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Le meurtre d'une Italienne par un Nigérian a déclenché la fusillade raciste en Italie


Luca Traini, 28 ans, est suspecté d'avoir tiré sur des migrants africains, en Italie, le 3 février 2018.
Luca Traini, 28 ans, est suspecté d'avoir tiré sur des migrants africains, en Italie, le 3 février 2018.

Luca Traini, l'extrémiste de droite qui a blessé samedi par balle six Africains dans le centre de l'Italie, a enclenché son expédition punitive à caractère raciste après avoir entendu qu'un Nigérian avait découpé en morceaux une jeune Italienne, une affaire qui inquiète à un mois des élections législatives.

"J'étais en train de me rendre en voiture au gymnase quand j'ai entendu à la radio l'histoire de la jeune fille de 18 ans. D'instinct, j'ai fait demi-tour, je suis rentré chez moi, j'ai ouvert le coffre-fort et j'ai pris le pistolet. J'ai décidé de tous les tuer", a-t-il raconté aux enquêteurs, révèle dimanche le journal Corriere della Sera.

Luca Traini, 28 ans, crâne rasé, tatouage d'inspiration fasciste sur la tempe, a d'après les policiers vidé samedi matin deux chargeurs avec un pistolet semi-automatique dans les rues de Macerata, une commune de 43.000 habitants, non loin de la côte adriatique, blessant cinq hommes et une femme, originaires du Mali, du Ghana et du Nigeria.

>> Lire aussi : Six Africains blessés par balles par un sympathisant d'extrême droite en Italie

Cet agent de sécurité a passé la nuit dans une prison de la région, où se trouve également un Nigérian demandeur d'asile et dealer de drogue de cette petite ville, soupçonné d'avoir assassiné cette semaine Pamela Mastropietro, une Italienne de 18 ans dont le corps a été retrouvé découpé en morceaux dans des valises.

La jeune femme s'était échappée lundi d'un centre de désintoxication situé précisément à Corridonia, la localité où le tireur s'était présenté en 2017 à des élections communales sous l'étiquette de la Ligue du Nord (parti souverainiste anti-immigration proche du Front national français).

Selon Francesco Clerico, le propriétaire d'un gymnase de Macerata, qui avait exclu Luca Traini en raison de son comportement extrémiste déséquilibré, ce dernier "était tellement mal qu'il était allé voir un psychiatre". "Le médecin avait jugé qu'il était un sujet +borderline+", a-t-il confié à Corriere della Sera.

Un exemplaire de "Mein Kampf", un livre d'histoire sur Benito Mussolini, un magazine sur la jeunesse fasciste ou encore des croix celtiques ont été trouvés dans une chambre au domicile de sa mère, ont révélé dimanche les carabinieri (gendarmes) italiens.

Les enquêteurs ont également saisi les ordinateurs du tireur, dans le cadre d'une enquête pour tentative de "massacre aggravé par un objectif raciste". L'homme doit aussi répondre du chef de "port illégal d'arme".

Un venin dans les élections

A un mois d'élections législatives à l'issue très incertaine, mais marquée par une montée de la droite, ce fait divers inquiète.

L'éditorialiste du quotidien La Repubblica s'interrogeait ainsi dimanche sur les conséquences du "venin inoculé" en Italie par certains hommes politiques.

Ce journal proche de la gauche rappelle ainsi la "défense de la race blanche" récemment prôné par un candidat de la droite à Milan ou les raids perpétrés fin 2017 par des groupuscules d’extrême droite contre des associations d'aide aux migrants.

L'Italie a vu débarquer sur ses côtes quelque 630.000 migrants depuis 2014. Et si beaucoup ont depuis passé la frontière vers le nord, la présence de dizaines de milliers de ces migrants pèse dans un pays qui a toujours été plutôt une terre d'émigration que d'immigration.

"Nous devons être épouvantés", écrit pour sa part l'éditorialiste du Corriere della Sera, pour qui ce genre d'incidents peut se reproduire, quand le "discours de haine" devient une "forme habituelle de polémique politique".

"J'ai peur, ça aurait pu être moi", a confié dimanche à l'AFP devant l'hôpital de Macerata, James Nosakhari, un Nigérian ami de l'une des victimes. "Ce n’est pas facile de vivre en ville après que quelqu’un a tiré sur six personnes de couleur".

Et il n'est pas le seul à s'être réveillé dimanche encore sous le choc. "On n'aurait jamais cru possible une chose pareille, ce genre de choses se produit plutôt dans les grandes métropoles", jugeait ainsi Fabrizio Compagnucci, un vendeur de journaux près de la gare de Macerata, l'une des étapes du parcours de haine de Luca Traini.

Avec AFP

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