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L'Egypte promulgue une loi controversée contre la "cybercriminalité"


Le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi au Site Neom près de Maqnah, au nord-ouest de l'Arabie Saoudite, le 14 août 2018.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi au Site Neom près de Maqnah, au nord-ouest de l'Arabie Saoudite, le 14 août 2018.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a promulgué une loi controversée de "lutte contre la cybercriminalité", selon le Journal officiel publié samedi, au moment où Internet est dans le collimateur du régime.

Les organisations de défense des droits de l'Homme dénoncent régulièrement les violations des libertés par le régime du président Sissi, notamment sur la Toile.

En vertu de la nouvelle loi, les autorités pourront bloquer, par l'intermédiaire d'un juge, tout site dont le contenu constitue, selon elle "une menace pour la sécurité nationale" ou pour "l'économie nationale".

Plus de 500 sites d'informations ou d'ONG sont actuellement bloqués en Egypte, selon l'Association pour la liberté de pensée et d'expression (AFTE), basée au Caire.

Les organisations ou personne visées par une mesure de blocage, tout comme le parquet, pourront faire appel.

La nouvelle loi prévoit aussi une peine de prison d'un an et une amende de 50.000 à 100.000 livres égyptiennes (environ 2.440 à 4.885 euros) pour "toute personne qui accède délibérément ou par erreur, et sans raison valable, à un site, un compte privé ou un système informatique dont l'accès est interdit".

Au moins deux ans d'emprisonnement et 100.000 livres égyptiennes d'amende (4.885 euros) sont également encourus par "tous ceux qui créent, dirigent ou utilisent un site ou un compte privé dans le but de commettre ou faciliter la commission de crimes punis par la loi".

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Une peine de prison ferme est nécessairement prononcée si la commission des crimes mentionnés dans la loi vise notamment à "violer l'ordre public", "porter atteinte à la sécurité nationale" ou encore "nuire à l'unité nationale et la paix sociale".

Plusieurs internautes et blogueurs, critiques du gouvernement ou connus pour leurs commentaires ou dessins satiriques, ont récemment été arrêtés et placés en détention. Les autorités leur reprochent d'appartenir à des "groupes interdits" et de diffuser des "fausses nouvelles".

Une autre loi, encore non promulguée par le président, vise à contrôler davantage les médias. Le texte, voté par le Parlement en juillet, renforce la supervision des autorités sur les sites, blogs mais également sur les personnes comptant plus de 5.000 abonnés sur les réseaux sociaux.

Le Conseil supérieur de régulation des médias, connu pour ses diatribes contre les médias étrangers et les programmes télévisés jugés trop connotés sexuellement, pourrait suspendre ou bloquer ces sites ou comptes s'il juge qu'ils "publient ou diffusent de fausses nouvelles".

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En juillet, l'organisation de défense des droits humains Amnesty International avait qualifié ces deux lois, alors encore en projet, d'"atteintes aux libertés en ligne".

Dans un contexte sécuritaire et économique tendu, les autorités affirment de leur côté vouloir lutter contre le "terrorisme" et tout ce qui nuit, selon elles, aux "intérêts du pays".

Avec AFP

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