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Iran: Washington interdit toute activité sur un site nucléaire-clé


Les présidents turc Recep Tayyip Erdogan, russe Vladimir Poutine et iranien Hassan Rohani à Ankara, le 4 avril 2018.
Les présidents turc Recep Tayyip Erdogan, russe Vladimir Poutine et iranien Hassan Rohani à Ankara, le 4 avril 2018.

Les Etats-Unis ont annoncé lundi avoir décidé d'interdire toute activité sur le site nucléaire-clé de Fordo en Iran, jusqu'ici partiellement épargné par les sanctions américaines, en réponse au désengagement progressif de Téhéran de l'accord international de 2015.

L'Iran a relancé début novembre des activités d'enrichissement d'uranium dans son usine souterraine de Fordo, dans une nouvelle étape de sa réponse au retrait unilatéral américain de l'accord censé empêcher la République islamique de fabriquer la bombe nucléaire.

"Le bon niveau d'enrichissement d'uranium par le premier Etat soutien du terrorisme au monde est zéro", a martelé le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo devant la presse à Washington.

Selon lui, "il n'y a aucune raison légitime autorisant l'Iran à reprendre l'enrichissement dans ce site jadis clandestin". "L'Iran devrait mettre fin immédiatement à ses activités sur place", a insisté le secrétaire d'Etat.

"En conséquence, les Etats-Unis vont mettre fin à leur dérogation liée à l'installation nucléaire de Fordo à compter du 15 décembre 2019", a-t-il déclaré.

Après avoir claqué la porte en mai 2018 de l'accord sur le nucléaire iranien, estimant qu'il était insuffisant, l'administration de Donald Trump a rétabli toutes ses sanctions économiques contre l'Iran, qu'elle n'a cessé de durcir depuis dans le cadre d'une campagne de "pression maximale". Mais en toute discrétion, elle continuait régulièrement à renouveler des dérogations pour trois projets du programme nucléaire civil iranien, dont celui de Fordo.

- "Le monde vous regarde" -

Les deux autres sites bénéficiant d'une dérogation, la centrale de Bouchehr et le réacteur à eau lourde d'Arak, qui a été modifié sous le contrôle de la communauté internationale de manière à rendre impossible la production de plutonium à usage militaire, ne sont pas concernés par la décision de lundi.

Outre la reprise de l'enrichissement à Fordo, l'Iran ne respecte plus aujourd'hui la limite imposée par l'accord à ses stocks d'uranium enrichi (300 kg). Il s'est aussi affranchi du plafond lui interdisant d'enrichir l'uranium en isotope 235 à un taux supérieur à 3,67%.

Et lundi, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a fait savoir que les réserves iraniennes d'eau lourde, qui peuvent servir à la production de plutonium utilisé dans la confection d'armes atomiques, avaient dépassé la limite fixée par l'accord de 2015.

Lors d'un contrôle mené par l'agence dimanche, le stock d'eau lourde de l'Iran "s'élevait à 131,5 tonnes", une quantité supérieure au stock autorisé de 130 tonnes. C'est la première fois que l'AIEA constate un dépassement de cette valeur depuis que Téhéran a annoncé en mai son désengagement progressif de l'accord.

Téhéran avait prévenu ce week-end d'un tel dépassement.

L'eau lourde n'est pas radioactive en elle-même mais elle est utilisée dans certaines filières de réacteurs nucléaires comme modérateur pour ralentir les neutrons issus des fissions nucléaires. La production de plutonium est susceptible d'offrir une alternative à l'enrichissement d'uranium pour la fabrication d'une bombe atomique.

Par ailleurs, Mike Pompeo a mis en garde les autorités iraniennes sur leur réaction aux manifestations contre la hausse du prix de l'essence à travers le pays.

"Le monde vous regarde", a-t-il lancé. "Les Iraniens profiteront d'un avenir meilleur quand leur gouvernement commencera à respecter les droits humains fondamentaux, abandonnera sa rhétorique révolutionnaire et sa politique étrangère déstabilisatrice dans la région", a-t-il dit.

Il a appelé à rétablir internet, coupé dans de nombreuses villes.

Dans un pays asphyxié par les sanctions américaines, l'annonce d'une hausse des prix à la pompe a provoqué des manifestations qualifiées d'"émeutes" par les autorités. Après le soutien aux manifestants exprimé par Washington au cours du week-end, Téhéran avait condamné des "remarques interventionnistes".

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