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Irak: les manifestants déterminés malgré les coups de boutoir du pouvoir


Les forces irakiennes sont sur les lieux de l'attentat à l'est de Mossoul, en Irak, le 22 décembre 2016.
Les forces irakiennes sont sur les lieux de l'attentat à l'est de Mossoul, en Irak, le 22 décembre 2016.

Les manifestants antigouvernementaux ont reconstruit lundi leurs campements incendiés dans plusieurs villes irakiennes, toujours déterminés en dépit des violences et au lendemain d'une nouvelle attaque à la roquette contre l'ambassade américaine à Bagdad.

Cette attaque, qui a fait un blessé et touché pour la première fois directement l'ambassade, fait craindre une nouvelle montée des tensions, sur le sol irakien, entre l'Iran et les Etats-Unis, pays ennemis mais tous deux alliés du régime de Bagdad.

De précédentes attaques contre les intérêts américains dans le pays ont été imputées par Washington à des factions pro-Iran. Les relations entre les Etats-Unis et l'Iran s'étaient nettement détériorées début janvier après l'assassinat à Bagdad d'un haut général iranien par une frappe américaine.

Lundi, des milliers d'étudiants ont de nouveau défilé à Bagdad et dans le sud de l'Irak, réclamant de profondes réformes politiques.

Rejetant toute ingérence, iranienne ou américaine, dans le pays, les manifestants, en majorité des jeunes, redoutent une large répression depuis qu'ils ont perdu, vendredi, le soutien du puissant leader chiite Moqtada Sadr.

"La première fois que nous sommes venus protester, ce n'était pas en adhésion aux discours du mouvement sadriste ou d'aucun autre parti politique", affirme Zaineb Mohammad, étudiante à Kerbala.

"Nous sommes venus indépendamment et nous continuerons jusqu'à ce que nos revendications soient satisfaites".

- Procession funéraire -

Le mouvement, né le 1er octobre, demande des élections anticipées et un Premier ministre indépendant pour succéder au démissionnaire Adel Abdel Mahdi. Il dénonce la corruption endémique et le manque de services publics, et réclame que ceux impliqués dans la répression meurtrière des manifestations rendent des comptes.

Lundi à Nassiriya (sud), un manifestant a été tué et quatre autres blessés, alors que des hommes armés non identifiés ont pris d'assaut une place où campaient depuis des mois des protestataires, selon une source médicale.

Juste après minuit, des hommes armés ont pénétré sur la place Habboubi, à Nassiriya, mettant le feu à des tentes de manifestants, selon un correspondant de l'AFP. Des morceaux de tissu et des armatures en métal carbonisés jonchaient le sol.

Loin d'être intimidés, des protestataires ont monté de nouvelles tentes et apporté du ciment pour construire un abri. Ils ont bloqué deux des principaux ponts de la ville

Plus au sud, dans la ville portuaire de Bassora, des étudiants ont aussi dressé des tentes, après le démantèlement de leur campement ce week-end par les forces de l'ordre, selon un journaliste de l'AFP.

A Najaf (sud), le principal camp de protestataires a été incendié dans la nuit par des inconnus, selon un correspondant de l'AFP, mais les manifestants ont repris lundi leur blocage de routes.

Une procession funéraire a défilé dans cette ville en hommage à un manifestant de 14 ans tué à Nassiriya, Ali Zouweir. Des proches ont porté son cercueil, brandissant son portrait et pleurant.

Cette semaine, la répression des manifestations par les forces anti-émeutes, tirant à balles réelles, a fait 21 morts et des dizaines de blessés.

Près de 480 personnes, en grande majorité des manifestants, ont été tuées, selon un décompte de l'AFP, depuis le début du mouvement.

- Craintes du Premier ministre -

Vendredi, les forces de l'ordre avaient commencé à pénétrer dans les principaux camps des manifestants, après que Moqtada Sadr eut retiré son soutien au mouvement.

Le leader chiite avait mobilisé des milliers de partisans pour réclamer le départ des 5.200 soldats américains stationnés en Irak.

Le Parlement irakien a voté le 5 janvier en faveur du départ des troupes américaines.

Lundi, Qaïs al-Khazali, un chef du Hachd al-Chaabi, puissante coalition de paramilitaires pro-Iran intégrée à l'Etat irakien, a déclaré que le futur Premier ministre devrait s'engager à appliquer ce vote.

Selon lui, le successeur de M. Abdel Mahdi devra aussi organiser des élections anticipées d'ici fin 2020.

La plupart des factions du Hachd ont des liens étroits avec Téhéran et Washington les a accusées d'être derrière la série d'attaques contre ses intérêts en Irak.

Trois roquettes ont frappé dimanche, dont une pour la première fois directement, l'ambassade américaine. Washington a appelé Bagdad "à remplir ses obligations, afin de protéger (leurs) installations diplomatiques".

Le ministère des Affaires étrangères irakiennes a estimé lundi que cette attaque n'aurait pas d'impact sur les relations bilatérales, alors le Premier ministre a dit craindre que l'Irak ne se transforme en "zone de guerre".

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