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"La république des octogénaires" fait bouder certains Camerounais


Marcel Niat Njifenj, président du Sénat au Cameroun (Marcel Niat Njifeni/Facebook)
Marcel Niat Njifenj, président du Sénat au Cameroun (Marcel Niat Njifeni/Facebook)

Au Cameroun, Marcel Niat Njifenji , 86 ans, a été nommé président du Sénat pour un an et pour la sixième fois consécutive, le 14 mars, lors d'une séance plénière. Une telle réélection des octogénaires à des postes de responsabilité suscite des réactions mitigées parmi la population.

En tant que président de la chambre haute du Parlement, Marcel Niat Njifenji remplace le chef de l'Etat en cas d'indisponibilité de ce dernier ou s'il venait de mourir. Il prendrait donc le relais de la présidence et organiserait des élections.

M. Njifenji, président du Sénat depuis la création de l'instance en 2013, a déclaré êre reconnaissant à Paul Biya pour sa réélection à la tête du Sénat.

Selon la constitution camerounaise, si le président Biya mourrait, démissionnait ou était frappé d'incapacité, M. Njifenji prendrait le pouvoir. Les élections pour élire un nouveau président devraient être organisées dans 20 à 120 jours.

M. Niat Njifenji n'est pas le seul octogénaire à gérer un si haut poste. Toujours au Parlement, la chambre basse a réélu, le 13 mars, Cavaye Yeguie Djibril âgé de 81 ans, devenant ainsi la troisième personnalité politique la plus puissante du Cameroun après M. Biya et Marcel Niat Njifenji.

Membre du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), Cavaye Djibril a apprécié que Paul Biya avait rendu sa réélection possible et qu'il était très redevable au chef de l'Etat d'avoir demandé au RDPC de le maintenir à son poste, rapporte la presse camerounaise.

Né à Mada, dans l'arrondissement de Tokombéré du département de Mayo-Sava, dans l'extrême nord du pays, Cavaye Djibril est le président de l'Assemblée nationale depuis 30 ans. C'est un polygame avec quatre femmes et une quinzaine d'enfants. Cavayé Yéguié Djibril est député de la circonscription de Mayo-Sava dans la région du Nord.

De nombreux Camerounais s'attendaient à ce qu'il soit remplacé par un plus jeune législateur. Cependant, Paul Biya a convoqué les 152 législateurs du RDPC pour une réunion d'urgence. Le secrétaire général du RDPC, Jean Nkuete, a déclaré que le président de la République leur avait demandé de réélire M. Cavaye.


Emmanuel Banmi, un député du RDPC de la région anglophone du Nord-Ouest a déclaré avoir obéi aux instructions de la hiérarchie de son parti. Il a déclaré que M. Djibril avait suffisamment d'expérience en tant que président de l'Assemblée nationale.

M. Banmi a déclaré être optimiste que M. Djibril travaillera en collaboration avec le gouvernement pour trouver des solutions au chômage des jeunes et aux nombreux conflits armés auxquels le Cameroun est confronté. Il a déclaré que la priorité serait donnée à l'assistance aux personnes touchées par le COVID-19 et à l'arrêt de la propagation de la pandémie.

À quand le changement et l'alternance?

Nguenang Cosmas, 26 ans, membre du Conseil national de la jeunesse du Cameroun, un organe étatique indépendant qui discute des questions liées au bien-être des jeunes, affirme que les octogénaires empêchent les jeunes d'accéder à des postes de direction au Cameroun.

"Comment pourrions-nous élire des personnes à la tête de la législature qui peuvent à peine marcher?", s'interroge-t-il. "Ils devraient plutôt laisser la jeune génération montrer ce qu’elle est capable de faire", recomande-t-il.

Pourtant, le 10 février, le président camerounais Paul Biya, lui-même âgé de 88 ans, avait évoqué dans un discours à la jeunesse une "transition générationnelle" à laquelle ses jeunes compatriotes devraient se préparer en intégrant divers organes au sein de la sphère publique.

Le politologue et enseignant-chercheur camerounais Moussa Njoya, cité par le magazine The Africa Report, explique que "Comme dans toutes les organisations similaires, le manque de jeunes aux postes de pouvoir importants est dû à deux choses: la longévité de ceux qui sont au pouvoir et l'absence d'alternatives".

Avec Moki Edwin Kindzeka du service anglophone de la VOA.

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