Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

France: débat douloureux à l'Assemblée sur le droit à l'euthanasie 


Une manifestante tient une photo de la ministre française de la Santé, Simone Veil, qui a préconisé la loi de 1975 légalisant l'avortement en France à Paris, le 8 mars 2018.
Une manifestante tient une photo de la ministre française de la Santé, Simone Veil, qui a préconisé la loi de 1975 légalisant l'avortement en France à Paris, le 8 mars 2018.

Le débat s'est arrêté peu après minuit, conformément à la règle pour ce type de textes. Plus de 3.000 amendements pour la plupart destinés à contrer cette proposition de loi avaient été déposés, si bien que les travaux n'ont pas dépassé l'article premier.

Une "ultime liberté" ou une "transgression"?: les députés français ont mené jeudi un débat douloureux et philosophique sur l'ouverture d'un droit à l'euthanasie pour les personnes souffrant d'une pathologie incurable, à l'occasion de l'examen d'une proposition de loi, mais sans parvenir à voter un texte complet faute de temps.

Les Français "sont une immense majorité à être favorables au droit à l'euthanasie", une "ultime liberté" pour "éteindre en paix la lumière de notre existence", a plaidé le député d'opposition Olivier Falorni, auteur de la proposition de loi. Visiblement ému, il a été accueilli par un tonnerre d'applaudissements debout, venant de tous les bancs.

M. Falorni estime qu'ouvrir le droit à une mort médicalement assistée permettrait de sortir de l'"hypocrisie" de laisser les personnes partir en "exil" en Belgique ou en Suisse pour y avoir recours, ou fermer les yeux sur les "2.000 à 4.000" euthanasies clandestines qui seraient pratiquées chaque année en France.

A défaut d'un scrutin final dans le temps imparti, le texte a reçu un large aval lors du vote d'un amendement qui en reprenait des points centraux sur "l'assistance médicalisée à mourir" ou la clause de conscience pour les médecins.

M. Falorni s'est félicité d'un "message fort", même si "l'obstruction ne permet pas d'aller au bout du texte".

Mais de son côté, le ministre français de la Santé Olivier Véran s'est déclaré personnellement "pas convaincu qu'il faille ouvrir aujourd'hui ce débat d'envergure", citant notamment le lourd contexte de la pandémie de Covid-19.

"Le débat mérite d'avoir lieu, ça ne fait aucun doute" mais il a "besoin de temps", sur un sujet aussi "sensible", a estimé M. Véran.

Il a cependant promis une meilleure application de la loi française actuelle, dite Claeys-Leonetti, adoptée en 2016, qui prévoit une sédation profonde et continue pouvant mener à la mort, mais sans euthanasie active.

L'article 1er de la proposition du député Falorni prévoyait que "toute personne capable majeure, en phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable, quelle qu'en soit la cause, provoquant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée ou qu'elle juge insupportable", peut demander une "assistance médicalisée" pour mourir "par une aide active".

En Europe, les pratiques sont très disparates: l'Espagne est devenue en mars le quatrième pays européen à dépénaliser l'euthanasie, après les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. D'autres formes d'aide à la mort existent aussi en Europe, comme l'arrêt des traitements.

D'autres pays comme l'Irlande ou la Pologne y restent, eux, réfractaires.

En France, le sujet divise tous les groupes parlementaires et suscite l'embarras du gouvernement.

Douleurs insoutenables

Le patron des députés du parti présidentiel LREM, Christophe Castaner, a reconnu que son groupe n'avait pas "une position unanime".

Les adversaires de la proposition estiment prématuré d'envisager aller plus loin alors que la loi "Claeys-Leonetti" est toujours mal appliquée. Un cinquième des départements français n'ont toujours pas de centre de soins palliatifs.

D'autres sont radicalement hostiles à la mesure pour des principes philosophiques et religieux.

Plusieurs affaires retentissantes sur ce sujet sensible ont déchiré la France. La plus emblématique est celle de Vincent Lambert, un ancien infirmier en état végétatif irréversible depuis un accident de la route en 2008.

Le quadragénaire est décédé le 11 juillet 2019 à la suite à l'arrêt de ses traitements, après une sédation profonde voulue par des médecins et son épouse, mais à laquelle ses parents s'opposaient devant la justice.

XS
SM
MD
LG