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L'ex-patriarche orthodoxe réapparait en public en Erythrée


Une messe orthodoxe pour la population érythréenne, à Bethlehem, le 7 janvier 2012.
Une messe orthodoxe pour la population érythréenne, à Bethlehem, le 7 janvier 2012.

L'ancien chef de l'église orthodoxe d'Érythrée a effectué sa première apparition publique depuis son placement en résidence surveillée il y a dix ans en participant dimanche à une messe à Asmara, a rapporté lundi l'ONG britannique Christian Solidarity Worldwide (CSW).

L'ex-patriarche Abune Antonios a pris part à une messe en la cathédrale Sainte-Marie d'Asmara devant une centaine de fidèles, écrit sur son site internet CSW en s'appuyant sur des sources anonymes.

Cette apparition publique est le résultat "de nombreuses prières et de beaucoup de pressions", selon ces sources, dont CSW précise qu'elles n'ont pas été en mesure de déterminer si le patriarche avait été libéré de manière temporaire ou définitive.

Le dignitaire, qui vient d'avoir 90 ans, vivait en résidence surveillée depuis le 27 mai 2007, selon la Commission américaine pour la liberté de religion internationale, qui a fait campagne pour sa libération.

Début 2006, il avait été démis de ses fonctions de patriarche par les autorités érythréennes après avoir appelé à la libération de prisonniers politiques et refusé d'excommunier 3.000 opposants au gouvernement, selon la même source.

Le site d'opposition www.asmarino.com avait à l'époque assuré qu'Abune Antonios avait été évincé pour avoir critiqué les interférences de l'État dans les activités de l'Église, une accusation fermement démentie par les autorités.

L'Église érythréenne avait nommé en 2007 un nouveau patriarche, Abune Dioskoros, lequel est décédé en décembre 2015.

Signe de cette succession controversée, Antonios avait continué à être reconnu comme le chef légitime de l'Eglise orthodoxe par le siège de l'Eglise copte orthodoxe à Alexandrie, en Egypte.

La religion est un sujet sensible en Erythrée, où le gouvernement tient à une unité nationale au sein des six millions d'habitants officiellement également répartis entre musulmans et chrétiens.

L'Eglise orthodoxe, qui a des racines anciennes en Erythrée, est l'une des quatre religions autorisées, avec le catholicisme romain, le protestantisme et l'islam.

"C'est encourageant d'entendre que le patriarche Antonios a été en mesure de participer à une messe, après une décennie de détention sans contact avec l'extérieur", a déclaré sur le site Mervyn Thomas, le directeur général de CSW.

"Nous attendons des clarifications sur les termes de sa libération et nous espérons profondément que le patriarche est finalement libre et sera rétabli dans ses fonctions sans conditions", a-t-il ajouté.

Très récemment, la France et le Parlement européen avaient appelé à la libération d'Abune Antonios.

L'Érythrée est contrôlée d'une main de fer par le président Issaias Afeworki depuis son indépendance de l'Éthiopie en 1993.

Le pays, l'un des plus pauvres d'Afrique, figure systématiquement dans les dernières places des classements internationaux en matière de libertés politiques, d'expression ou droits de l'homme fondamentaux. Arrestations arbitraires, tortures et disparitions d'opposants politiques sont fréquemment rapportées.

Avec AFP

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