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Dos Santos confirme sa retraite après 37 ans de règne


João Lourenço, ministre de la Défense et vice-président du Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA), 2016
João Lourenço, ministre de la Défense et vice-président du Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA), 2016

Le président José Eduardo dos Santos, l'un des plus anciens dirigeants africains, a engagé vendredi la fin de son règne sans partage de 37 ans sur l'Angola en confirmant qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat aux élections générales d'août.

Conformément au scénario qui avait filtré en décembre, il a officiellement désigné pour lui succéder un de ses fidèles, l'actuel ministre de la Défense Joao Lourenço.

"Le comité central du MPLA (Mouvement populaire de libération de l'Angola) a approuvé le nom du candidat Joao Lourenço en tête de la liste pour les élections du mois d'août", a déclaré M. dos Santos en ouverture d'une réunion du parti.

Agé de 74 ans, "Zedu", ainsi que le surnomment les Angolais de la rue, restera toutefois un personnage de poids au sein du parti, laissant augurer une transition en douceur.

Arrivé au pouvoir en 1979, M. dos Santos était devancé d'un mois seulement, pour le titre de doyen des présidents africains, par l'actuel président de Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema.

Des rumeurs persistantes le disent malade, ce que le MPLA a toujours énergiquement démenti.

"C'est un tournant décisif dans l'histoire de l'Angola moderne", a commenté à l'AFP Alex Vines, du centre de réflexion britannique Chatham House. "De nombreux Angolais vont pour la première fois être les spectateurs d'un changement de président".

- Un modéré à la barre -

L'an dernier, M. dos Santos avait une première fois évoqué publiquement sa retraite en affirmant qu'il quitterait le pouvoir en 2018. Et en décembre dernier, des sources internes au parti avaient révélé qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat.

Mais cette information n'avait pas été confirmée officiellement, ouvrant la porte à toutes les rumeurs. M. Dos Santos a longtemps été soupçonné de vouloir promouvoir l'un de ses enfants pour perpétuer son règne sur le pays.

Mais, face à la réticence des cadres du MPLA, il a fini par confier officiellement les rênes du parti à Joao Lourenço, actuel vice-président, qui jouit d'une réputation de "modéré".

Ce général à la retraite devrait lui succéder à la tête de l'Angola si, selon toute vraisemblance, le parti au pouvoir l'emporte en août.

La Constitution angolaise ne prévoit pas de scrutin présidentiel, mais précise que le poste de chef de l'Etat revient au numéro 1 du parti qui remporte les législatives.

"Je suis prêt à accepter le défi que le président et le parti m'ont confié. Ma seule priorité, c'est de tout faire pour gagner les élections", a déclaré M. Lourenço à la presse.

Le départ de l'ancien guérillero marxiste Dos Santos ouvre une nouvelle page de l'histoire de l'Angola mais ni ses adversaires, ni les analystes ne s'attendent à de grands bouleversements.

"Cela ne va pas changer grand chose", prédisait récemment le rappeur et opposant Luaty Beirao.

- 'Héritage protégé' -

"Lourenço a clairement été choisi car il convient à la vieille garde du MPLA et ne piétinera pas l'héritage de Dos Santos", a confirmé Benjamin Augé, spécialiste du pays à l'Institut français des relations internationales (Ifri).

"Il restera un président aux ordres de Dos Santos", a prédit l'avocat proche de l'opposition, David Mendes.

Le MPLA a pris le pouvoir en 1975 lorsque l'Angola a proclamé son indépendance du Portugal. M. dos Santos en a pris le contrôle quatre ans plus tard à la mort du chef historique du parti, Agostinho Neto.

Pendant son règne, "Zedu" a imposé son autorité sur l'ensemble du pays, de la justice à l'économie, tout en muselant l'opposition par une répression policière brutale.

"Il lui reste six mois au pouvoir. Nous l'exhortons à en profiter pour corriger ses plus grandes erreurs (...) par exemple réviser les lois et décrets qui limitent la liberté d'expression", a souhaité Zenaida Machado, de l'ONG Human Rights Watch (HRW).

Symbole de sa mainmise sur l'Angola, il a nommé en juin dernier sa propre fille, Isabel, considérée comme la femme la plus riche d'Afrique, au poste-clé de directeur de la Sonangol, la compagnie nationale d'hydrocarbures.

S'il a sorti le pays de la guerre civile (1975-2002), il laisse à son successeur un pays plongé dans une pauvreté extrême et englué dans une crise économique provoquée par la chute des cours du pétrole, dont il est avec le Nigeria le premier producteur africain.

"En quarante ans d'indépendance sous le contrôle de Dos Santos, le peuple n'a profité de rien", a déploré Raul Danda, le vice-président du principal parti d'opposition Unita.


Avec AFP

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