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L'ONU condamne des violences des forces de l'ordre burkinabè contre des réfugiés maliens


Des femmes maliennes marchent dans le camp de réfugiés de Goudebou au Burkina Faso, 26 juillet 2013. PHOTO AFP / AHMED OUOBA / PHOTO AFP / AHMED OUOBA
Des femmes maliennes marchent dans le camp de réfugiés de Goudebou au Burkina Faso, 26 juillet 2013. PHOTO AFP / AHMED OUOBA / PHOTO AFP / AHMED OUOBA

Le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a condamné lundi dans un communiqué des violences des forces de sécurité burkinabè contre des réfugiés maliens au Burkina Faso, qui ont fait selon lui 32 blessés samedi.

Selon le HCR, qui s'appuie sur des témoignages de réfugiés, les forces de sécurité (burkinabè) ont frappé "à coup de matraque, ceinturon et corde" "des hommes et des garçons" du camp de Mentao, qui abrite 6.500 réfugiés maliens.

Ce camp est situé à 20 kilomètres au sud de la ville de Djibo, dans le nord du Burkina, région frontalière du Mali régulièrement ciblée par des attaques jihadistes depuis cinq ans.

A la suite d'une "attaque contre des soldats, plus tôt dans la journée" (un soldat a été tué et un autre est porté disparu), "les forces de sécurité sont entrées dans le camp, à la recherche d'individus armés impliqués dans l'attaque", et ont "procédé à une recherche porte-à-porte (...) forçant les hommes et les garçons à sortir avant de les frapper", "faisant 32 blessés", a affirmé le HCR.

"Les réfugiés se sont vus accusés de complicité à l'égard des assaillants non-identifiés et ordonner de quitter le camp dans les 72 heures, sous peine de mort", a-t-il ajouté.

"Tous les réfugiés blessés reçoivent actuellement des soins au centre de santé de Djibo, dont quatre pour des fractures", a précisé l'organisation, qui réclame "l'ouverture urgente d'une enquête".

"De tels actes de la part des forces de sécurité sont totalement inacceptables", a déclaré Millicent Mutuli, directrice du bureau régional du HCR pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, citée dans le communiqué.

Le HCR a réitéré son appel au gouvernement burkinabè pour relocaliser les réfugiés du camp de Mentao "vers un endroit plus sûr".

Le HCR avait évacué son personnel de Mentao en novembre 2019 en raison de l'insécurité persistante, rappelle-t-il. "L'accès au camp est sporadique, alors que les conditions (de vie) des réfugiés, essentiellement des femmes et des enfants, y sont désespérées, l'école, le centre de santé ainsi que le poste de sécurité ayant fermé".

La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), mouvement militaire malien à dominante touareg, a également condamné dans un communiqué lundi la "descente musclée" des forces burkinabè dans le camp de Mentao.

La CMA appelle "les autorités burkinabé" à "prendre toutes les dispositions nécessaires pour mettre un terme" à la situation de "boucs émissaires" dans laquelle se trouvent "les réfugiés, déjà extrêmement vulnérables", selon son porte-parole Ag Eouegh Ibrahim Eouari.

Les forces de sécurité burkinabè, ainsi que celles des pays voisins, Mali et Niger, qui luttent contre des groupes jihadistes, sont régulièrement accusées d'exactions, y compris d'exécutions extrajudiciaires, à l'encontre de civils.

Le 20 avril, Human Rights Watch a accusé les forces de sécurité burkinabè d'avoir exécuté 31 habitants de Djibo "lors d'une parodie brutale d'opération antiterroriste" le 9 avril.

Le 30 avril, la Mission de l'ONU au Mali, la Minusma, a dénoncé 101 exécutions extrajudiciaires au premier trimestre au Mali par les forces de sécurité maliennes, plus une trentaine commises par l'armée nigérienne sur le territoire malien.

Les violences jihadistes mêlées à des conflits intercommunautaires, qui touchent l'ensemble du Sahel, ont fait au total 4.000 morts au Mali, au Niger et au Burkina Faso en 2019, selon l'ONU.

Le Burkina dénombre plus de 800 morts et près de 860.000 déplacés depuis 2015.

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