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Incertitude après un raz-de-marée des forces antisystème en Italie


Giorgia Meloni de "Frères d'Italie", Silvio Berlusconi de "Forza Italia" , et Matteo Salvini de "La Ligue", lors d'une réunion électorale, Rome, Italie, le 1er mars 2018.
Giorgia Meloni de "Frères d'Italie", Silvio Berlusconi de "Forza Italia" , et Matteo Salvini de "La Ligue", lors d'une réunion électorale, Rome, Italie, le 1er mars 2018.

Une percée historique des forces antisytème, eurosceptiques et d'extrême droite, majoritaires en voix et en sièges après les législatives dimanche en Italie, bouleversent la donne et plongent le pays dans l'incertitude politique.

"Pour la première fois en Europe, les forces antisystème l'emportent", a résumé l'éditorialiste du quotidien La Stampa.

"L'Union européenne va passer une mauvaise soirée", avait commenté dès dimanche soir sur Twitter, la présidente du front national français, Marine Le Pen.

Elle ne s'est pas trompée au vu des premiers résultats partiels et des estimations fournies par les télévisions italiennes.

La coalition formée par Forza Italia de Silvio Berlusconi, la Ligue et le petit parti Fratelli d'Italia (Frères d'Italie), obtient certes quelque 37% des voix, selon des résultats partiels portant sur 2/3 des bureaux de vote.

Mais à l'intérieur de cette coalition, c'est la Ligue de Matteo Salvini, formation eurosceptique et anti-immigration, alliée de Marine Le Pen en Europe, qui est en tête. Et si cette alliance devait l'emporter en termes de sièges, ce qui semblait hors de portée au vu des résultats partiels, Matteo Salvini, qui a promis d'expulser des centaines de milliers d'immigrés "clandestins", serait en droit de réclamer le poste de Premier ministre.

Les antisystème du Mouvement 5 Etoiles (M5S) réalisent de leur côté une percée historique.

Désormais, "tout le monde devra parler avec nous", s'est réjoui l'un de ses dirigeants, Alessandro Di Battista, après une campagne dirigée contre la corruption et la "caste" politique italienne.

La Ligue a martelé de son côté tout au long d'une campagne émaillée d'incidents violents, un discours anti-immigration et méfiant à l'égard de "Bruxelles", qui semble avoir porté, dans un pays en proie à l'euroscepticisme et où quelque 690.000 migrants ont été accueillis depuis 2013.

"D'abord les Italiens", "Stop à l'invasion", ...les affiches électorales au siège de la Ligue à Milan (nord) rappelaient dimanche ces grands thèmes martelés par Matteo Salvini, 44 ans, tout au long de sa campagne, du nord au sud de la péninsule. "Mon premier commentaire: merci!", a tweeté vers minuit le dirigeant de la Ligue, qui n'a pas prévu de s'exprimer avant lundi matin.

Silvio Berlusconi, qui s'était présenté à Bruxelles comme le seul rempart contre les populistes et les forces anti-euro, a donc perdu son pari.

Nigel Farage, ex-chef de l'Ukip, parti pro-Brexit en Grande-Bretagne, a d'ailleurs félicité sur Twitter ses "collègues" du M5S.

Ce mouvement, fondé par le comique Beppe Grillo en 2009, avait déjà créé la surprise en raflant 25% des voix aux dernières législatives de 2013, et s'assure une position centrale dans le futur parlement si son score est confirmé.

'Les vainqueurs sont ...'

Le Parti démocrate (PD, centre gauche) de Matteo Renzi a de son côté confirmé dans les urnes le mauvais résultat anticipé par les sondages avec un score inférieur à 20%, selon ces estimations, soit moitié moins que celui obtenu aux élections européennes de 2014.

L'absence de majorité pour la coalition de droite, si elle devait se confirmer, contraint les leaders politiques italiens à des calculs et des tractations, qui s'annoncent longs et complexes.

Une alliance des populistes du M5S et de l'extrême-droite de la Ligue, est la seule possible pour obtenir une majorité parlementaire, au vu des résultats partiels. Or, les dirigeants de ces deux formations ont jusqu'à présent catégoriquement rejeté cette éventualité.

"Les vainqueurs de cette bataille électorale sont Matteo Salvini et Luigi di Maio", le chef de file du M5S, mais "tout cela ne conduit à aucune forme de gouvernabilité", assure ainsi l'éditorialiste de La Stampa.

Il appartiendra donc au président italien, Sergio Mattarella, de démêler l'écheveau de ces résultats, dans les semaines qui suivent, et de confier un "mandat exploratoire" à celui ou celle qui lui paraitra en mesure d'obtenir une majorité devant le Parlement.

Mais ces consultations politiques officielles ne s'ouvriront pas avant la fin du mois au plus tôt, après l'élection des présidents des deux chambres, ouvrant une nouvelle période d'instabilité en Italie, qui pourrait déboucher à terme sur de nouvelles élections.

Avec AFP

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