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L'opposition guinéenne dénonce une répression mortelle des manifestations


La Guinée est gouvernée par une junte dirigée par le colonel Mamady Doumbouya qui a interdit les manifestations.
La Guinée est gouvernée par une junte dirigée par le colonel Mamady Doumbouya qui a interdit les manifestations.

Les manifestations de jeudi en Guinée contre la junte au pouvoir ont tué trois civils et fait une vingtaine de blessés par balles, a indiqué dans la nuit le collectif organisateur, un bilan contredit par les autorités.

Le procureur général de Conakry Yamoussa Conté a fait état, pour sa part, de six blessés dans les rangs des forces de sécurité, dont cinq graves, et de deux blessés parmi les civils. Il a ordonné des poursuites "contre les organisateurs et tous participants (à la) manifestation interdite", dans un communiqué lu sur la télévision d'Etat. Il a expressément nommé sept personnalités d'opposition qui auraient appelé à manifester ou soutenu l'appel.

Affrontement entre de jeunes guinéens et les forces de l'ordre
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Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), organisation citoyenne et quasiment la dernière formation à mobiliser dans la rue, avait appelé à manifester jeudi à Conakry pour réclamer un retour rapide des civils au pouvoir et à la libération de tous les prisonniers détenus selon lui pour des raisons politiques. La manifestation a donné lieu à des heurts entre jeunes et forces de sécurité dans plusieurs quartiers de la banlieue de Conakry.

La Guinée est gouvernée par une junte dirigée par le colonel Mamady Doumbouya depuis que ce dernier et ses hommes ont renversé le pouvoir civil en septembre 2021. La junte a interdit les manifestations et prononcé la dissolution du FNDC.

Dans un communiqué publié dans la nuit, le FNDC a qualifié le pouvoir actuel de "dictatorial". Il a nommé les trois civils tués selon lui comme étant Thierno Bella Diallo, El hadj Boubacar Diallo et Thierno Moussa Barry. Il a aussi fait état de "nombreuses arrestations".

Le bilan humain d'affrontements de ce genre donne presque systématiquement lieu à des versions divergentes dans ce pays coutumier de la violence politique, les autorités minimisant ou se gardant de confirmer les informations fournies par la contestation.

"Sanctions plus sévères"

Le FNDC avait été à l'origine de manifestations les 28 et 29 juillet, le 17 août, et les 5 et 6 septembre. Cinq personnes avaient été tuées en juillet, et deux en août. Il appelle à nouveau à manifester le 26 octobre dans tout le pays.

La junte s'est engagée à rendre le pouvoir à des civils après des élections dans un délai de trois ans. Elle est soumise aux pressions de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui réclame une période transitoire plus courte.

La Cédéao a suspendu la Guinée de ses organes. Le 22 septembre, elle a annoncé suspendre toute assistance et transaction financière avec la Guinée, et infliger des sanctions individuelles à un certain nombre de personnalités. Elle a donné un mois à la junte pour présenter un calendrier "raisonnable et acceptable" de retour des civils, ultimatum qui expire donc théoriquement cette fin de semaine. A défaut, la Cédéao a prévenu qu'elle adopterait des "sanctions plus sévères"

Les manifestations de jeudi ont eu lieu alors qu'une mission de la Cédéao est cette semaine en Guinée pour travailler à un tel calendrier avec les autorités.

"Le gouvernement et le CNRD [Comité national du rassemblement pour le développement, autrement dit la junte, NDLR] ne sont pas figés sur la question de la durée", a déclaré le Premier ministre Bernard Goumou en conseil des ministres jeudi, selon un communiqué diffusé dans la nuit de jeudi à vendredi. La junte a jusqu'alors invoqué le temps nécessaire à l'organisation d'élections et à d'importantes réformes pour justifier les trois ans.

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