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L'Angola et la RDC rénovent une ligne de train pour exporter des matières premières


Des marchands ambulants vendent leurs produits sur un marché improvisé en face d'une voie ferrée dans le quartier de Viana à Luanda, le 22 août 2017.
Des marchands ambulants vendent leurs produits sur un marché improvisé en face d'une voie ferrée dans le quartier de Viana à Luanda, le 22 août 2017.

L'Angola et la République démocratique du Congo (RDC) ont décidé de rénover une ligne de chemin de fer reliant les régions minières congolaises à l'Océan Atlantique dans l'espoir de relancer les exportations de minerais et leurs économies.

Plus tôt cette semaine, Luanda et Kinshasa ont accordé à un groupe d'investisseurs une concession de 30 ans pour exploiter la ligne reliant le port angolais de Lobito à Kolwezi, au cœur de la région productrice de minerais, et notamment de cuivre, en RDC.

En partie financé par les Etats-Unis, ce projet d'un coût de 555 millions de dollars devrait permettre de développer l'exportation entre autres de minerai de cuivre, le commerce régional et de resserrer les liens de l'Angola avec les pays occidentaux.

S'étendant sur environ 1.700 km, cette ligne de chemin de fer a été construite il y a 100 ans par des investisseurs britanniques.

Mais la partie angolaise de la ligne a été fermée au plus fort de la guerre civile qui a ravagé le pays entre 1975 et 2002, et ensuite laissée à l'abandon.

Reconstruite par une société chinoise, elle a rouvert en 2015, mais le trafic n'a jamais vraiment repris, avec environ un train toutes les deux semaines, selon Vecturis, l'opérateur belge qui la gère et fait aujourd'hui partie de la nouvelle concession.

La partie congolaise qui remonte à l'époque coloniale a été peu entretenue, selon Marcel Lungange, chargé des infrastructures auprès de la SNCC, la compagnie nationale des chemins de fer de la RDC.

"Nous avons en moyenne trois déraillements par jour en raison de la vétusté des voies ferrées, nos locomotives roulent dans beaucoup d'endroits à deux km/h", a-t-il déclaré à l'AFP.

Long et très coûteux

Face à cette situation, les compagnies minières préfèrent transporter le minerai par la route vers Lobito et d'autres ports souvent saturés en Tanzanie, Kenya, Mozambique ou Afrique du Sud, mais ce transport très coûteux prend des semaines.

Or, avec une demande pour certains minerais essentiels pour la transition énergétique, qui devrait quadrupler d'ici à 2040, selon l'Agence internationale de l'énergie, de nouvelles routes d'exportation sont indispensables, selon Louis Watum, président de la Chambre des mines de RDC.

La RDC est le premier producteur mondial de cobalt et le premier producteur africain de cuivre, deux minerais utilisés dans la fabrication de panneaux solaires ou de voitures électriques.

"On a déjà d'immenses files de camions" au poste frontière routier entre la Zambie et la RDC, qui permet ensuite de gagner les ports africains sur l'Océan Indien, a-t-il assuré à l'AFP.

Le consortium, qui comprend le trader de matières premières Trafigura et l'entreprise de construction portugaise Mota-Engil, espère ramener à moins de 36 heures le temps de trajet entre la RDC et Lobito, avec au moins six trains par jour d'ici les cinq prochaines années.

Pour y parvenir, il compte investir quelque 455 millions de dollars en Angola, y compris en achetant plus de 1.500 wagons ou locomotives, en réparant les ponts ou les voies.

Jusqu'en Zambie

Une autre enveloppe de quelque 100 millions de dollars ira en RDC et le consortium n'exclut pas de prolonger la voie jusqu'en Zambie.

La moitié de ces sommes sera financée par le DFC, l'International Development Finance Corporation, une agence gouvernementale américaine.

Ce financement intervient au moment où la Chine et les Etats-Unis sont en compétition sur le sol africain pour s'assurer un accès aux ressources naturelles.

Il marque aussi un changement dans la diplomatie angolaise. Ce pays riche en pétrole entretient de longue date des liens étroits avec la Chine et la Russie.

L'Angola et la RDC espèrent aussi en tirer bénéfice économique régional.

"Notre intérêt pour le corridor (ferroviaire) est de renforcer le commerce entre nos deux nations", a déclaré sur ce point le ministre angolais des Transports Ricardo D'Abreu. L'agriculture pourrait aussi bénéficier de cette nouvelle infrastructure de transport, a-t-il souligné.

Un renouveau de cette ligne ferroviaire pourrait augmenter le Produit intérieur brut (PIB) de ces trois pays de 177 milliards de dollars, a assuré le gouvernement angolais la semaine dernière, sans préciser l'échéance permettant de parvenir à ce résultat.

L'Afrique est riche de projets d'infrastructure jamais terminés, a averti l'analyste indépendante Marisa Lourenco, tout en se disant "raisonnablement optimiste". Les travaux devraient commencer dans les trois prochains mois, selon Vecturis.

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