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L'exode massif des agents de la santé, un défi majeur pour le Nigeria


Certains médecins nigérians à la recherche d'emploi en Arabie Saoudite pressent à l'agence de recrutement à Abuja, le 30 août 2021.
Certains médecins nigérians à la recherche d'emploi en Arabie Saoudite pressent à l'agence de recrutement à Abuja, le 30 août 2021.

Les médecins évoquent les mauvaises conditions de travail pour justifier leur départ.

Un nombre croissant de médecins quittent le Nigeria, un phénomène qui inquiète les autorités sanitaires. Plusieurs centaines de médecins nigérians ont postulé la semaine dernière à Lagos et à Abuja pour des emplois en Arabie Saoudite.

S'il est vrai que l'exode des médecins nigérians vers le Royaume-Uni, les Etats-Unis, le Canada ou l’Arabie Saoudite remonte à il y a longtemps, la dernière vague de départs massifs inquiète les populations, surtout en période pandémie mondiale.

Des statistiques disponibles indiquent que sur près de 72.000 médecins inscrits comme membres du Conseil national médical et dentaire nigérian, approximativement 35 000 seulement travaillent sur place. Pour ce pays de plus de 200 millions d’habitants, il y a déjà un déficit important du personnel dans le secteur de santé du pays.

Pour leur part, les médecins évoquent les mauvaises conditions de travail pour justifier leurs départs. Plusieurs centaines de médecins sont venus à l’agence de recrutement de l’Arabie Saoudite à Abuja pour des entretiens d’emplois considérés mieux rémunérés à l’étranger.

"Nous sommes vraiment déçus et moi personnellement je suis déçu. Je travaille dans un département très sensible de mon hôpital. Mais dans notre hôpital nous n’avons même pas les équipements de base. J’achète moi même certains équipements nécessaires pour mon travail juste pour répondre aux besoins de mes patients", explique un docteur qui n'a pas souhaité donner son nom.

Beaucoup de médecins ont trois à quatre différents lieux d’emplois pour pouvoir simplement gagner leur vie au Nigeria.

"Je suis diplômée de l’école de médecine depuis avril 2011. Mon professeur d’université est là. C’est la première personne que j’ai aperçue à mon arrivée ici. Un vétéran consultant pédiatre. Vous comprenez ce que cela veut dire ? Mon professeur qui m’a enseigné il y a plusieurs années. Je suis déçu de mon pays, de nos leaders", lance cette autre médecin.

L’insécurité au Nigeria est un autre facteur important qui oblige d’autres médecins à partir vers des pays stables pour exercer leur profession.

"Il y a beaucoup de facteurs qui découragent. Vous entendez parler du banditisme, des enlèvements, un conflit qui ne se termine pas, toutes ces choses n’encouragent pas. Et si vous avez un endroit où vous pouvez travailler, un endroit calme où vous pouvez utiliser vos talents et être mieux rémunéré ce n’est pas mieux?", s'interroge un autre postulant.

Les autorités sur la défensive

Ce recrutement massif de médecins nigérians par des agences étrangères s’effectue à un moment où les médecins résidents de tout le pays, sont en grève illimitée pour protester contre le non paiement des arriérés de salaires et le manque d’équipements dans les centres hospitaliers du pays.

Le ministre nigérian de la Santé, Osagie Ohaniré, a récemment affirmé que le défi de la fuite des cerveaux et le désir des médecins de trouver un emploi à l’étranger est un phénomène courant dans les pays du tiers monde comme le Nigeria, soulignant que son gouvernement fournit assez d’efforts pour empêcher l’exode des médecins nigérians.

"L’une des raisons pour lesquelles nous accordons les primes de risque de travail et autres primes c’est pour essayer de changer les choses et améliorer les salaires. C’est cela notre objectif", a déclaré le ministre Ohaniré.

Selon le Dr Osahon Enabulele, ancien président du Syndicat national des médecins résidents, "Le gouvernement doit faire plus pour résoudre les problèmes qui reviennent chaque fois. Il faut continuer à discuter pour des solutions au lieu de s’engager dans les menaces et des déclarations qui ne concourent pas au progrès de la profession médicale".

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