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Le choc fait place à la colère après un attentat antichrétien à Minyaen Egypte


Les chrétiens coptes portent les cercueils des victimes tuées lors d'une attaque un jour plus tôt, après une cérémonie matinale à l'église du Prince Tadros dans la province de Minya, dans le sud de l'Égypte, le 3 novembre 2018.
Les chrétiens coptes portent les cercueils des victimes tuées lors d'une attaque un jour plus tôt, après une cérémonie matinale à l'église du Prince Tadros dans la province de Minya, dans le sud de l'Égypte, le 3 novembre 2018.

Les familles des victimes d'un attentat jihadiste antichrétien en Egypte enterraient leurs morts dans la colère samedi dans la province de Minya, où la sécurité a été renforcée dans un climat particulièrement tendu.

Sous haute surveillance policière, des centaines de personnes se sont rassemblées dans et autour de l'église du prince Tadros pour les funérailles, a constaté un journaliste de l'AFP. Plusieurs fidèles submergés par l'émotion ont été pris de malaises.

"Nous n'oublierons pas les promesses des responsables, y compris celles du président de la République, de châtier les criminels", a lancé après la fin des prières l'évêque de Minya Makarios à l'église de la communauté copte, cible d'attentats jihadistes meurtriers ces dernières années en Egypte, pays à grande majorité musulmane.

Vendredi, des assaillants ont ouvert le feu sur un bus transportant des fidèles chrétiens, tuant sept et blessant sept, un attentat revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) près d'un an après sa dernière attaque contre cette minorité chrétienne.

Les fidèles rentraient chez eux après avoir effectué un pèlerinage au monastère de Saint-Samuel, dans la province de Minya, à quelque 250 km au sud du Caire.

Ils ont été attaqués en plein désert, près du monastère.

Le parquet général a annoncé l'ouverture d'une enquête et les forces de sécurité se sont déployées en masse sur les lieux de l'attaque, selon un journaliste de l'AFP sur place.

- "Sentiment de haine ?" -

Dans la nuit, à l'hôpital de Minya, les familles des victimes étaient en colère et la tension perceptible, ce qui a poussé les autorités à renforcer la sécurité dans le secteur.

"Je ne le verrai plus ...": devant l'entrée de la morgue, une femme assise à même le sol pleure son fils, en attendant son corps pour l'enterrer.

A côté, un groupe de personnes se précipitent pour porter le cercueil d'une des victimes et le poser dans une ambulance qui le conduira à l'église.

Devant l'hôpital, Michel, 23 ans, se demande si l'objectif de l'attaque est de créer un sentiment de haine parmi les coptes à l'égard des musulmans. "Que veulent ces terroristes ? Que nous haïssions les musulmans ?", dit à l'AFP ce jeune homme qui a perdu un voisin dans l'attaque.

"Dois-je porter une arme pour aller prier ou plutôt rester chez moi pour ne pas être tué en me rendant à l'église ?", poursuit-il déplorant la mort de "trois frères, âgés de 45, 41 et 15 ans" dans l'attentat.

L'EI a revendiqué l'attaque. "Les auteurs de l'embuscade sur la route du +monastère de Saint-Samuel+ à Minya sont des combattants de l'Etat islamique", a indiqué l'organe de propagande des jihadistes Amaq.

- "Combattre le terrorisme" -

Selon un religieux copte qui a accompagné l'évêque Makarios à l'hôpital, les 24 rescapés de l'attaque "ont été conduits à l'église du village de Cheikh Fadl pour y passer la nuit," à proximité.

Une série noire a frappé les coptes depuis fin 2016. En décembre 2016, un attentat suicide, revendiqué par l'EI, contre une église du Caire, contiguë à la cathédrale Saint-Marc, siège du pape de l'Eglise copte orthodoxe Tawadros II, avait fait 29 morts.

La dernière attaque meurtrière contre des fidèles coptes remonte à décembre 2017, lorsqu'un jihadiste de l'EI avait tué neuf personnes dans une église de la banlieue sud du Caire.

En mai 2017, dans le même secteur que l'attaque de vendredi, 28 pèlerins coptes, dont de nombreux enfants, avaient été tués à Minya par des hommes armés. Ils voyageaient à bord d'un bus et effectuaient eux aussi un pèlerinage au monastère de Saint-Samuel.

Le chef de l'Etat Abdel Fattah Sissi a dit vendredi sa "détermination à continuer de combattre le terrorisme noir et d'en poursuivre les auteurs". Les ministres de la Santé et de la Solidarité sociale se sont rendus à Minya.

L'EI parvient toujours à frapper malgré une offensive de l'armée lancée depuis plusieurs mois contre les jihadistes dans la péninsule du Sinaï, qui a fait selon les autorités des centaines de morts parmi les extrémistes.

La communauté copte est la communauté chrétienne la plus importante et la plus ancienne du Moyen-Orient, avec environ 10% des quelque 100 millions d'Égyptiens.

Avec AFP

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