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France: un éleveur à la retraite jugé pour l'assassinat de sa jeune épouse malienne


Statue de la justice (archives).
Statue de la justice (archives).

Il avait accueilli les forces de l'ordre en souriant, assis près du corps de sa jeune épouse malienne: un éleveur à la retraite comparaît devant la justice en France à partir de mercredi pour avoir tué sa femme de trois coups de fusil.

Le 3 mars 2017, les gendarmes de la ville de Figeac (sud-ouest de la France) se rendent à la ferme de Jean-Paul Gouzou, à Gorses, un village à 80 km au nord-est de la ville de Cahors. Le retraité vient d'avouer au téléphone qu'il a tué son épouse malienne, Djeneba Bamia, de 20 ans sa cadette.

Aux enquêteurs, il affirme qu'il a mûri son geste: "vendredi matin, la décision était prise. J'ai commencé à préparer mes valises car j'ai bien compris les conséquences de l'acte que j'allais commettre".

Tout au long de l'enquête, cet ancien officier de réserve dans le gendarmerie maintiendra que tuer était "la seule solution", ajoutant que si c'était à refaire, il le referait.

Il ne supportait pas que son épouse, dont il vivait séparé depuis un an, prépare un voyage au Mali avec leurs trois enfants et son nouveau compagnon.

L'assassinat de Djeneba Bamia est un dossier exemplaire de féminicide, qui "coche toute les cases" de ces cas à l'issue dramatique "prévisible", estime Me Anne Bouillon, l'avocate de Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF), partie civile au procès qui a lieu à partir de jeudi devant la cour d'assises du Lot (sud-ouest).

Il y avait "une procédure de séparation en cours, des enfants, un contexte de violences, un homme qui a le sentiment que les choses lui échappent", décline-t-elle.

- "Un profil psychique rigide" -

Retraité de la Mutuelle sociale agricole, il avait rencontré Djeneba Bamia, technicienne vétérinaire, lors d'un voyage professionnel en 2006 au Mali.

Le couple se marie en 2008, a un garçon et deux filles.

Mais en 2016 ils se séparent, sur fond "de violences psychologique et de brimades", rapportera pendant l'enquête une amie de la victime sous le nom d'emprunt de Nicole.

Djeneba avait alors repris en fermage l'exploitation du petit troupeau de vaches de son mari.

En avril, une ordonnance de protection interdisait à l'accusé de détenir une arme et plusieurs plaintes croisées émaillaient le conflit entre époux, notamment pour non-présentation d'enfants.

Jean-Paul Gouzou, qui habitait toujours sur son exploitation, répétait sans cesse à son ex-compagne "qu'elle n'était "bonne à rien", "il l'a complètement démolie", accuse l'amie.

Elle dénonce l'inertie des institutions françaises alors qu'elle avait tenté d'alerter par courrier le procureur de Cahors, le préfet du Lot, ou la déléguée aux droits des femmes.

Lors de l'instruction, l'expert psychiatre a estimé que l'accusé présentait "un profil psychique rigide, manquant d'empathie, avec une distorsion radicalisée du raisonnement".

Outre la Fédération Nationale Solidarité Femmes, trois parties civiles seront représentées au procès, l'Union départementale des associations familiales (pour les enfants du couple), la famille malienne de la victime ainsi que son compagnon.

En 2017 en France, 130 femmes ont été tuées par leur conjoint, ex-conjoint, petit ami, amant ou ex-amant, contre 123 en 2016, soit plus d'une tous les trois jours, selon les derniers chiffres du gouvernement.

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