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La Maison Blanche accorde un nouveau sursis à ses principaux alliés sur l'acier


A man takes food from a basket as Italy struggles to contain the spread of coronavirus disease (COVID-19), in Naples.
A man takes food from a basket as Italy struggles to contain the spread of coronavirus disease (COVID-19), in Naples.

La Maison Blanche a consenti lundi soir à prolonger jusqu'au 1er juin la période d'exemption provisoire des droits de douanes sur les importations d'acier et d'aluminium du Canada, du Mexique et de l'Union européenne, évitant une escalade dans le conflit commercial.

"L'administration (Trump) a prolongé de 30 jours les négociations avec le Canada, le Mexique et l'Union européenne", a-t-elle indiqué dans un communiqué, tout en soulignant qu'elle resterait au cours des négociations "focalisée" sur la préservation de la sécurité nationale des Etats-Unis.

Un porte-parole du gouvernement britannique s'est félicité de cette décision. "Nous continuerons à travailler étroitement avec nos partenaires de l'UE et le gouvernement américain afin de parvenir à une exemption définitive, pour s'assurer que nos importantes industries d'acier et d'aluminium soient préservées", a-t-il également réagi.

>> Lire aussi : Les Européens redoutent des sanctions américaines sur l'acier

Le président américain Donald Trump avait promulgué le 8 mars des tarifs de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium tout en exemptant immédiatement le Canada et le Mexique. Fin mars, il avait également exempté provisoirement l'UE.

Cette exemption temporaire initiale devait s'achever le 1er mai.

Dans le cas d'Ottawa et de Mexico, le président américain a par ailleurs lié une éventuelle exemption définitive à la renégociation du traité de libre-échange nord-américain (Aléna).

Ce bref répit intervient alors que les Européens ont multiplié les demandes d'exemption définitive ces dernières semaines et fait largement savoir qu'ils étaient "prêts" à riposter en cas de mise en oeuvre de ces taxes.

"Nous sommes patients mais nous sommes aussi prêts" à agir, avait ainsi averti lundi le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas.

En échange d'exemptions de ces taxes, les Américains réclament des concessions commerciales.

>> Lire aussi : Trump félicite Merkel mais ne lâche rien, de l'Iran au commerce

Ils ont ainsi obtenu de la Corée du Sud une réduction de ses exportations d'acier vers les Etats-Unis et une plus grande ouverture de son marché à leurs constructeurs automobiles. La Maison Blanche a d'ailleurs annoncé lundi soir la finalisation de l'accord de principe annoncé fin mars avec Séoul.

"Un des problèmes qui apparaît est celui du traitement équitable des automobiles et nous aimerions voir quelques concessions de l'Europe", a rappelé la semaine passée le principal conseiller économique de Donald Trump, Larry Kudlow.

Le nouveau sursis américain "ne suffit pas"

Les Européens ont fraîchement accueilli la nouvelle exemption provisoire des droits de douanes sur l'acier et d'aluminium tout juste accordée par Washington à l'UE, au Mexique et au Canada, déplorant une décision ne faisant que "prolonger l'incertitude" sans résoudre leur conflit commercial.

L'UE ne s'est pas satisfaite de la concession du président américain Donald Trump. "La décision américaine prolonge l'incertitude du marché, qui affecte déjà les décisions commerciales", a répliqué la Commission européenne tôt mardi matin.

L'UE "devrait être totalement et définitivement exemptée de ces mesures, car elles ne peuvent être justifiées par des raisons de sécurité nationale", a ajouté l'exécutif européen, assurant que les Européens "ne négocieront pas sous la menace".

>> Lire aussi : La réponse de Macron à "l'Amérique d'abord"

L'exemption "jusqu'au 1er juin seulement n'est pas suffisante", a renchéri sur Twitter le président du Parlement européen, Antonio Tajani, regrettant une incertitude "néfaste pour l'industrie des deux côtés de l'Atlantique".

Même son cloche du côté des grandes capitales européennes: il faut une exemption "durable" a réclamé Berlin, "définitive" a dit Londres, "permanente" a réclamé Paris, qui en fait la condition préalable pour discuter "sereinement" avec Washington du problème réel de surcapacité dans le secteur de l'aluminium et de l'acier.

La riposte est prête

Le président américain Donald Trump avait promulgué le 8 mars des droits de douane de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium tout en exemptant immédiatement le Canada et le Mexique. Fin mars, il avait également exempté provisoirement l'UE.

Dans le cas d'Ottawa et de Mexico, le président américain a par ailleurs lié une éventuelle exemption définitive à la renégociation du traité de libre-échange nord-américain (Aléna).

Le bref répit accordé intervient alors que les Européens ont multiplié les demandes d'exemption définitive ces dernières semaines et fait largement savoir qu'ils étaient "prêts" à riposter en cas de mise en oeuvre de ces taxes.

"Nous sommes patients mais nous sommes aussi prêts" à agir, avait ainsi averti lundi le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas.

En échange d'exemptions de ces taxes, les Américains réclament des concessions commerciales.

Ils ont ainsi obtenu de la Corée du Sud une réduction de ses exportations d'acier vers les Etats-Unis et une plus grande ouverture de son marché à leurs constructeurs automobiles.

"Un des problèmes qui apparaît est celui du traitement équitable des automobiles et nous aimerions voir quelques concessions de l'Europe", a rappelé la semaine passée le principal conseiller économique de Donald Trump, Larry Kudlow.

Pour les Européens, c'est la Chine, de loin le premier producteur mondial d'acier et souvent accusée de subventionner massivement son industrie, qui est à l'origine de la surcapacité en acier et aluminium.

Pékin, qui subit depuis fin mars les taxes américaines, a de son côté porté plainte contre les Etats-Unis devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel s'étaient succédé à Washington la semaine dernière pour tenter de convaincre Donald Trump de préserver l'Europe, assurant que l'UE était "prête à réagir" dans le cas contraire.

Tabac, bourbon, jeans

Sans attendre la décision américaine, Bruxelles a poursuivi ces dernières semaines les démarches qui lui permettront de répondre à d'éventuelles taxes américaines tout en respectant les règles de l'OMC.

La mesure la plus immédiate vise à taxer de manière "ciblée et proportionnée" des dizaines de produits emblématiques fabriqués aux Etats-Unis, parfois dans des Etats ayant voté pour Donald Trump, dont le tabac, le bourbon, les jeans ou les motos pour compenser en valeur les pertes potentielles pour l'industrie européenne.

Une liste de produits a déjà été approuvée mi-avril par les Etats membres mais, selon une source européenne, il faudrait encore quelques semaines avant que l'UE puisse en toute légalité frapper les Etats-Unis de premières mesures de rétorsion.

Si Washington venait à imposer le 1er juin ses nouvelles taxes, Bruxelles pourrait également déposer une plainte devant l'OMC, estimant que, sous couvert de préserver la sécurité nationale, elles ne servent qu'à avantager les entreprises américaines. Cette action prendrait alors des années avant d'aboutir.

Enfin, la Commission a lancé auprès de l'OMC une procédure pour mettre en place d'ici quelques mois des mesures dites de "sauvegarde" afin de protéger son industrie des flux étrangers qui ne trouveraient plus de débouchés aux Etats-Unis.

L'association des sidérurgistes européens Eurofer a déploré mardi "la poursuite d'une politique d'incertitude" côté américain. Mais elle a aussi appelé l'UE à ne pas réagir par "des mesures commerciales unilatérales".

En 2017, l'Europe a exporté 5,3 milliards d'euros d'acier et 1,1 milliard d'euros d'aluminium vers les Etats-Unis.

Avec AFP

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