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La Douma réexamine les amendements constitutionnels de Poutine


Le président russe Vladimir Poutine.
Le président russe Vladimir Poutine.

Les députés russes devraient soutenir sans surprise mardi en deuxième lecture les amendements constitutionnels voulus par le président Vladimir Poutine, une réforme largement considérée comme une manière de préparer l'après-2024, date où son dernier mandat présidentiel s'achève.

La Douma va se pencher sur une révision de la Constitution, la première d'envergure depuis l'adoption du texte en 1993, annoncée par surprise par M. Poutine en janvier. Elle renforcera plusieurs prérogatives du président et musclera le rôle du Conseil d'Etat, un organe jusqu'alors consultatif.

Ces amendements constitutionnels ont été adoptés à l'unanimité et à toute vitesse par les députés en première lecture, mais Vladimir Poutine a soumis 24 pages supplémentaires d'amendements avant la seconde lecture, la plus importante.

La troisième et dernière lecture pourrait avoir lieu dès cette semaine. Le texte sera ensuite approuvé par le Conseil de la Fédération, la chambre haute du Parlement, puis signé par le président Poutine. Le Kremlin a aussi promis que les Russes auraient à se prononcer sur le texte par référendum.

Pour beaucoup d'analystes, Vladimir Poutine organise avec cette réforme l'après-2024, en se laissant le maximum de portes ouvertes pour préserver son influence et pérenniser le système qu'il a bâti en 20 ans au pouvoir, alors qu'il ne pourra pas se représenter à la présidence.

Il propose ainsi de transférer certaines prérogatives au Parlement, comme celle de choisir le Premier ministre. Il muscle aussi le rôle d'un organe jusqu'alors consultatif, le Conseil d'Etat, laissant place à des spéculations selon lesquelles celui-ci pourrait devenir le coeur du régime.

Autre innovation: les juges, les élus et responsables politiques au niveau fédéral auront l'interdiction de posséder une nationalité étrangère ou un permis de séjour dans un autre pays. Le texte renforce aussi certains pouvoirs du président, qui pourra par exemple refuser de promulguer une loi adoptée par deux tiers des députés.

L'opposition, et notamment son chef de file Alexeï Navalny, a vigoureusement dénoncé la réforme, affirmant que le président voulait rester au pouvoir indéfiniment.

- "Manifeste conservateur" -

Vladimir Poutine, 67 ans, a pour sa part déclaré dans la semaine qu'il ne voulait pas continuer à gouverner à tout prix, mais plutôt pérenniser son héritage politique.

"Cela n'a rien à voir avec moi. Nous proposons des amendements non pas pour cinq ou dix ans, mais au moins pour trente ou cinquante ans", a insisté le président.

D'autres amendements prévoient que la mention de "la foi en Dieu" des Russes soit introduite dans la Constitution et indiquent qu'un mariage est l'union d'un homme et d'une femme, ce qui fermerait ipso facto la porte au mariage homosexuel.

Ils interdisent également que des portions de territoire russe soit donnés à des Etats étrangers et rendent illégal tout appel ou action en ce sens. Cela permettrait de garantir que la péninsule ukrainienne de Crimée, annexée en 2014, ou les îles Kouriles, disputées avec le Japon, resteront russes.

Un éditorial du quotidien Vedomosti a qualifié ces amendements de "manifeste conservateur", affirmant qu'il s'agissait de l'héritage que souhaitait laisser le président aux générations futures. Selon le commentateur politique Maxime Troudolioubov, s'exprimant dans Forbes Russie, il s'agit de "codifier Poutine", en créant une structure politique qui lui survivra.

Pour des analystes, les changements sociétaux que le président propose d'introduire dans la Constitution sont un moyen de convaincre les Russes de prendre part au "vote populaire" d'adoption de la réforme, prévu le 22 avril.

Selon un récent sondage du centre indépendant Levada, seuls 25% des Russes sont prêts à voter en faveur des changements constitutionnels, tandis que 65% disent ne pas comprendre ce qu'ils signifient. Les sondés sont divisés sur l'avenir du président: 44% veulent le voir quitter le pouvoir après 2024, 45% le voir rester.

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