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Macron cède à son ministre de l'Intérieur qui insistait pour démissionner


L'ex-ministre français de l'intérieur, Gerard Collomb à Paris, le 13 mai 2018.
L'ex-ministre français de l'intérieur, Gerard Collomb à Paris, le 13 mai 2018.

Le président français Emmanuel Macron a finalement accepté la démission de son ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, après l'avoir initialement refusée, l'opposition dénonçant une "opération de communication" ou une "farce".

Cette démission d'un politicien rodé, âgé de 71 ans, avait été présentée lundi, et immédiatement rejetée par le chef de l'État. Mais mardi après-midi, surprise: M. Collomb persistait: "je maintiens ma proposition de démission", disait-il au quotidien Le Figaro.

Emmanuel Macron avait alors jugé "regrettable que Gérard Collomb se soit mis dans la situation le conduisant à devoir démissionner", selon son entourage.

L'incertitude allait durer plusieurs heures, avant que finalement la présidence ne cède. Emmanuel Macron a "accepté la démission de Gérard Collomb et demandé au Premier ministre d'assurer son intérim dans l'attente de la nomination de son successeur", indiquait l'Élysée à l'AFP.

Gérard Collomb souhaitait quitter son poste pour se consacrer à sa candidature aux élections municipales de 2020 à Lyon (centre-est), la deuxième métropole du pays.

"Compte tenu des rumeurs et des pressions qu'il peut y avoir, je ne veux pas que le fait que je sois candidat quelque part demain puisse troubler la marche du ministère de l'Intérieur", justifiait-il auprès du Figaro. "Il faut une clarté vis-à-vis de nos concitoyens et une clarté vis-à-vis des Lyonnais".

Ancien maire de Lyon, M. Collomb comptait initialement rester à l'Intérieur jusqu'après les élections européennes de mai 2019. Mais au sein de l'opposition et même de son ministère, de nombreuses voix s'étaient élevées pour réclamer son départ.

Le Premier ministre, Édouard Philippe, doit assurer l'intérim. Sa première décision a été d'annuler un voyage officiel en Afrique du Sud prévu jeudi et vendredi.

M. Collomb devrait revenir à Lyon dans une situation confortable. Selon une source proche du dossier, le maire Georges Képénékian, qui a confirmé au Figaro qu'il lui rendrait son siège, a envoyé une lettre de démission au préfet dès mardi soir.

- Image d'un exécutif désuni -

M. Macron, depuis la rentrée, a déjà été confronté aux démissions soudaines de ministres qui ont donné l'image d'un exécutif désuni: Nicolas Hulot, à l'Environnement, un écologiste vedette de la télévision, et Laura Flessel, aux Sports, une ancienne championne olympique d'escrime.

Là, "cet épisode est assez inédit et c'est assez difficilement lisible", a constaté le politologue Pascal Perrineau, interrogé par l'AFP. "Si on se dit que c'est entièrement monté, on ne voit pas l'intérêt du montage. Si c'est pas un montage, ça fait désordre".

"Cirque", "grand-guignol", "mauvais vaudeville": l'opposition a ironisé toute la journée de mardi sur le bras de fer engagé entre un ministre et le chef de l'État.

"Ça va durer longtemps ce sketch?", s'était interrogée sur Twitter la patronne de l'extrême droite, Marine Le Pen, fustigeant une direction "Cirque Pinder", du nom d'un célèbre cirque français.

"M. Collomb a le droit à la retraite, qu'il quitte ce ministère, qu'il aille s'occuper de ses petits-enfants, des pâquerettes", avait lancé l'ex-eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit.

Pour la droite, l'épisode fragilise un ministère stratégique. "C'est une farce", a déploré le député Julien Aubert, tandis qu'un dirigeant du parti des Républicains, Jean Leonetti, raillait "une opération de communication".

Le "problème Collomb", tel que l'a nommé un membre du gouvernement, a traduit l'évolution d'un homme autrefois très proche de M. Macron, puis devenu critique. Début septembre, il pointait ainsi "le manque d'humilité de l'exécutif".

Quinze jours plus tard, le ministre prenait de court le président en rendant publique son intention de redevenir maire.

Il avait aussi été éclaboussé par l'affaire Benalla, du nom de cet ancien collaborateur du chef de l'État inculpé pour avoir violenté des manifestants alors qu'il accompagnait les forces de l'ordre, et dont la France a découvert les multiples privilèges cachés.

M. Macron doit désormais trouver un ou une ministre qui saura rassurer l'opinion, alors que la France a été victime d'une vague d'attentats jihadistes qui a fait 246 morts depuis 2015.

Avec AFP

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