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Les ONG rèclame la fin de la justice des vainqueurs en Côte d'Ivoire


Le président Alassane Ouattara à Abidjan en mai 2018. (VOA/Ibrahim Tounkara)
Le président Alassane Ouattara à Abidjan en mai 2018. (VOA/Ibrahim Tounkara)

Une dizaine d’organisations de défense des droits de l’homme demandent au président ivoirien, à deux ans de la fin de son mandat, de tout mettre en œuvre pour accélérer les procédures judiciaires liées à la crise post-électorale de 2010-2011.

Ces ONG ont récemment adressé, au nom des victimes, une lettre au président ivoirien, lui demandant de tenir ses promesses électorales en matière de justice.

Des avocats au Palais de la Justice à Abidjan, Côte d’Ivoire, mai 2018. (VOA/Ibrahim Tounkara)
Des avocats au Palais de la Justice à Abidjan, Côte d’Ivoire, mai 2018. (VOA/Ibrahim Tounkara)

La Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, la FIDH, Human Rights Watch et la Ligue ivoirienne des droits de l’homme, la Lidho, sont parmi les signataires.

"Le constat que nous faisons, c’est que les belles promesses faites par le président Ouattara sont restées lettres mortes dans le domaine judiciaire. Les victimes sont laissées pour compte. Nous attirons l‘attention du président à deux ans de la fin de son mandat. Il faut qu’il y ait justice, pas d’impunité. Il y va de l’harmonie en Côte d’Ivoire. Nous interpellons le président sur ses promesses ", indique Pierre Kouassi Adjoumani, président de la Lidho.

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Pierre Kouassi Adjoumani, président de la Ligue ivoirienne des droits de l’homme (Lidho) à Abidjan, Côte d’Ivoire, 8 mai 2018. (VOA/Ibrahim Tounkara)
Pierre Kouassi Adjoumani, président de la Ligue ivoirienne des droits de l’homme (Lidho) à Abidjan, Côte d’Ivoire, 8 mai 2018. (VOA/Ibrahim Tounkara)

L’opposition ivoirienne dit souscrire à l’appel de ces organisations de défense des droits de l’homme. Mais, pour Ouattara Gnonzié président du Rassemblement pour la Paix et le Partage (RPP), la justice ivoirienne a les mains liées.

"Je ne doute pas de la compétence de nos magistrats mais ils sont dans un environnement qui ne leur permet pas de s’exprimer librement. Je ne sais pas quel juge pourrait amener un mandat d’arrêt à quelqu’un qui se trouve être l’un des piliers de l’administration actuelle", déclare M. Gnonzié.

Pour la porte-parole du gouvernement ivoirien, Anne Désirée Ouloto, il faut laisser la justice faire son travail en toute indépendance.

Ouattara Gnonzie, président du Rassemblement pour la Paix et le Partage (RPP) à Abidjan, Côte d’Ivoire, 8 mai 2018. (VOA/Ibrahim Tounkara)
Ouattara Gnonzie, président du Rassemblement pour la Paix et le Partage (RPP) à Abidjan, Côte d’Ivoire, 8 mai 2018. (VOA/Ibrahim Tounkara)

" Nous sommes dans un Etat de droit. Il y a tout un mécanisme mis en place pour que la justice fasse son travail. Il faut permettre à la justice de faire toutes les enquêtes nécessaires et à terme, on pourrait tirer toutes les conclusions. Nous, en tant qu’exécutif, nous ne pouvons pas nous substituer à la justice", Mme Ouloto.

Les ONG de défense des droits de l’homme s’insurgent également contre toute mesure d’amnistie à l’égard des auteurs des crimes commis dans le pays.

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"S’il y a une loi d’amnistie, ce sera la porte ouverte à l’impunité. Laurent Gbagbo avait pris une loi d’amnistie mais cela n’a pas empêché de nouvelles violences dans le pays. En cas d’amnistie, ce sont les victimes qui vont en pâtir", prévient Pierre Kouassi Adjoumani de la Lidho.

Sur la question de l’amnistie, l’opposition voit les choses autrement.

Remise du rapport de la Commission nationale d'enquête sur les violences de la crise post-électorale de 2010-2011, à Abidjan, Côte d’Ivoire, 8 mai 2018. (VOA/Ibrahim Tounkara)
Remise du rapport de la Commission nationale d'enquête sur les violences de la crise post-électorale de 2010-2011, à Abidjan, Côte d’Ivoire, 8 mai 2018. (VOA/Ibrahim Tounkara)

"La Côte d’Ivoire est un cas à part. Tant que ce pouvoir est là, certains seront intouchables, des gens mis en cause dans des rapports. S’il y a une loi d’amnistie, on pourrait au moins justifier le fait qu’ils n’aient pas été arrêtés. A défaut d’une loi d’amnistie, il faudrait libérer tous ceux qui sont en prison. Ce serait plus justice", revendique, pour sa part, Ouattara Gnonzie, président du Rassemblement pour le Progrès et la Paix (RPP).

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La crise post-électorale de 2010-2011 a fait officiellement plus de 3.000 morts. Une commission nationale d’enquête mise en place par le président Ouattara avait, dans un rapport rendu public, conclu à la responsabilité des partisans du président Alassane Ouattara et de son prédécesseur Laurent Gbagbo.

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