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Le conflit au Tigré risque de plonger l'Éthiopie dans une guerre totale


Des jeunes rejoignant la Force de défense nationale éthiopienne sont escortés jusqu'à la place Meskel dans la capitale Addis-Abeba, en Éthiopie, le 27 juillet 2021.
Des jeunes rejoignant la Force de défense nationale éthiopienne sont escortés jusqu'à la place Meskel dans la capitale Addis-Abeba, en Éthiopie, le 27 juillet 2021.

Les combats meurtriers se sont étendus au-delà du Tigré pour atteindre les régions voisines.

Le gouvernement éthiopien a appelé mardi tous les citoyens capables à se mobiliser pour la guerre, les exhortant à rejoindre l'armée nationale pour arrêter "une fois pour toutes" les forces résurgentes de la région du Tigré.

Cet appel aux armes est le signe inquiétant que les 110 millions d'habitants de l'Éthiopie sont en train d'être entraînés dans un conflit dont le Premier ministre Abiy Ahmed, lauréat du prix Nobel de la paix, avait pourtant déclaré qu'il serait terminé en quelques semaines.

Sur le terrain, les combats meurtriers se sont étendus au-delà du Tigré pour atteindre les régions voisines. Ils ont provoqué des fractures dans le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, avec des effets qui pourraient déstabiliser toute la Corne de l'Afrique.

L'appel de mardi met effectivement fin au cessez-le-feu unilatéral déclaré par le gouvernement en juin, alors que son armée se retirait du Tigré. Le conflit a déjà fait des milliers de morts et des centaines de milliers d'habitants du Tigré sont aujourd'hui confrontés à des conditions de famine.

Mercredi, l'ONG Amnesty International a de nouveau signalé que le viol était utilisé comme une arme de guerre contre les civils tigréens.

L'expansion des combats a alarmé d'autres ethnies, comme les Amhara, qui craignent que les forces du Tigré, désormais à l'offensive, ne se vengent sur eux.

"Nous savons que le (Front de libération du peuple du Tigré) est bien armé et que les perdants seraient à nouveau les Amhara", a déclaré Demissie Alemayehu, un professeur originaire de la région d'Amhara basé aux États-Unis. Pour lui, si l'on ne s'attaque pas aux problèmes fondamentaux de l'Éthiopie, notamment sa Constitution fondée sur les différences ethniques, il sera "très difficile de parler de paix", a-t-il ajouté.

Les réfugiés et déplacés internes originaires du Tigré sans nouvelles de leurs familles
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La guerre a commencé par un conflit politique. Les dirigeants du Tigré ont dominé le gouvernement répressif de l'Éthiopie pendant près de trois décennies, et ont aigri de nombreuses personnes dans le pays en contribuant à la mise en place d'un système de fédéralisme ethnique qui a entraîné des tensions ethniques. Lorsque le Premier ministre Abiy Ahmed est arrivé au pouvoir en 2018, les dirigeants du Tigré ont été mis sur la touche.

Les combats ont commencé en novembre 2020 et ont pris un tournant dramatique en juin lorsque les forces du Tigré, renforcées par de nouvelles recrues parmi les Tigréens horrifiés par les atrocités de la guerre, ont repris une grande partie de la région.

Les forces du Tigré affirment désormais vouloir sécuriser leur région de 6 millions d'habitants, bloquée depuis longtemps, mettre fin aux combats et voir le Premier ministre quitter ses fonctions.

Quelque 300 000 personnes ont été déplacées en dehors du Tigré et, cette semaine, les Nations unies se sont déclarées "extrêmement alarmées" par les informations selon lesquelles plus de 200 personnes ont été tuées dans des attaques des déplacés à Afar.

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