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Alaa Abdel Fattah a cessé sa grève de la faim dans une prison égyptienne


Pour dénoncer son incarcération et des autres détenus d'opinion, Alaa Abdel Fattah n'a avalé pendant sept mois que 100 calories par jour.
Pour dénoncer son incarcération et des autres détenus d'opinion, Alaa Abdel Fattah n'a avalé pendant sept mois que 100 calories par jour.

Le détenu égypto-britannique Alaa Abdel Fattah a écrit qu'il n'était plus en grève de la faim dans une lettre remise mardi à sa famille, qui espère le voir jeudi après avoir été privée de visite pendant un mois.

Mona Seif, la soeur du blogueur prodémocratie, icône du Printemps arabe et bête noire du régime d'Abdel Fattah al-Sissi, a posté en ligne la courte lettre remise à sa mère à la prison.

Dans cette missive datée de lundi, Alaa Abdel Fattah, qui aura 41 ans le 18 novembre, écrit: "J'ai mis un terme à ma grève de la faim" et "je veux fêter mon anniversaire avec vous jeudi, ramenez un gâteau". Il n'explique pas pourquoi il a recommencé à se nourrir, affirmant seulement: "Je vous verrai au parloir et je vous dirai tout alors".

"Que s'est-il passé à l'intérieur? Qu'est-ce qui a été négocié?", s'interroge sa tante, la célèbre écrivaine Ahdaf Soueif sur Twitter. "N'oublions pas qu'Alaa n'a aucune idée du soutien qui l'entoure à l'extérieur. Il est en prison, sans autre information que celles que (ses geôliers) décident de lui donner". "Je ne serai tranquille qu'une fois que ma mère et ma soeur auront vu Alaa de leurs propres yeux jeudi", a tweeté Mona Seif.

A l'annonce de la fin de la grève de la faim du détenu, l'avocat Tarek El-Awadi, membre de la commission des grâces présidentielles en Egypte, a dit "espérer que l'Etat prendra rapidement des mesures pour le gracier ainsi que plusieurs autres condamnés".

Avocat en prison

La mère d'Alaa Abdel Fattah, Laila Soueif, a vu son fils pour la dernière fois le 17 octobre, lors de la visite familiale mensuelle. Depuis, elle n'a reçu que des lettres remises par des officiers de l'administration pénitentiaire qui, par deux fois, ont refusé les permis de visite de son avocat, Khaled Ali. Ce dernier ne l'a pas vu depuis mars 2020.

L'autre avocat d'Alaa Abdel Fattah, Mohammed al-Baqer, a été arrêté alors qu'il le défendait devant la justice militaire en septembre 2019 après son arrestation. Depuis, les deux hommes ont été condamnés à cinq ans de prison pour "fausses informations" après qu'Alaa Abdel Fattah a partagé sur Facebook un texte, écrit par quelqu'un d'autre, accusant un officier de police d'avoir torturé à mort un prisonnier.

Pour dénoncer son incarcération et celle des 60.000 détenus d'opinion que compte l'Egypte selon des ONG, Alaa Abdel Fattah n'a avalé pendant sept mois que 100 calories par jour. Le 2 novembre, il avait cessé de manger et le 6 novembre, à l'ouverture de la COP27 en Egypte, il avait décidé de ne plus boire non plus. Sa famille le disait en danger de mort.

Son autre soeur, Sanaa Seif, a participé à deux conférences de presse remarquées à la COP27, où le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a dû répondre aux interrogations de plusieurs dirigeants occidentaux, notamment du président américain Joe Biden, au sujet du détenu.

"Intérêt de l'Egypte"

Semblant faire un appel du pied, devant la presse et aux côtés de M. Sissi, M. Biden a salué la semaine dernière à la COP27 la commission des grâces présidentielles réactivée en avril en Egypte.

Vendredi, Mona Seif a déposé une nouvelle demande à cette commission. Dans la foulée, l'un des présentateurs de talk-shows les plus influents du pays, Amr Adib, grand partisan de M. Sissi, a plaidé pour une grâce "dans l'intérêt de l'Egypte".

Les médias proches du pouvoir, eux, ont affirmé, comme les autorités, "douter" qu'Alaa Abdel Fattah ait jamais été en grève de la faim. Ses soutiens, en revanche, n'ont cessé de répéter que s'ils survivaient tant de jours sans eau, c'est qu'il était "nourri de force".

Le journaliste Ahmed Fayez l'a écrit sur Facebook le 8 novembre et a depuis été arrêté et inculpé pour "fausses informations", accuse le Comité pour la protection des journalistes, basé à New York. Selon cette ONG, "en l'arrêtant pour avoir parlé d'Alaa Abdel Fattah, le pouvoir égyptien montre au grand jour sa campagne contre la presse".

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