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L'Italie à la recherche d'un gouvernement...et de la confiance du Parlement


L'ancien haut responsable du Fonds monétaire international, Carlo Cottarelli, au Palais du Quirinal à Rome, en Italie, le 29 mai 2018 pour une rencontre avec le président italien Sergio Mattarella.
L'ancien haut responsable du Fonds monétaire international, Carlo Cottarelli, au Palais du Quirinal à Rome, en Italie, le 29 mai 2018 pour une rencontre avec le président italien Sergio Mattarella.

Carlo Cottarelli, chargé par le président italien Sergio Mattarella de former un nouveau gouvernement, devrait lui présenter mercredi un liste des ministres, mais sans aucune chance de dénouer la crise, le Parlement étant dominé par les populistes eurosceptiques.

Mardi, Carlo Cottarelli "a informé le chef de l'Etat de la situation et tous deux se reverront demain matin", avait simplement déclaré à la presse le porte-parole de la présidence, Giovanni Grasso, après que M. Cottarelli soit ressorti au bout de quelques dizaines de minutes du bureau présidentiel sans faire de déclaration.

Le nouveau gouvernement n'a aucune chance d'obtenir la confiance d'un Parlement dominé par les populistes eurosceptiques. Il devrait se contenter d'expédier les affaires courantes avant de nouvelles élections.

Sortis vainqueurs des législatives du 4 mars, la Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 Etoiles (M5S, populiste), qui avaient négocié un programme de gouvernement tournant résolument le dos à l'austérité, sont vent debout contre le gouvernement à venir, dont le chef incarne la rigueur budgétaire qu'ils combattent.

Mais le nom de Carlo Cottarelli n'a pas non plus suffi à freiner l'onde défiance qui traverse l'économie italienne. Le "spread", l'écart entre les taux d'emprunt italien et allemand à dix ans, a fini la journée à 303 points (+ 68), tandis que la Bourse de Milan a terminé en baisse de 2,65%.

Dans cette situation tendue, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a affirmé que les marchés financiers ne sauraient dicter le vote des Italiens, désavouant des propos attribués au commissaire au Budget Günther Oettinger qui ont provoqué une polémique en Italie.

M. Juncker "tient à faire part de sa conviction que le sort de l'Italie ne saurait dépendre des injonctions que pourraient lui adresser les marchés financiers", a déclaré la Commission dans un communiqué diffusé quelques heures après une mise en garde du commissaire Oettinger sur un "signal des marchés" aux électeurs italiens.

Ce dernier a calmé le jeu en fin de journée, assurant qu'"en faisant référence à l'évolution réelle du marché en Italie, (il) ne voulait pas être irrespectueux" et ajoutant : "Je m'en excuse".

La Bourse de New York a été ébranlée mardi par les effets de la crise politique italienne, qui a touché de plein fouet les valeurs bancaires à Wall Street en faisant chuter les taux d'intérêt américains.

Le Trésor américain a estimé dans la foulée qu'il était préférable pour l'Italie de s'efforcer de sortir de sa crise politique en restant au sein de la zone euro.

Ancien haut responsable du Fonds monétaire international (FMI), Carlo Cottarelli a été désigné lundi, au lendemain du veto spectaculaire mis par M. Mattarella à un gouvernement alliant la Ligue et le M5S sans garantie du maintien de l'Italie dans l'euro.

Elections dès juillet ?

Une décision que les dirigeants des deux formations antisystème ont dénoncé avec virulence, estimant qu'elle ne respectait pas le vote des Italiens.

"Je conteste une erreur importante dans le fait de dire non à un gouvernement qui avait une majorité, un programme et une liste de ministres", s'est insurgé Matteo Salvini, le patron de la Ligue, qui avait annoncé lundi que les futures élections seraient "un plébiscite", que ce serait "le peuple et la vraie vie contre les vieilles castes".

"Samedi et dimanche, nous serons dans plus de 1.000 lieux publics à travers le pays pour expliquer les idées, l'avenir et le programme de la Ligue et aussi recueillir des signatures pour qu'à l'avenir le président de la République (...) soit élu directement par les citoyens", a ajouté M. Salvini.

Luigi Di Maio, le chef de file du M5S, a plaidé pour un retour aux urnes "le plus tôt possible", tandis que des médias commençaient à évoquer la date du 29 juillet.

Il militait aussi pour obtenir la destitution de M. Mattarella, une procédure parlementaire qui n'est possible qu'en cas de "haute trahison" ou d'"atteinte" à la Constitution de la part du chef de l'Etat, mais y a finalement renoncé.

"L'hypothèse destitution n'est plus sur la table car Salvini n'en veut pas" et donc il n'y a pas la majorité parlementaire nécessaire pour cette procédure, a-t-il dit mardi soir devant ses sympathisants à Naples.

Pour l'instant, les sondages évoquent des intentions de vote stables ou en très légère baisse pour le M5S, qui a obtenu plus de 32% des voix en mars, et en nette hausse pour la Ligue, qui dépasse désormais les 20%, parfois largement, après obtenu 17% en mars au sein de la coalition de droite.

Les médias ont évoqué la possibilité que M. Salvini n'a pas complètement rejetée, d'un accord électoral entre la Ligue et le M5S susceptible d'offrir une large majorité aux populistes. A moins qu'une réforme électorale n'introduise suffisamment de scrutin majoritaire pour permettre à l'un des deux camps de gouverner seul.

Avec AFP

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