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Report de six mois de la fermeture du camp de réfugiés de Dadaab


Une vue aérienne de camp de Dadaab, près de la frontière kényane et somalienne au Kenya, le 3 avril 2011.
Une vue aérienne de camp de Dadaab, près de la frontière kényane et somalienne au Kenya, le 3 avril 2011.

Le gouvernement kényan, soumis au feu roulant des critiques des organisations de défense des droits de l'Homme, a repoussé au 21 mai 2017 la date de fermeture du complexe de Dadaab, le plus grand camp de réfugiés au monde qui abrite essentiellement des Somaliens.

A deux semaines de la date initialement retenue par le gouvernement, fin novembre, cette annonce fait suite à une requête du Haut-Commissariat de l'ONU pour les Réfugiés (HCR) et sur fond d'accusations de retours forcés de réfugiés somaliens qui, dans leur grande majorité, veulent rester au Kenya.

"Je souhaite annoncer que le gouvernement a accepté la demande de repousser de six mois la date limite pour l'achèvement du rapatriement des réfugiés somaliens et la fermeture du complexe de Dadaab", a déclaré mercredi à la presse le ministre kényan de l'Intérieur Joseph Nkaissery.

"Le rapatriement se poursuivra de façon humaine, digne et en sécurité", a ajouté le ministre.

Le gouvernement kényan avait pris de court les réfugiés, les agences humanitaires, l'ONU et les partenaires occidentaux du Kenya en annonçant le 6 mai sa décision de fermer Dadaab à la fin novembre.

Laetitia Bader, chercheuse de Human Rights Watch en Somalie estime que le Kenya doit "respecter le droit international" et revoir sa copie jusqu'à ce que la "Somalie retrouve la stabilité" pour que'un rapatriement soit possible. "Beaucoup de refugiés sont nés à Dadaab et ne connaissent pas la Somalie", a déclaré Mme Bader sur VOA Afrique.

Laetitia Bader jointe par Eric Manirakiza
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Complexe tentaculaire, Dadaab, situé près de la frontière avec la Somalie, abrite actuellement quelque 280.000 réfugiés, en très grande majorité des Somaliens ayant fui depuis 1991 la guerre civile, les exactions des islamistes radicaux et des sécheresses à répétition.

Pour justifier sa décision, le gouvernement kényan avait mis en avant la sécurité nationale, assurant, sans en fournir la preuve, que c'est là qu'avaient été planifiées les attaques des islamistes somaliens shebab contre le centre commercial Westgate à Nairobi en 2013 et l'université de Garissa (nord-est) en 2015.

Mercredi, M. Nkaissery, qui a souligné l'engagement du Kenya "à respecter les lois internationales", a détaillé le calendrier des six prochains mois qui doivent aboutir au départ de tous les réfugiés somaliens vers leur pays ou des pays tiers et, in fine, à la fermeture du camp.

Nouvelle épée de Damoclès

L'annonce de la fermeture du complexe et le programme de "retours volontaires" mis en place depuis ont suscité de nombreuses critiques des organisations de défense de droits l'Homme qui accusent le Kenya d'user de coercition pour forcer les réfugiés à retourner vivre dans un pays en proie à une insécurité chronique.

"Prolonger de six mois la date limite de fermeture du camp de Dadaab est toujours mieux que de déporter les réfugiés en deux semaines. Mais avec cette nouvelle date du 31 mai planant sur eux, les réfugiés vont continuer de sentir qu'ils doivent partir", a réagi Gerry Simpson, chercheur en charge des réfugiés pour Human Rights Watch (HRW).

"De tels retours sous la contrainte sont illégaux. Le Kenya devrait en finir avec ses menaces de fermer Dadaab et le HCR et les donateurs devraient presser le Kenya de rassurer publiquement les réfugiés somaliens, en leur disant qu'ils sont bienvenus au Kenya jusqu'à ce qu'ils puissent rentrer chez eux en toute sécurité", a-t-il ajouté.

De son côté, Amnesty International a accusé mardi le gouvernement kényan de faire pression sur les réfugiés pour qu'ils rentrent chez eux, alors que, selon une enquête de terrain menée conjointement cet été par le HCR et le gouvernement kényan, seuls 25% d'entre eux se disent prêts à le faire.

Outre des raisons de sécurité évidentes - les insurgés radicaux shebab contrôlent toujours de larges portions du sud du pays et multiplient les attentats dans la capitale - les réfugiés craignent en rentrant chez eux de ne plus avoir accès à des soins ou à l'éducation pour leurs enfants, ce qui est le cas à Dadaab.

La Somalie abrite actuellement environ 1,1 million de déplacés et n'a pas les ressources nécessaires pour gérer un afflux soudain de plus de 200.000 autres personnes, rappelle Amnesty.

Avec AFP

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