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L'Ukraine se prépare à la chute de Marioupol et à un assaut russe dans l'Est


Un bâtiment incendié au cours du conflit Ukraine-Russie, dans la ville portuaire méridionale de Marioupol, Ukraine le 10 avril 2022. (REUTERS/Alexander Ermochenko)
Un bâtiment incendié au cours du conflit Ukraine-Russie, dans la ville portuaire méridionale de Marioupol, Ukraine le 10 avril 2022. (REUTERS/Alexander Ermochenko)

La fin de la résistance à Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine, semblait imminente lundi soir, les forces ukrainiennes annonçant se préparer à la chute de ce port stratégique.

Kiev a également annoncé s'attendre sous peu à une offensive majeure dans la région du Donbass, dans l'est de l'Ukraine. "Selon nos informations, l'ennemi a presque terminé sa préparation pour un assaut sur l'est. L'attaque aura lieu très prochainement", a averti le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, Oleksandre Motouzianik.

La Russie accusée de multiplier les attaques contre des cibles civiles en Ukraine
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A Washington, un haut responsable du Pentagone a confirmé que les forces russes se renforcent autour du Donbass, et notamment près de la ville stratégique d'Izioum.

"Nous avons constaté des efforts des Russes pour se réapprovisionner et se renforcer dans le Donbass", a déclaré ce responsable, mentionnant notamment une colonne de chars au nord d'Izioum.

Le Pentagone a précisé à la presse que cette colonne de chars comprend également un bataillon de soutien de maintenance d'hélicoptères et des unités de logistique pour l'infanterie.

Sur le plan diplomatique, le chancelier autrichien Karl Nehammer, premier responsable européen à se rendre à Moscou depuis l'invasion de l'Ukraine, a rencontré le président russe Vladimir Poutine et s'est dit "pessimiste" face à sa "logique de guerre".

"Il ne faut pas se faire d'illusions. Le président Poutine est entré massivement dans une logique de guerre et il agit en conséquence" dans l'espoir d'enregistrer "un succès militaire" rapide, a-t-il ajouté. "Il y a peu d'intérêt du côté russe pour une rencontre directe" avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

- "Nous avons fait le possible et l'impossible" -

"Aujourd'hui sera probablement l'ultime bataille" à Marioupol "car nos munitions s'épuisent", a écrit lundi sur Facebook la 36e brigade de la marine nationale des forces armées ukrainiennes, qui combat dans cette ville, assiégée depuis plus de 40 jours par l'armée russe et largement détruite.

"Ce sera la mort pour certains d'entre nous et la captivité pour les autres. Nous ne savons pas ce qu'il va se passer, mais nous vous demandons vraiment de vous souvenir (de nous) avec un mot gentil", a demandé la 36e brigade aux Ukrainiens.

"Pendant plus d'un mois, nous avons combattu sans réapprovisionnement en munitions, sans nourriture, sans eau", faisant "le possible et l'impossible", a ajouté cette unité, précisant que "la moitié" de ses membres sont blessés.

Les Russes font depuis des semaines le siège de Marioupol, dont la prise leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux sur la bande côtière le long de la mer d'Azov en reliant les régions du Donbass à la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.

Le chef des séparatistes prorusses de Donetsk a affirmé lundi que ses forces avaient conquis entièrement la zone portuaire de Marioupol. "Concernant le port de Marioupol, il est déjà sous notre contrôle", a déclaré Denis Pouchiline, en direct sur la chaîne russe Pervy Kanal.

"Je suis le premier à trouver la force de dire" que les forces ukrainiennes ne peuvent pas libérer Marioupol, "c'est désormais impossible militairement", avait déclaré dimanche soir sur Youtube Oleksiï Arestovitch, un conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Volodymyr Zelensky a affirmé que la Russie avait "complètement détruit" Marioupol, et dit redouter que des "dizaines de milliers de personnes" y aient péri.

Les forces ukrainiennes ont par ailleurs continué ce weekend à fortifier leurs positions dans l'Est, autour du Donbass et dans cette région, dont une partie est contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses.

Après avoir revu ses plans à la baisse et retiré ses troupes de la région de Kiev et du nord de l'Ukraine, Moscou a fait de la conquête totale du Donbass son objectif prioritaire.

- "Enfer humanitaire" -

Des analystes estiment que Vladimir Poutine, embourbé face à la résistance acharnée des Ukrainiens, veut obtenir une victoire dans cette région avant le défilé militaire du 9 mai marquant sur la Place Rouge la victoire soviétique sur les nazis.

"La semaine prochaine", "les troupes russes passeront à des opérations encore plus importantes dans l'est", a averti dimanche M. Zelensky.

"La bataille pour le Donbass durera plusieurs jours, et pendant ces jours nos villes pourraient être complètement détruites", a prédit pour sa part sur Facebook Serguiï Gaïdaï, le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, dans le Donbass, en appelant de nouveau les civils à quitter la région. Selon lui, "le scénario de Marioupol peut se répéter dans la région de Lougansk".

"Sur tout son territoire, la région est sous le feu", a-t-il ajouté lundi soir sur Telegram.

Le ministère de la Défense russe a accusé dimanche les Ukrainiens et les Occidentaux de provocations "monstrueuses et sans pitié" et de meurtres de civils à Lougansk.

A Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne étudiaient lundi un sixième paquet de sanctions contre Moscou, qui ne touchera toutefois pas les achats de pétrole et de gaz.

Le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell avait annoncé son intention de lancer lundi la discussion sur un embargo pétrolier, "mais une proposition formelle n'est pas sur la table", avait reconnu vendredi un haut fonctionnaire européen.

- La "faim dans le monde" -

A l'issue de cette réunion, Josep Borrell a accusé la Russie de "provoquer la faim dans le monde" avec la guerre en Ukraine, en détruisant les stocks de blé et en empêchant de l'exporter à l'étranger.

"Ils provoquent la pénurie. Ils bombardent des villes ukrainiennes et provoquent la faim dans le monde", a-t-il déclaré.

Volodymyr Zelensky a appelé les Occidentaux à "suivre l'exemple du Royaume-Uni", dont le Premier ministre Boris Johnson a effectué une visite surprise en Ukraine samedi, en imposant "un embargo total sur les hydrocarbures russes".

Lundi, la banque française Société Générale, très impliquée jusqu'ici en Russie, s'est ajoutée à la liste des entreprises occidentales qui ont annoncé cesser leurs activités dans le pays depuis l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes le 24 février.

Quelques heures plus tard, le fabricant suédois d'équipements télécoms Ericsson a indiqué suspendre ses activités en Russie, où il fournit deux des principaux opérateurs de téléphonie mobile.

Dans les environs de Kiev, occupés plusieurs semaines durant par l'armée russe, la recherche des corps se poursuit. "A ce jour, nous avons 1.222 personnes tuées, pour la seule région de Kiev", a déclaré dimanche la procureure générale Iryna Venediktova.

Elle n'a pas précisé si les corps découverts étaient exclusivement ceux de civils, mais elle a également fait état de 5.600 enquêtes ouvertes pour crimes de guerre présumés depuis le début de l'invasion russe, dont ceux de Boutcha.

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