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Le Brésil envoie des troupes après des heurts à la frontière vénézuélienne


Un soldat de l'armée brésilienne patrouille à la frontière avec la Colombie à Vila Bittencourt, dans l'État amazonien, au Brésil, le 18 janvier 2017.
Un soldat de l'armée brésilienne patrouille à la frontière avec la Colombie à Vila Bittencourt, dans l'État amazonien, au Brésil, le 18 janvier 2017.

Le gouvernement brésilien a ordonné dimanche l'envoi de troupes à la frontière avec le Venezuela après des heurts entre la population locale et des migrants, des épisodes qui se multiplient dans la région avec l'exode de Vénézuéliens et de Nicaraguayens fuyant leur pays en crise.

Après une réunion ministérielle décidée en urgence par le président brésilien Michel Temer, dimanche à Brasilia, le gouvernement s'est résolu à envoyer un contingent de 120 membres de la Force nationale dans la région.

Cette décision a été prise à la suite de violences survenues dans la ville frontalière de Pacaraima (nord), où le vol et l'agression d'un commerçant, attribués à des Vénézuéliens, ont causé des affrontements.

Des dizaines d'habitants de cette localité, où vivent un millier de migrants dans la rue, ont détruit leurs deux principaux camps de fortune et brûlé leurs affaires. Des coups de feu ont été tirés, les magasins fermés et des débris divers jonchaient les rues.

"C'était terrible, ils ont incendié les tentes et tout ce qu'il y avait à l'intérieur", a témoigné Carol Marcano, une Vénézuélienne.

Trois Brésiliens ont été blessés, selon la police militaire. Aucune information n'était disponible concernant des victimes du côté vénézuélien.

"Un désert"

Des dizaines de milliers de Vénézuéliens fuyant la crise politique, économique et sociale que traverse leur pays ont rejoint le Brésil ces dernières années.

Au premier semestre, quelque 56.740 Vénézuéliens ont cherché à régulariser leur situation au Brésil pour y obtenir le droit d'asile ou de séjour provisoire.

Mais "environ 1.200 migrants sont retournés au Venezuela" dans la nuit de samedi à dimanche, a confirmé à l'AFP le porte-parole du groupe multidisciplinaire brésilien (ONG, armée, organisations locales) opérant à la frontière avec le Venezuela.

La ville de Pacaraima "ressemble aujourd'hui à un désert. Tout est très calme, des renforts de police sont arrivés et les marchés ont rouvert", a indiqué un habitant de cette ville d'environ 12.000 habitants requérant l'anonymat.

L'arrivée de renforts à la frontière était souhaitait par la gouverneure de l'Etat local de Roraima, Suely Campos, qui dit craindre "l'essor de la criminalité", liée selon elle aux migrants.

Le ministère vénézuélien des Affaires étrangères a appelé le Brésil à prendre à "prendre des mesures pour assurer la sécurité des ressortissants vénézuéliens et de leurs biens".

Tensions régionales

Les tensions migratoires montent dans d'autres pays d'Amérique latine, attisées par la crise au Venezuela mais aussi au Nicaragua, où le président Daniel Ortega réprime sans ménagement un mouvement de contestation.

En Equateur, des migrants vénézuéliens sont bloqués à la frontière, où on leur demande désormais un passeport, que la plupart n'ont pas, au lieu d'une simple carte d'identité.

Au Pérou, les autorités migratoires ont annoncé dimanche l'arrestation à Lima de 18 Vénézuéliens en situation irrégulière qui travaillaient dans des restaurants et des boîtes de nuit.

Rien que la semaine dernière, quelque 20.000 Vénézuéliens sont entrés au Pérou, selon les autorités locales, qui exigeront un passeport à partir du 25 août.

Les autorités péruviennes ont aussi avancé dimanche la date butoir pour demander un permis temporaire permettant aux Vénézuéliens de travailler et d'accéder aux services sociaux.

"Seuls les Vénézuéliens qui entrent au Pérou d'ici au 31 octobre peuvent soumettre une demande de permis", stipule un décret présidentiel. Une fois au Pérou, ces migrants auront jusqu'au 31 décembre pour soumettre leur dossier, alors qu'initialement la date butoir était fixée au 30 juin 2019.

Certains migrants vénézuéliens traversent différents pays d'Amérique du Sud pour se rendre jusqu'en Argentine, qui mettra en oeuvre en septembre un contrôle plus strict des flux migratoires, a indiqué le directeur national des services migratoires argentins, Horacio Garcia, cité par le journal La Nacion.

Il a aussi évoqué l'usage d'une application permettant aux policiers de déterminer le statut d'un migrant. Si ce dernier ne régularise son statut après un mois, il sera expulsé du pays, où se sont installés quelque 25.000 Vénézuéliens depuis janvier.

Symboles nazis

En Colombie, les autorités redoutent pour leur part que les contrôles frontaliers instaurés en Equateur, à la suite de l'instauration d'un état d'urgence migratoire, ne laissent des milliers de Vénézuéliens bloqués dans leur pays.

Les Nations unies évaluent à 2,3 millions le nombre de Vénézuéliens ayant quitté leur pays pour fuir la misère. Plus de 800.000 ont gagné la Colombie, où ils bénéficient d'un droit de séjour temporaire.

La crise au Nicaragua pousse aussi des milliers de personnes à se réfugier au Costa Rica voisin de peur d'être interpellés.

Ils fuient la répression du président Daniel Ortega, qui a fait plus de 300 morts au cours des derniers mois.

Face à cet afflux, des centaines de personnes ont manifesté samedi au Costa Rica, parfois violemment et en agitant des symboles nazis.

Certains d'entre eux ont convergé dans le centre de la capitale San José pour s'en prendre à des migrants, mais la police les en a empêchés.

Avec AFP

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