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L'Angola dans la tourmente après des années de boom économique


José Eduardo dos Santos, et sa fille Isabel dos Santos, Luanda, 28 août 2012 ( EPA/PAULO NOVAIS)
José Eduardo dos Santos, et sa fille Isabel dos Santos, Luanda, 28 août 2012 ( EPA/PAULO NOVAIS)

Après la fin de la guerre civile en Angola en 2002, Luanda est devenue une mini version africaine de Dubaï où l'argent du pétrole coulait à flots et des gratte-ciel sortaient de terre. Aujourd'hui, nombre de bureaux neufs restent vacants, alors que le pays encaisse la chute, depuis deux ans, des cours de l'or noir.

En juin, à la suite de la baisse vertigineuse du kwanza, la monnaie locale, la capitale angolaise a été détrônée à la tête du classement des villes les plus chères du monde pour les expatriés, selon l'étude du cabinet américain Mercer.

Luanda figure cependant à la deuxième place, juste derrière Hong Kong, à cause des prix exorbitants d'une bouteille d'eau importée ou encore des locations immobilières.

Au supermarché haut de gamme Candando dans le quartier de Talatona, Katia Carreta, une cliente angolaise de 46 ans, explique que "les prix sont bien trop élevés pour les salaires".

"Les produits coûtent trop cher pour maintenir notre mode de vie", ajoute cette mère de quatre enfants, dont le mari travaille dans une société de construction.

Les rayons de Candando - le supermarché qui promet, selon son slogan, que "Tout ira mieux" - sont très bien achalandés, avec des produits frais, des plats préparés de grande qualité et un espace pour une pause café. Les prix sont à l'avenant.

La demi-douzaine d'oeufs coûte l'équivalent de 3,5 dollars, tout comme un paquet de fromage importé, tandis qu'un gros sac de riz ou trois filets de saumon se vendent 30 dollars.

Loin du quartier flambant neuf de Talatona, de nombreux habitants de Luanda vivent dans des bidonvilles, avec des maisonnettes en tôle à perte de vue.

Une épidémie de fièvre jaune s'est déclarée l'an dernier dans la ville, où s'amoncellent les ordures en raison notamment des coupes drastiques dans les dépenses municipales.

En Angola, deuxième producteur d'or noir d'Afrique, plus d'un tiers de la population vit dans la pauvreté alors que la croissance du PIB a atteint des taux exceptionnels de 20% en 2007, pour retomber à moins de 2% en 2016.

Le président Jose Eduardo dos Santos, au pouvoir depuis 1979, s'est engagé à diversifier l'économie, complètement dépendante du pétrole, la protéger contre les fluctuations du cours de l'or noir, et partager les richesses. Mais sur le terrain, les résultats se font attendre.

- Inflation à 30% -

"L'objectif de l'Angola doit être la diversification, l'industrialisation et l'agriculture", explique à l'AFP Jorge Pinto, un ingénieur représentant l'Association des industries angolaises. "Nous sommes un pays qui importe 95% de ses produits et notre capacité à importer s'est réduite compte tenu de la baisse des cours du pétrole."

"L'inflation dépasse les 30%. L'huile, le riz et le poulet sont des produits essentiels, mais les familles n'ont pas les moyens de les acheter", constate-t-il. "La demande d'immobilier est aussi tellement faible que les entreprises de construction n'ont d'autre choix que de mettre à l'arrêtleurs chantiers."

Dans des restaurants et boîtes de nuit branchés le long de la plage en ville, des portefeuilles restent cependant encore bien remplis. Une bière coûte 12 dollars, et le restaurant de fruits de mer Lookal Mar, avec vue sur l'océan Atlantique, propose du homard à 200 dollars le kilo.

Le dollar s'échange officiellement à 170 kwachas, mais au marché noir à 600 kwachas. Une telle différence est de mauvaise augure pour l'avenir, selon les analystes qui soupçonnent le gouvernement de se voiler la face sur la situation économique.

Le président dos Santos a récemment pris de cours les observateurs en renonçant à négocier un prêt auprès du Fonds monétaire international (FMI).

"On s'interroge sur la capacité du gouvernement à évaluer la nécessité de réforme", commente Soren Kirk Jensen, spécialiste de l'Angola au centre de réflexion londonien de Chatham House.

"La dernière décennie a été une occasion manquée. Il est aujourd'hui beaucoup plus difficile de diversifier l'économie que lorsque le pays avait beaucoup de devises étrangères. On parle de magasins qui manquent de produits importés, explique-t-il à l'AFP. La situation est très problématique."

bgs/bed/jlb

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