"Je suis particulièrement satisfait d'avoir fait la paix avec US Postal. Même si je trouvais la procédure injustifiée et injuste, j'essaie depuis 2013 d'assumer mes responsabilités pour mes erreurs et de faire amende honorable quand c'est possible", a-t-il dit jeudi après l'accord amiable selon lequel il a accepté 5 millions de dollars aux autorités fédérales américaines.
Un mea culpa inimaginable il y a quelques années de la part de ce coureur au regard et à la volonté d'acier, au tempérament de leader, de chef de bande. Mais, à 46 ans, l'ancien coureur américain affiche un autre profil qu'au temps de son impitoyable domination.
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Survivant d'un cancer, il était revenu métamorphosé en 1999 dans le peloton du Tour de France: après avoir vaincu la maladie et avec l'ambition folle de gagner la plus grande course du monde.
Le coureur, jadis limité en haute montagne, imposait désormais une hallucinante cadence de pédalage dans les grands cols tout en développant une puissance phénoménale dans les contre-la-montre.
Jusqu'à son premier arrêt de carrière en 2005, il applique la recette, au grand désespoir de ses adversaires qui doivent un à un s'incliner. Avec à la clé, sept victoires dans la Grande Boucle... et de nombreux soupçons, qu'il écarte avec une morgue hautaine.
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En parallèle de ses succès, Armstrong présente aussi un visage plus consensuel loin du peloton. Sa fondation de lutte contre le cancer, Livestrong, lève des dizaines de millions de dollars pour la lutte contre la maladie.
Au faîte de sa gloire, il côtoie les présidents et compte plusieurs stars d'Hollywood parmi ses proches. On lui prête une ambition sans limites: politique (le poste de gouverneur du Texas) comme commerciale (racheter le Tour de France).
Devenu un mythe, Armstrong passe des pages sportives à la rubrique "people" et étale sa vie privée au grand jour. Après son divorce en 2003, il partage la vie de la chanteuse américaine Sheryl Crow avant d'emménager à Aspen, station chic du Colorado, avec sa femme actuelle.
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Son histoire, sa personnalité, fascinent. Son retour après trois ans d'arrêt, en 2009, mobilise les médias, y compris ceux qui l'accusaient de tricherie durant sa première carrière. Il court de nouveau durant deux ans avant de raccrocher définitivement son vélo.
Acculé, accusé notamment par d'anciens coéquipiers, ses sept Tours de France lui sont retirés en 2012 et le Texan avoue enfin s'être dopé, lors d'une interview avec la présentatrice vedette américaine Oprah Winfrey: "Je vois cette situation comme un gros mensonge que j'ai répété de nombreuses fois", dit-il. "J'ai pris ces décisions, ce sont mes erreurs. Je suis profondément désolé pour ce que j'ai fait".
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Depuis, il a été condamné à verser plusieurs millions de dollars à d'anciens sponsors s'estimant lésés par sa tricherie, jusqu'à l'accord amiable annoncé jeudi qui semble marquer la fin de ses déboires avec la justice.
"Je suis heureux d'avoir résolu cette affaire et de pouvoir avancer dans ma vie", a repris l'Américain, qui risquait de perdre l'essentiel de sa fortune. Dans sa carrière, il aurait cumulé près de 125 millions de dollars grâce à ses primes de course, salaires et contrats de partenariat.
Sa vie aujourd'hui justement semble être celle d'un homme apaisé, mais occupé. Avec ses cinq enfants, ses podcasts ("The Forward"), dans lesquels il reçoit auteurs, musiciens, sportifs, acteurs ou autres personnalités, semblent être sa principale fierté et connaissent un certain succès. Il cherche à y apparaître beaucoup plus sympathique dans son rôle d'animateur-intervieweur que durant sa carrière sportive.
Toujours affûté, il court et pédale encore régulièrement, et a même participé récemment à une petite course de 24 heures à VTT en relais avec notamment son ami et ancien coéquipier George Hincapie, lui aussi convaincu de dopage.
S'il a toujours ses sept maillots jaunes du Tour encadrés chez lui, Lance Armstrong ne veut plus vivre dans le passé: "Il y a une raison pour laquelle le pare-brise est plus gros que le rétroviseur", dit la page d'accueil de son compte Twitter.
Avec AFP