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Le bois illégal inonde les marchés au Cameroun


Le parc à bois du quartier Manguier à Yaoundé, le 5 novembre 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Le parc à bois du quartier Manguier à Yaoundé, le 5 novembre 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

A Yaoundé et à Douala, les deux principales villes du pays, 80% du bois de sciage sont d’origine illégale, selon une récente étude du Centre pour la recherche forestière internationale (Cifor). Une campagne de sensibilisation à l'achat légal du bois a été lancé.

Au parc à bois du quartier "manguiers" à Yaoundé, sur un espace d’une centaine de mètres, la vente du bois de sciage est l'activité quotidienne de nombreux hommes et femmes.

Le parc a été ouvert il y a 40 ans. La campagne intitulée "Le bois légal, c’est génial", n’a laissé personne indifférent au Cameroun.


"Les vendeurs ont tous été d’accord de vendre le bois légal, mais ils vont trouver ce bois légal où ? La demande du bois légal est très forte, mais il manque des scieries. Et au sujet du bois qu’on appelle le bois informel, les vendeurs demandent, comment faire pour acquérir les papiers ? En sachant qu’en vendant le bois légal, le vendeur va aussi en profiter", explique Etienne Bokagne Eten, vice-président de l'association nationale du collectif des vendeurs de bois et assimilés du Cameroun.

Selon les autorités camerounaises, ce sont 800.000 m3 de bois qui sont vendus illégalement par an. Mais l’Etat n’est pas le seul perdant dans l’affaire. "Nous sommes interpellés par les hommes en tenue, les agents des eaux et forêts", se lamente Marthe, une vendeuse au parc de bois au quartier manguiers à Yaoundé.

"Il y a une taxe qu’on nous demande de payer en route, 5.000 francs. On nous dit que c’est par rapport à la scierie, alors que les scieries payent déjà les impôts. On ne sait pas pourquoi on doit payer ça", ajoute-t-elle, pour expliquer les tracasseries auxquelles elle fait face et qui engendrent un manque à gagner dans son activité.



Etienne est dans le métier depuis une trentaine d’années. "Quand nous allons prendre le bois en brousse, on va vous rançonner tout le long de la route parce que les agents des eaux et forêts nous accusent de vendre le bois de sciage illégal. Arrivés sur place, on va vendre à perte. Que l’Etat nous donne la possibilité d’avoir les papiers", confie-t-il à VOA Afrique.

La promotion de la demande en bois de sciage d’origine légale, initié par le centre pour la recherche forestière internationale en partenariat avec le gouvernement camerounais, a surtout permis d’identifier les filières de consommation du bois de sciage d’origine illégale au Cameroun.

Liboum Mbonayem du Cifor à Yaoundé, le 5 novembre 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Liboum Mbonayem du Cifor à Yaoundé, le 5 novembre 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Selon Liboum Mbonayem, chercheur au Centre pour la recherche forestière internationale, "22.000 m3 de bois de sciage d’origine illégale ont été utilisés dans les menuiseries entre 2015 et 2016 au Cameroun".

Les autres filières de consommation du bois de sciage illégale sont "les boutiques de meubles pour près de 6.000 m3 de bois et les marchés publics avec 13 000 m3 de bois", souligne le rapport du Cifor.

Le gouvernement camerounais s’attèle depuis 2010 à créer un marché de bois d’origine légale dans chaque grand centre urbain.

Selon un responsable du ministère des forêts et de la faune, à l’issue de la campagne en cours, certaines facilités administratives pourraient être accordées aux vendeurs de bois, à l’instar des petits titres d’exploitation forestière.

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