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La CIJ tranche sur le différend frontalier entre la Somalie et le Kenya


Le juge Abdulqawi A. Yusuf, président de la Cour internationale de Justice (CIJ), l'organe judiciaire principal des Nations Unies lors d'une conférence de presse, le 29 octobre 2019 à New York.
Le juge Abdulqawi A. Yusuf, président de la Cour internationale de Justice (CIJ), l'organe judiciaire principal des Nations Unies lors d'une conférence de presse, le 29 octobre 2019 à New York.

La Cour internationale de justice (CIJ) rend mardi sa décision dans le différend frontalier entre la Somalie et le Kenya qui se disputent depuis des années une vaste zone maritime riche en poissons et en potentiels hydrocarbures.

La CIJ, plus haute instance juridique de l'ONU, mettra ainsi fin à la procédure initiée en 2014 par Mogadiscio et qui envenime régulièrement les relations déjà tumultueuses entre les deux voisins de l'Afrique de l'Est.

La Cour, composée de 15 juges, rendra sa décision à partir de 15 heures (13 heures GMT) à La Haye, où est basée la CIJ, créée en 1946 pour régler les différends entre Etats membres.

Le Kenya a accusé la juridiction de partialité et a d'ores et déjà déclaré qu'il ne reconnaissait pas la compétence de la Cour. Les décisions de la CIJ sont sans appel mais celle-ci ne dispose pas de moyens contraignants pour les faire appliquer.

Nairobi et Mogadiscio revendiquent tous deux depuis des années la souveraineté sur une partie de leur frontière maritime dans l'océan Indien, susceptible d'abriter des gisements de pétrole et de gaz.

La Somalie, située à l'est du Kenya, souhaite délimiter sa frontière maritime avec le Kenya dans le prolongement de sa frontière terrestre, en direction du sud-est.

De son côté, le Kenya veut que la frontière en mer soit tracée en ligne droite vers l'est, lui donnant plus de territoire maritime. Le triangle d'eau contesté s'étend sur une superficie de plus de 100.000 km2.

Retrait kényan

Nairobi maintient avoir la souveraineté sur la zone contestée depuis 1979, quand le Kenya a fixé les limites de sa zone économique exclusive (ZEE). Le Kenya a notamment accordé trois permis d'exploration pétrolière dans la zone concernée à la compagnie italienne ENI, contestés par la Somalie.

En 2009, les deux voisins avaient convenu de régler leur différend par des négociations bilatérales. Mais ces dernières n'ont pas abouti. La Somalie a saisi en 2014 la CIJ qui, malgré les contestations du Kenya, s'est déclarée compétente en février 2017.

Les tensions entre les deux voisins ont atteint un pic en février 2019 lorsque Nairobi a rappelé son ambassadeur à Mogadiscio, accusant la Somalie d'avoir mis aux enchères des gisements pétroliers et gaziers dans la zone contestée.

En mars, Nairobi a indiqué qu'il n'assisterait plus aux audiences de la Cour après le refus de la juridiction d'autoriser de nouveaux délais dans cette affaire. Vendredi, le Kenya a annoncé qu'il ne reconnaissait pas la compétence de la CIJ.

"En plus de retirer sa participation à l'affaire en cours, le Kenya (...) s'est également joint à de nombreux autres membres des Nations unies pour retirer sa reconnaissance de la juridiction obligatoire de la cour", a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

"Le prononcé du jugement sera l'aboutissement d'un processus judiciaire défectueux contre lequel le Kenya a émis des réserves et dont il s'est retiré", a-t-il ajouté.

"En tant que nation souveraine, le Kenya ne sera plus soumis à une cour ou un tribunal international sans son consentement exprès", a-t-il poursuivi, accusant la juridiction de "partialité évidente et inhérente".

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