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Hausse du prix du carburant au Tchad


Une station service désertée par les usagers à N'Djamena, le 9 janvier 2018. (VOA/André Kodmadjingar)
Une station service désertée par les usagers à N'Djamena, le 9 janvier 2018. (VOA/André Kodmadjingar)

Au Tchad, la loi des finances de 2018 prévoit l’augmentation du prix des carburants, notamment l’essence et le gazole à la pompe. Entrée en vigueur le 5 janvier dernier, cette loi est qualifiée d’antisociale par les consommateurs.

La hausse du prix des produits pétroliers et le projet de baisse des salaires des agents de l’Etat risquent d’aggraver la tension sociale déjà délétère suite aux 16 mesures d’austérités prises en 2016.

Reportage d'André Kodmadjingar, correspondant à N'Djamena pour VOA Afrique
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De 523 francs CFA il y a un an, le super est augmenté à 570 francs CFA à la pompe et le gazole​ passe de 568 francs CFA à 590 francs CFA.

Quelques citoyens se disent surpris de n’avoir pas été informés de cette augmentation.

>> Lire aussi : Baisse des salaires des fonctionnaires au Tchad

"Subitement j’arrive à la station, on me dit que le prix du super a augmenté à la pompe, donc c’est de cette manière que la population va souffrir ?" ont souligné ces Tchadiens au micro de VOA Afrique.

"Nous sommes un pays pétrolier donc que le gouvernement puisse réduire le prix du litre de super à 200 francs CFA", a dit un autre passant.

"S’il y a augmentation du prix d’essence, il faut augmenter aussi le salaire. C’est un pays pétrolier, pourquoi on va souffrir comme ça là?"

Et un troisième de renchérir: "on va sortir pour dire quelque chose. On ne peut pas rester bras croisé pour dire que c’est Dieu qui va agir. Trop c’est trop ! L’argent même le gouvernement coupe?"

Cette hausse de prix joue non seulement sur les consommateurs, mais également sur le chiffre d’affaires des gérants de stations de service comme en témoigne Hamid Saleh, gérant d'une station-service de la place.

Hausse du carburant à la pompe au Tchad à N'Djamena, le 9 janvier 2018. (VOA/André Kodmadjingar)
Hausse du carburant à la pompe au Tchad à N'Djamena, le 9 janvier 2018. (VOA/André Kodmadjingar)

​"Nous demandons à ce que le prix revienne à avant", explique-il, soulignant que ses recettes ont baissé.

Dr Sitack Yombatinan Beni, enseignant chercheur de l’Ecole nationale d’administration, déplore, lui aussi, le fait que le gouvernement ne prenne pas de temps nécessaire pour informer les citoyens de certaines décisions.

"Gouverner, c'est communiquer. Quand un gouvernement veut prendre une décision, il prend le soin quand même d’évaluer. On ne savait même pas quelle était les réserves qui étaient là. Et on s’est levé le matin on augmente. Et en tant que citoyen, je ne peux qu’exprimer mon désarroi. Parce que je ne sais pas où va ce gouvernement et pour quelle finalité travaille-t-il?", souligne-t-il.

Daouda El-Hadj Adam SG de l'ADC N'Djamena, le 9 janvier 2018. (VOA/André Kodmadjingar)
Daouda El-Hadj Adam SG de l'ADC N'Djamena, le 9 janvier 2018. (VOA/André Kodmadjingar)

​Avec cette hausse de prix des hydrocarbures, le gouvernement cherche à pousser la population à une révolte populaire, estime le secrétaire général de l’association pour la défense des droits des consommateurs, Daouda El-Hadji Adam.

"Nous attendons à une baisse car le prix à l'international baisse", confie-t-il à VOA Afrique.

"Et on ne comprend pas que le gouvernement ne puisse pas négocier avec la société de raffinage de N’Djamena afin de baisser les prix de session qui est resté figé pendant des années. Nous estimons que toutes ces mesures-là, constituent pour nous une incitation même à la révolte populaire".

Le Syndicat national des transporteurs du Tchad menace déjà d’appeler ses militants à garer leurs véhicules de transports en commun sur toute l’étendue du territoire national, si le gouvernement ne revoit pas en baisse le prix du carburant dans un bref délai.

André Kodmadjingar, coorespondant à N’Djamena

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