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Le journaliste algérien Khaled Drareni libéré de prison

Khaled Drareni a été condamné en septembre 2020 à deux ans de prison ferme pour "incitation à attroupement non armé" et "atteinte à l'unité nationale".
Le journaliste Khaled Drareni, devenu le symbole du combat pour la liberté de la presse en Algérie, a été libéré vendredi soir au lendemain de l'annonce d'une grâce présidentielle en faveur de dizaines de détenus d'opinion, a-t-on appris auprès de son avocat.
"Il est libre", a déclaré à l'AFP Abdelaghani Badi, l'un des avocats du correspondant en Algérie de la chaîne TV5 Monde et de Reporters sans frontières (RSF), en précisant qu'il s'agissait d'une mesure de "liberté provisoire".
Khaled Drareni a été condamné en septembre 2020 à deux ans de prison ferme pour "incitation à attroupement non armé" et "atteinte à l'unité nationale".
Fondateur du site électronique Casbah Tribune, il avait couvert le mouvement de contestation populaire Hirak, notamment via ses comptes sur les réseaux sociaux, avant la suspension des manifestations à cause de la pandémie de Covid-19.
Sa condamnation a suscité l'indignation en Algérie et à l'étranger.
Khaled Drareni est en attente d'une décision de la Cour suprême le 25 février sur son pourvoi en cassation.
Par ailleurs, l'opposant politique et homme d'affaires Rachid Nekkaz a également recouvré la liberté, selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), une association de soutien aux prisonniers d'opinion.
M. Nekkaz, 47 ans, incarcéré à la prison d'El Bayadh (sud-ouest), avait commencé une grève de la faim vendredi pour protester contre sa détention prolongée, sans jugement, malgré la détérioration de son état de santé selon son entourage.
L'opposant est détenu depuis décembre 2019, mais son procès n’a toujours pas été programmé. Ses demandes de remise en liberté provisoire ont été rejetées.
Il est poursuivi notamment pour "incitation à attroupement non armé" et "publications pouvant porter atteinte à l’unité nationale".
Parmi les détenus élargis vendredi, figure aussi une militante du Hirak, Dalila Touat, connue comme porte-parole des chômeurs de Mostaganem (nord-ouest). Elle était emprisonnée et en grève de la faim depuis le 3 janvier.
Le président Abdelmadjid Tebboune a fait jeudi soir un geste d'apaisement en graciant des dizaines de détenus du Hirak, avant le 2e anniversaire du soulèvement populaire du Hirak, le 22 février.
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Kenya: 43 modérateurs de Facebook licenciés portent plainte contre Meta

En décembre 2022, une ONG kényane et deux citoyens éthiopiens ont déposé plainte au Kenya contre Meta, accusant la plateforme de ne pas assez combattre la haine en ligne et réclamant la création d'un fonds de 1,6 milliard de dollars pour en indemniser les victimes.
Quarante-trois modérateurs de Facebook licenciés en janvier ont annoncé porter plainte au Kenya contre Meta, maison mère du réseau social, notamment pour "licenciement illégal", selon un communiqué publié lundi. Meta, qui englobe également Instagram et WhatsApp, a entrepris de réduire ses effectifs de près de 25% en moins de six mois, symbole des difficultés traversées par le secteur de la tech.
"En janvier, 260 modérateurs de contenu travaillant au centre de modération de Facebook à Nairobi, au Kenya, ont été informés qu'ils seraient licenciés par Sama, la société d'externalisation qui gère le bureau depuis 2019. Du jour au lendemain, ces modérateurs effectuant un travail essentiel pour l'Afrique de l'est et du sud ont perdu leur emploi", selon le communiqué.
"43 modérateurs du centre de modération de Facebook à Nairobi portent plainte contre la société de médias sociaux et ses sous-traitants pour avoir licencié l'ensemble de la main-d'œuvre et pour avoir mis sur liste noire tous les travailleurs licenciés", poursuit le communiqué. Contactée, Meta n'a pour l'heure pas donné suite aux sollicitations de l'AFP. Après avoir affiché une croissance insolente depuis sa création, Facebook, devenu Meta fin 2021, souffre, depuis l'an dernier, du ralentissement de la publicité en ligne.
Le Parlement européen réclame la libération du journaliste tunisien Noureddine Boutar

Le Parlement européen a exhorté les autorités tunisiennes à "libérer immédiatement" le journaliste Noureddine Boutar et "les autres personnes détenues arbitrairement", dénonçant la "dérive autoritaire du président Saied".
Dans une résolution adoptée jeudi à une très large majorité, le Parlement européen se dit "profondément préoccupé par la dérive autoritaire du président Saied et par son instrumentalisation de la situation socio-économique désastreuse de la Tunisie pour renverser la transition démocratique historique du pays". Les eurodéputés demandent à ce qu'il soit "mis fin à la répression en cours à l'encontre de la société civile".
Ils exhortent le chef de la politique étrangère de l'UE Josep Borrell et les États membres à dénoncer publiquement la grave détérioration de la situation des droits humains en Tunisie et réclament la suspension des programmes spécifiques de soutien de l'UE aux ministères de la Justice et des Affaires intérieures.
Début février, les autorités ont lancé un coup de filet contre des personnalités dont plusieurs ex-ministres, des hommes d'affaires connus comme Kamel Eltaïef, et le directeur de Radio Mosaïque, la plus écoutée de Tunisie, Noureddine Boutar. Le président les a qualifiés de "terroristes", les accusant de "complot contre la sécurité de l'Etat".
Cette vague d'arrestations, sans précédent depuis le coup de force du président Saied qui s'est octroyé tous les pouvoirs depuis le 25 juillet 2021, a été décrite par Amnesty International comme une "chasse aux sorcières motivée par des considérations politiques". Dans sa résolution, le Parlement européen condamne par ailleurs fermement "le discours raciste du président Saied contre les migrants subsahariens et les attaques qui ont suivi".
Le 21 février, M. Saied avait affirmé que la présence de "hordes" d'immigrés clandestins originaires d'Afrique subsaharienne était source de "violence et de crimes" et relevait d'une "entreprise criminelle" visant à "changer la composition démographique" du pays. A la suite de ces propos, de nombreux immigrés ont été la cible d'agressions et des centaines d'entre eux ont demandé à leurs ambassades à être rapatriés dans leur pays.
Soudan du Sud: libération de deux journalistes arrêtés après la diffusion d'une vidéo virale sur le président

Deux journalistes sud-soudanais arrêtés en janvier après la diffusion d'une vidéo suggérant que le chef de l'Etat Salva Kiir urinait sur lui ont été libérés, a déclaré mercredi à l'AFP le président de l'Union des journalistes du Soudan du Sud (UJOSS), exigeant la libération de deux autres confrères.
Sept journalistes de la télévision publique South Sudan Broadcasting Corporation (SSBC) avaient été interpellés en janvier. Trois journalistes ont depuis été libérés. Ils avaient été arrêtés dans le cadre d'une enquête après la diffusion d'une vidéo, devenue virale en décembre sur les réseaux sociaux, laissant supposer que le chef de l'Etat, âgé de 71 ans, était en train d'uriner sur lui lors d'une cérémonie officielle.
La vidéo montre Salva Kiir, vêtu de son chapeau noir et en costume gris clair, avec une tâche sombre qui se répand sur sa jambe gauche. Mardi, "deux journalistes ont été remis en liberté, Victor Ladu et Mustapha Osman", s'est félicité Patrick Oyet, président de l'UJOSS.
"Nous demandons toujours au gouvernement la libération de Garang John et Jacob Benjamin qui sont encore derrière les barreaux", a-t-il poursuivi, appelant les autorités à "respecter la loi". "S'il y a une affaire, les journalistes doivent être traduits en justice, sinon ils doivent être libérés", a exhorté M. Oyet.
Le Soudan du Sud, pays enclavé d'Afrique de l'Est, pointe à la 128e place du classement de l'ONG Reporters sans frontières (RSF) en matière de liberté de la presse. RSF affirme que "la liberté de la presse est très précaire au Soudan du Sud, où les menaces et intimidations à l’encontre des journalistes et médias sont permanentes et où la censure règne".
Après avoir obtenu son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud, plus jeune Etat de la planète, a sombré dans une guerre civile entre les ennemis jurés Riek Machar et Salva Kiir, qui a fait près de 400.000 morts et des millions de déplacés entre 2013 et 2018. Un accord de paix signé en 2018 prévoit le principe d'un partage du pouvoir au sein d'un gouvernement d'union nationale, avec M. Kiir au poste de président et M. Machar à celui de vice-président.
Mais il reste largement inappliqué, en raison des querelles persistantes entre les deux rivaux, laissant le pays en proie à la violence à l'instabilité chronique. L'ONU et la communauté internationale accusent régulièrement les dirigeants sud-soudanais de maintenir un statu quo, d'attiser les violences, de réprimer les libertés politiques et de détourner les fonds publics.
Une influenceuse malienne en détention après avoir dénoncé "l'échec" de la junte

Une influenceuse malienne est retenue par les policiers depuis deux jours à Bamako après s'en être pris durement aux militaires au pouvoir et à leur "échec", selon elle, face à l'insécurité et à l'inflation, a-t-on appris de source policière.
Lundi, une autre personnalité, l'animateur de radio-télévision Mohamed Youssouf Bathily, dit "Ras Bath", a été placé sous mandat de dépôt après avoir déclaré qu'un ex-Premier ministre mort en détention il y a un an avait été "assassiné". Les voix discordantes peinent à se faire entendre sans risquer d'être inquiétées sous le régime de la junte qui a pris le pouvoir par la force en 2020.
Rokia Doumbia, connue au Mali pour son engagement contre la vie chère et très suivie sur les réseaux sociaux, a indiqué elle-même à un correspondant de l'AFP avoir été interpellée lundi à la suite d'un direct sur TikTok la veille. Son interpellation a été confirmée par le parquet. Elle était toujours au commissariat mercredi, a indiqué un policier sous le couvert de l'anonymat.
"Sous votre gouvernance, ça ne va pas", a-t-elle lancé dans son "live" à l'adresse du chef de la junte, le colonel Assimi Goïta. "Cette transition est un échec avec 0% (de résultats). Je ne donnerais même pas 1%, mais 0%", a-t-elle déclaré en parlant de la période de gouvernement militaire censée précéder le retour, annoncé pour 2024, des civils à la tête de ce pays en proie à la propagation jihadiste et à une profonde crise multidimensionnelle.
"Aucun Malien ne vit en paix", a-t-elle dit alors que les autorités assurent régulièrement avoir inversé la tendance contre les jihadistes. "L’insécurité gagne du terrain partout", a-t-elle dit. "Pendant mes lives, les gens réagissent en dénonçant la flambée du prix du riz, du gasoil, de l’huile et du sucre. Vous n’avez pas fait un coup d'État pour ça", a-t-elle insisté à l'adresse des colonels qui gouvernent.
"Le temps a donné raison à IBK", a-t-elle ajouté en faisant référence à Ibrahim Boubacar Keïta, le président civil renversé en 2020 par les militaires dans un climat d'exaspération de la population face à l'insécurité, la corruption et les défaillances de l'Etat.
Un proche de Rokia Doumbia, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat comme de nombreux interlocuteurs désormais, a affirmé qu'elle avait fait l'objet d'un signalement aux autorités de la part du Collectif pour la défense des militaires (CDM). Les appels de cette organisation, l'un des soutiens les plus offensifs de la junte, sont souvent suivis d'effet.
Le CDM, aux liens obscurs avec la junte, avait appelé la justice à se saisir des propos de l'animateur "Ras Bath".