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Haïti: le président dit avoir déjoué une tentative de coup d'Etat


Le président haïtien Jovenel Moïse accueille les nouveaux membres du Conseil électoral, 22 septembre 2020. (Yves Manuel/VOA Créole)
Le président haïtien Jovenel Moïse accueille les nouveaux membres du Conseil électoral, 22 septembre 2020. (Yves Manuel/VOA Créole)

Les autorités haïtiennes ont annoncé avoir déjoué dimanche un projet de coup d'Etat visant le président contesté Jovenel Moïse, qui a assuré avoir échappé à une tentative d'assassinat.


Cette "tentative de coup d'Etat" implique un juge de la Cour de cassation et une inspectrice générale de la police nationale haïtienne, a détaillé le ministre de la Justice, Rockefeller Vincent, dans une conférence de presse.

Vingt-trois personnes ont été arrêtées au total, a précisé de son côté le Premier ministre, Joseph Jouthe, également devant la presse.

"Ils avaient contacté des hauts gradés de la police au Palais national qui avaient pour mission d'arrêter le président, de l'amener dans cette habitation à Petit bois (lieu de leur arrestation dans la capitale, NDLR) et faciliter l'installation d'un nouveau président provisoire qui aurait fait la transition", a détaillé le chef du gouvernement.


Discours déjà écrit

Le Premier ministre du pays en profonde crise a ajouté que, parmi des documents saisis, figurait le discours que le juge avait prévu de prononcer pour devenir ce nouveau président provisoire, dans un régime de transition.

Plus tôt dans la matinée, Jovenel Moïse a expliqué que les auteurs du coup de force déjoué en voulaient à sa vie.

"Je remercie le responsable de ma sécurité au Palais. Le rêve de ces gens était d'attenter à ma vie. Grâce au bon dieu, nous n'avons pas vu ça. Ce plan a été avorté", a déclaré M. Moïse.

Le chef de l'Etat haïtien s'exprimait sur le tarmac de l'aéroport de Port-au-Prince, entouré de sa femme et de Joseph Jouthe. Il s'est ensuite envolé en direction de la ville balnéaire de Jacmel, pour l'ouverture du carnaval.

Le directeur général de la police nationale, Léon Charles, a précisé que de l'argent et des armes avaient été saisis, notamment deux fusils d'assaut M14, un mini Uzi, trois pistolets 9 mm et plusieurs machettes.

L'opposition politique a elle contesté avec vigueur le scénario de tentative de coup d'Etat présenté par les autorités.

"On ne réalise pas un coup d'Etat avec deux pistolets, trois ou quatre fusils", a commenté auprès de l'AFP l'avocat André Michel. Il a estimé que Jovenel Moïse avait "choisi la voie de la répression politique".

"S'il n'est plus président de la République, on ne peut plus parler de coup d'état", a asséné l'opposant.

M. Moïse soutient que son mandat à la tête du pays caribéen court jusqu'au 7 février 2022.

Le 7 février oui, mais lequel?

Mais cette date est dénoncée par une bonne partie de la population haïtienne, selon qui le mandat de cinq ans de M. Moïse arrive à terme un an plus tôt, ce dimanche 7 février 2021.

Ce désaccord de date est né du fait que Jovenel Moïse avait été élu lors d'un scrutin annulé pour fraudes, puis réélu un an plus tard.

Le pays s'est encore davantage enfoncé dans la crise au long de l'année 2020, privé de parlement et gangrené par les violences.

Isolé, le président Moïse gouverne par décrets, alimentant une défiance croissante au sein de la population.

Port-au-Prince a été le théâtre dimanche de manifestations clairsemées émaillées de quelques échauffourées avec la police.

Dans un communiqué, l'association des magistrats s'est de son côté indignée de "l'arrestation arbitraire et dans des conditions humiliantes du juge à la cour de Cassation" et a demandé sa libération immédiate.

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