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Bamako reconnaît l'implication de militaires dans les fosses communes au Mali


Tienan Coulibaly, ministre malien de la Défense. (Archives).
Tienan Coulibaly, ministre malien de la Défense. (Archives).

Les autorités maliennes ont reconnu mardi l'implication de militaires dans des "violations graves ayant occasionné morts d'hommes", après la découverte de fosses communes dans le centre du pays, et se sont dites prêtes à "assumer" les conséquences.

Les corps de 25 personnes ont été retrouvés ces derniers jours dans la région de Mopti (centre), une semaine après une série d'arrestations par l'armée malienne.

"La mission de vérification dépêchée sur le terrain confirme l'existence de fosses communes impliquant certains personnels Fama (Forces armées maliennes) dans des violations graves ayant occasionné mort d'hommes à Nantaka et Kobaka, dans la région de Mopti", a indiqué dans la matinée le ministre de la Défense, Tiéna Coulibaly, cité dans un communiqué.

"Le ministre a instruit au procureur militaire d'ouvrir une enquête judiciaire. Il réitère sa détermination et sa ferme volonté de lutter contre l'impunité et engage les Fama au strict respect des conventions des droits de l'homme et du droit international humanitaire dans la conduite des opérations", ajoute le texte.

"Il y a quelques heures, nous avons été alertés et Monsieur le ministre de la Défense a dépêché immédiatement une mission sur le terrain. Les résultats de cette enquête seront examinés avec toutes les conséquences que nous assumerons", a affirmé dans la soirée le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, en recevant à Bamako des membres d'associations de défense des droits de l'homme.

"Nous ne sommes pas en train de rebâtir nos forces armées pour en faire une armée qui serait ignorante du droit humanitaire des conflits. Ce serait un recul fabuleux, qu'à Dieu ne plaise", a-t-il ajouté.

Ces derniers mois, les annonces par l'armée de la "neutralisation de terroristes" dans le centre du pays ont souvent été contestées par les organisations de défense des droits de l'homme et par des habitants, qui dénoncent des exécutions extrajudiciaires.

L'association de défense des droits des populations pastorales Kisal avait affirmé lundi que, la semaine dernière, "lors d'une opération de l'armée malienne dans les localités de Kobaka et Nantaka, 25 personnes issues de la communauté peule avaient été arrêtées".

"Les riverains alertés par les coups de feu ont effectué par la suite un ratissage dans les environs", découvrant "trois fosses communes contenant au total 25 corps", selon Kisal.

Selon un habitant de Nantaka, Hama Kelly, à leur arrivée dans le village des militaires maliens ont commencé par arrêter toute personne qu'ils rencontraient. "Ils ont récupéré leurs téléphones portables et cartes d'identité. C'est après que les Songhaï ont été libérés, mais tous ceux qui sont Peuls sont restés avec eux".

La porte-parole d'une plateforme d'organisations de défense des droits humains, Mariam Diallo Dramé, à la tête de la délégation reçue mardi par le chef de l'Etat malien, a expliqué l'avoir "interpellé" sur "la violence intercommunautaire dans ce qu'on appelle communément le centre du Mali, au cours desquels il y a évidement beaucoup de violations des droits humains".

L'armée malienne est la plus touchée par les attaques djihadistes, en particulier dans la région de Mopti, souligne dans son dernier rapport trimestriel le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

La sécurité des civils continue à se dégrader dans cette région, avec notamment une "augmentation des conflits intercommunautaires", ajoute-t-il, évoquant par ailleurs "la multiplication des allégations faisant état d'exécutions sommaires et d'exactions commises par les membres des forces maliennes".

Avec AFP

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