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Inondations: mobilisation générale pour des millions de Pakistanais


Des personnes traversent une rivière sur un pont endommagé par les eaux de crue, dans la ville de Bahrain, au Pakistan, le 30 août 2022.
Des personnes traversent une rivière sur un pont endommagé par les eaux de crue, dans la ville de Bahrain, au Pakistan, le 30 août 2022.

Hélicoptères tentant d'évacuer des personnes bloquées dans les montagnes du nord, bateaux parcourant les plaines inondées du sud: le Pakistan a continué mercredi à mobiliser tous les moyens à sa disposition pour secourir les millions de personnes touchées par les pires inondations de son histoire.

Les inondations dues aux pluies de mousson ont submergé un tiers du Pakistan, causant la mort de 1.191 personnes depuis juin selon un bilan publié mercredi, dévastant de larges pans de terres agricoles essentielles à l'économie, et détruisant ou endommageant gravement plus d'un million d'habitations.

"Le Pakistan est inondé de souffrances. Le peuple pakistanais est confronté à une mousson cataclysmique", a déclaré le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, en lançant mardi un appel aux dons de 160 millions de dollars pour financer un plan d'urgence pour les six prochains mois.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé mercredi qu'elle plaçait le Pakistan à son plus haut échelon d'alerte et dégageait 10 millions de dollars d'un fonds d'urgence pour l'aider.

Plus de 33 millions de personnes - un Pakistanais sur sept - ont été affectées par ce que le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a qualifié "de pires inondations de l'histoire du Pakistan".

Son gouvernement estime qu'au moins 10 milliards de dollars seront nécessaires pour réparer les dégâts massifs causés aux infrastructures, en particulier dans le secteur des télécommunications, des routes et de l'agriculture.

La priorité toutefois pour l'instant restait d'atteindre les milliers de personnes bloquées dans les montagnes et vallées du nord, et dans les villages isolés du sud et de l'ouest.

"Nous avons désespérément besoin d'aide", a déclaré Muhammad Amir, dont le village de Balaqot est inaccessible par route après la crue de la rivière Swat, dans le nord-ouest. "Nous avons absolument besoin de médicaments."

Risque sanitaire

"Il n'y a plus d'électricité dans notre village depuis presque une semaine. Les gens n'ont même pas une bougie à allumer. Plusieurs personnes souffrent de diarrhée."

L'OMS a mis en garde contre le risque d'apparition de maladies liées à l'eau (diarrhée, maladies de peau, infections respiratoires, paludisme, dengue...) dans un pays confronté "aux dommages causés aux infrastructures sanitaires, au manque de personnel de santé et à un matériel de santé limité".

Dans une clinique improvisée du Sind (sud), des médecins soignaient des patients qui ont dû marcher pieds nus dans l'eau sale, boueuse et emplie de débris divers.

"L'un des pieds de mon enfant est très douloureux. Les miens aussi", a déclaré Azra Bhambro, une femme de 23 ans, venue chercher là de l'aide.

Le Pakistan a reçu deux fois plus de précipitations qu'habituellement, selon le service météorologique. Dans les provinces du sud (Baloutchistan et Sind), les plus touchées, les pluies ont été plus de quatre fois supérieures à la moyenne des 30 dernières années.

Padidan, une petite ville du Sind, a reçu l'équivalent de 1,75 m de précipitations depuis juin.

La mousson, qui dure habituellement de juin à septembre, est essentielle à l'irrigation des plantations et à la reconstitution des ressources en eau du sous-continent indien. Mais le Pakistan n'avait pas connu de pluies aussi soutenues depuis au moins trois décennies.

Aide dépensée de 'façon transparente'

Il impute ces inondations dévastatrices au changement climatique, qui augmente la fréquence et l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes sur toute la planète.

Cette année, le pays a déjà été confronté à une vague de chaleur qui a parfois dépassé les 50°C, à des feux de forêts ravageurs et à des crues dévastatrices causées par la fonte rapide des glaciers.

Le Pakistan est responsable de moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais il figure en 8e position des pays les plus menacés par les phénomènes météorologiques extrêmes, selon une étude de l'ONG Germanwatch.

Le gouvernement a critiqué les grands pays industrialisés pour leur rôle dans le réchauffement climatique, les accusant de s'être enrichis grâce aux énergies fossiles sans avoir envisagé les conséquences.

Très dépendant de son agriculture, le Pakistan s'attend à ce que son économie, déjà en difficulté, soit durement touchée. Les prix de certaines denrées alimentaires menacées de pénurie - notamment les oignons, tomates et pois chiches -, ont déjà fortement augmenté ces derniers jours.

M. Sharif a promis que chaque centime d'aide internationale serait dépensé "de façon transparente", que chaque centime irait "à ceux qui en ont besoin".

Les Etats-Unis ont annoncé mardi un premier envoi d'aide humanitaire, d'une valeur de 30 millions de dollars. Des vols cargos ont commencé à arriver de Chine, de Turquie et des Emirats arabes unis.

Des camps de fortune sont apparus un peu partout pour accueillir les déplacés, qui doivent composer avec la forte chaleur et le manque d'eau potable et de nourriture.

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