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Italie: Conte démissionne après un discours virulent contre Salvini


Le premier minitre italien, Giuseppe Conte.
Le premier minitre italien, Giuseppe Conte.

Le président italien Sergio Mattarella a accepté mardi soir la démission du chef du gouvernement, Giuseppe Conte, et va entamer dès mercredi des consultations politiques resserrées dans le temps pour déterminer s’il est possible de mettre en place une nouvelle coalition.

Dans le cas contraire, il lui faudra dissoudre le Parlement et les Italiens retourneront aux urnes, trois ans et demi avant le terme théorique de la législature et en pleine période d’arbitrages budgétaires.

La démission de Giuseppe Conte, que Mattarella a chargé d’expédier les affaires courantes, est la conséquence de la crise ouverte le 8 août dernier par Matteo Salvini.

Le ministre de l’Intérieur et chef de la Ligue (extrême droite), à la popularité florissante, a prononcé ce jour-là l’acte de décès de la coalition formée en juin 2018 avec le Mouvement 5 Etoiles de Luigi Di Maio.

Entre les législatives de mars 2018 et les sondages actuels, le rapport de force électoral entre les deux partenaires de la coalition s’est totalement renversé, et Salvini, dont la Ligue est mesurée autour de 34-39% dans les intentions de vote, espère pouvoir, à la faveur d’un retour aux urnes, gouverner seul ou avec l’apport de ses anciens alliés de Forza Italia et Fratelli d’Italia.

Le palais du Quirinal a annoncé que Mattarella entamerait ses consultations mercredi à 16h00. Le processus devrait s’achever jeudi dans l’après-midi.

BUDGET CRUCIAL

La crise politique déclenchée par Salvini intervient en plein milieu de l’été, à un moment charnière dans le fonctionnement des institution italiennes.

Dans son discours devant le Sénat, Giuseppe Conte a expliqué que la motion de censure déposée par la Ligue, et finalement retirée sans pour autant le dissuader de démissionner, risquait d’avoir pour conséquence des retards dans la préparation du budget.

Or la loi de finances 2020 sera cruciale car l’Italie pourrait subir, en application d’engagements pris auprès de la Commission européenne, une hausse automatique de la TVA dès le mois de janvier si elle ne parvient pas à trouver par d’autres moyens les 23 milliards d’euros de recettes attendues de cette hausse.

Avec une dette publique à 134% de son produit intérieur brut (PIB), l’Italie est, derrière la Grèce, le deuxième pays le plus endetté de la zone euro. Et la croissance de son économie est tombée à zéro.

Le président Mattarella a clairement fait savoir ces derniers jours qu’il voulait que l’Italie dispose d’un gouvernement à même d’approuver le budget 2020 cet automne, ce qui induit que d’éventuelles élections anticipées devraient être organisés avant la fin octobre ou attendre l’année prochaine.

Dans cette seconde éventualité, et s’il s’avère impossible de forger une coalition alternative, Mattarella pourrait mettre en place un gouvernement de “technocrates”, une formule déjà rodée au cours des 25 dernières années mais qui ne pourrait cependant se passer d’un vote de confiance au Parlement.

En l’état actuel des forces parlementaires, une alliance entre le M5S de Luigi Di Maio et le Parti démocrate (centre gauche) serait arithmétiquement possible. Les deux partis ont déjà eu des contacts ces derniers jours.

“ILS NE POURRONT PAS TOUJOURS FUIR LES ÉLECTIONS”

Face aux sénateurs, Giuseppe Conte, qui n’appartient ni à la Ligue, ni au Mouvement 5 Etoiles de Luigi di Maio, a accusé Matteo Salvini d’avoir sacrifié l’Italie à ses seuls intérêts personnels et partisans. “Sa décision pose un risque grave pour ce pays”, a-t-il dit. “Elle risque de plonger le pays dans une spirale d’incertitude politique et d’instabilité financière.”

“Nous n’avons pas besoin d’homme qui ont les ‘pleins pouvoirs’, mais de personnalités qui ont une culture des institutions et un sens des responsabilités”, a poursuivi Conte.

Face à ces accusations, Salvini a répliqué en fustigeant les partis qui, a-t-il dit, ont peur de se soumettre au vote populaire et de perdre de leur influence.

Son objectif politique, a-t-il dit, est de défier les règles budgétaires de l’Union européenne quant l’Italie, dit-il, aurait besoin d’un plan de relance de l’économie d’au moins 50 milliards d’euros.

“Je n’ai pas peur”, a affirmé Salvini. “Je ne veux pas que l’Italie soit l’esclave de qui que ce soit, je ne veux pas que l’Italie soit enchaînée comme un petit chien.”

Alors que Conte se trouvait dans la soirée au Quirinal, le palais présidentiel, Salvini a déclaré: “Ils ne pourront pas toujours fuir les élections.”

Avec Reuters

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