enfant ?" a lancé le père d'un élève décédé.

Avec AFP

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